Connaissez-vous Erik Orsenna de l’Académie française? Je l’ai découvert dernièrement et je dois admettre que j’aime bien cet auteur. J’ai lu en avril dernier Longtemps qui raconte l’histoire d’un amour adultère qui dure toute une vie. M. Orsenna a toujours des phrases magnifiques remplies d’images qui font rêver le lecteur par leur puissance. Voici un très bel extrait tiré de Longtemps qui illustre très bien mon propos :
Notre légende est un bateau. Quand elle sera bien construite, nous prendrons la mer, tous les deux. Nous y emporterons ta loi. D’ailleurs nous ne pouvons faire autrement. Oui, nous allons la faire voyager, ta loi, tu sais, comme ces arbres déjà grands qu’on sait transporter aujourd’hui, avec toutes leurs racines. Elle s’apprivoisera peu à peu, tu verras. Rien ne vaut un bon dépaysement pour calmer les lois, n’aie pas peur, mon Élisabeth, nous allons bien finir par trouver une manière de vivre. (p.229)
ORSENNA. Erik. Longtemps, Paris, roman Fayard, 1998, 462 p.
Superbe citation non? Je ne pouvais m’empêcher de vous la partager. Toutefois, en ce moment, je suis au tout début du roman La grammaire est une chanson douce de M. Orsenna. Ce qui a attiré mon attention en ayant ce livre entre les mains, c’est qu’à l’endos, j’ai lu ceci :
Tout le monde dit et répète «Je t’aime». Il faut faire attention aux mots. Ne pas les répéter à tout bout de champ. Ni les employer à tort et à travers, les uns pour les autres, en racontant des mensonges. Autrement, les mots s’usent. Et parfois, il est trop tard pour les sauver.
En lisant cet extrait la première fois, je me suis dit, qu’encore une fois, cet écrivain allait me permettre de plonger dans un univers axé sur la réflexion … et c’est un peu ça, la beauté de la lecture. Ainsi, ce petit livre s’avère un bijou pour un professeure de français comme moi car le lecteur a accès à des réfexions sur les mots et leur sens comme le présente l’extrait cité plus haut. J’ai découvert également cette belle citation sur les mots. Le personnage de Jeanne, alors que le bateau où elle se trouve coule, se raccroche à un mot comme bouée de secours à la demande son frère Thomas :
J’ai cherché, cherché de l’aide dans mon cerveau désert. Un petit mot m’est apparu, le dernier qui me restait, blotti dans un coin, deux syllabes minuscules, tout aussi terrorisées que moi. «Douceur». Douceur comme le sourire timide de Papa qui se décidait enfin à me parler comme à une grande, douceur comme la caresse de Maman sur mon front pour m’aider à m’endormir, douceur comme la voix de Thomas quand il me racontait dans le noir qu’il aimait une fille de seconde, douceur, doux et soeur, les deux petits sons qui toujours m’avaient redonné confiance et envie de vivre mille ans, ou plus. (p.26-27)
ORSENNA. Erik. La grammaire est une chanson douce. Paris, Stock, 2001, 135 p.
J’ai hâte de vous en dire un peu plus car je n’ai lu que les 30 premières pages, mais je crois, que ce voyage à travers le sens des mots, va m’ouvrir une porte sur mon rapport au langage…. je vous en reparlerai….