Chère lectrice, Cher lecteur,
Alors que le premier tome de la trilogie 1984 d’Éric Plamondon aborde la vie de Johnny Weissmuller dans Hongrie-Hollywood Express, le second, Mayonnaise, évoque la fascination de Gabriel Rivages, le narrateur, pour Richard Brautigan. Rivages part sur les traces de son écrivain fétiche pour explorer son univers afin de mieux le comprendre.
Qui est Richard Brautigan? Richard Brautigan est né en 1935 et il a grandi en Oregon. Il s’établit à San Francisco où il devient un écrivain célèbre. Son roman le plus populaire La pêche à la truite en Amérique est publié à la fin des années soixante. Brautigan est considéré comme étant le «dernier des beatniks».
Dans ce récit, le lecteur est plongé dans l’Amérique de Kerouac, des Beatles, de Janis Joplin, des hippies. En ce sens, le narrateur décrit le bouillonnement culturel dans lequel vivaient les artistes de l’époque. C’est également une période associée à la drogue et à l’alcool.
Pourquoi le récit porte-t-il ce nom? Grâce à Rivages, nous apprenons que le dernier mot de La pêche à la truite en Amérique est mayonnaise. Le narrateur se sert du terme pour créer une métaphore. La vie peut être comparée à une mayonnaise. On la réussit ou pas. Le lecteur est entraîné dans un questionnement existentiel, car il importe de mentionner que Brautigan s’est enlevé la vie en 1984, dans sa demeure de Bolinas, à l’âge de 49 ans en se tirant une balle dans la tête. On peut rater sa vie, mais réussir sa mort. Quelle est la recette du bonheur? D’ailleurs, le livre présente en exergue une citation d’Albert Camus tirée du Mythe de Sisyphe :
Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie.
Par ailleurs, le narrateur rend Brautigan à la fois le sujet de ce récit, mais également l’objet, car il tente de trouver écho à son questionnement sur le suicide de l’écrivain américain à travers ses mots. Il semble agir comme un enquêteur. Dans le chapitre «Mauvais pressentiment», le narrateur fait remarquer :
Deux ans avant de se tirer une balle dans la tête, il entame son dernier roman par ce paragraphe :
Dommage que je n’aie pas pu arrêter la balle dans sa course pour la remettre dans le canon de la .22 long rifle et qu’elle refasse en sens inverse la spirale, réintègre le chargeur et se resolidarise avec la douille, qu’elle se conduise enfin comme si on ne l’avait jamais tirée ni même chargée dans la carabine.
Son livre posthume s’ouvre sur la mort d’une femme et s’interroge sur le suicide d’une autre.
Entre ceux qui disent que le suicide de Richard était inévitable et ceux qui ne comprennent pas, je dis simplement qu’on pouvait s’y attendre. D’un autre côté, ce n’est pas parce qu’il écrit 1984 que George Orwell meurt de la tuberculose. (172-173)
Même le bruit de la machine à écrire s’avère porteur de sens pour expliquer le suicide des écrivains. La pulsion de mort apparaît alors intimement rattachée au son de la machine à écrire et à la profession d’écrivain.
La première Sholes & Glidden Typewriter sort des usines en 1873. On l’appelle aussi la Remington no1. On est passé du chien de fusil à l’alphabet. L’industrie de la machine à écrire est née. Elle porte en elle le souvenir de la gâchette, sa genèse. Quand on appuie sur une touche, on tire une lettre. Ça fait tchac! Il y a là l’écho des détonations passées. Tous ces écrivains qui se sont suicidés, c’est à force de tirer toutes ces lettres comme des balles. Ils sont les victimes d’une lettre perdue. (p. 90-91)
Mais encore, le roman est structuré autour de 113 chapitres présentant un style où alternent la narration, la poésie, l’introspection, etc.
J’ai beaucoup aimé ce récit qui m’a amenée dans l’univers d’un artiste de l’extrême… Je ne connaissais pas ses romans, ni ses poèmes.
C’est la fin de Brautigan en 1984. Par le biais du suicide, ce dernier s’échappe de cette société américaine qui lui apparaît étrangère, autre…
Comme le suggère le narrateur :
Brautigan ne se suicide pas parce que ses romans marchent mois bien, il se suicide parce que ses contemporains ont trahi leurs idéaux. Ils se sont rangés et ont laissé tomber la liberté pour la sécurité. Les hippies ont troqué les chemises à fleurs pour des vestons-cravates. Ou bien ils se sont mis aux médecines douces, aux cristaux, au yoga. Pour faire court, on va dire que Brautigan se suicide parce que Ronald Regan a été élu président des États-Unis. (p. 195)
J’ai été profondément émue par la réflexion sur le suicide présentée tout au long de ce récit. Plamondon écrit très bien et il sait comment se servir des images pour nous amener ailleurs…
Avez-vous déjà lu un roman ou des poèmes de Brautigan?
Bien à vous,
Madame lit
Plamondon, Éric (2012). Mayonnaise, Montréal, Le Quartanier, 200 p.
Et bien, ce second tome semble tout aussi passionnant… Qui plus est, j’aime beaucoup l’Amérique de Kerouac, des Beatles… Sauf que comme toi je ne connaissais pas Richard Brautigan.
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En effet, ces trois tomes nous offrent des portraits de figures américaines assez fascinantes…Contente de t’avoir fait découvrir Brautigan!
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Moi la beat génération je kiffe… Je suis fan de Kerouac, donc je devrais aimé. Merci pour la découverte !
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J’espère que tu pourras le trouver! 🙂
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Il est rare ?
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Je ne crois pas, mais parfois, à l’extérieur du Canada, c’est plus difficile de trouver des ouvrages québécois. Tu m’en redonneras des nouvelles car je suis curieuse. 🙂
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Très intéressante chronique, ce roman me parle beaucoup dans la description que tu en fais. Je vais regarder cela de plus près !
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Merci! J’ai eu de la difficulté à trouver un angle à cette chronique…J’espère que tu seras capable de trouver ce tome. Le style de l’auteur a un petit quelque chose de passionnant.
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Je vais essayer de me le procurer !
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Tu m’en redonneras des nouvelles!
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Sinon, je ne sais pas si c’est l’endroit, mais je voulais te dire que je venais de me procurer : « journal d’un étudiant en histoire de l’art »
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Je suis très heureuse de l’apprendre! En version numérique ou papier?
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Papier, je ne suis pas un adepte des livre num…
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J’étais curieuse car on me dit souvent que les livres québécois sont difficiles à trouver en France…
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À Paris dans le cinquième arrondissement il y a une librairie québécoise. Sinon effectivement ce n’est pas facile et ce livre n’est même pas référencé à la Fnac. Cependant, j’ai reçu ce livre dans le cadre d’un échange contre une critique littéraire… Quand j’ai vu qu’il était proposé, je me suis jeté dessus 🙂
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Merci de l’information concernant la librairie, je pourrai m’en servir. J’espère que tu aimeras le journal de cet étudiant en histoire de l’art!
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Tiens tiens il me tenterai bien, la réflexion semble très intéressante =)
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Merci! C’est vraiment une bonne trilogie!
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La mayonnaise comme métaphore de vie , oui !
La suite me rappelle le magasin des suicides de Jean Teulé « vous avez raté votre vie. Avec nous, vous réussirez votre mort »
Une belle chronique malgré la complexité du sujet !
Gardons espoir…
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Que oui M. B.! Gardons espoir! J’ai eu de la difficulté à trouver un angle à ce billet… Il a fallu que je réfléchisse…Merci!
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Un très beau sujet j’ai aimé!Merci!✌
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Je suis bien contente de l’apprendre et merci pour le commentaire! 🙂
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J’aime beaucoup cette période américaine et Richard Brautigan est un écrivain que j’ai découvert il y a quelques temps, à travers son court roman Un avortement 🙂
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Je suis contente d’apprendre que tu le connais! Tu es la première à le mentionner! Merci!
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C’est un autre écrivain qui en parlait comme son auteur préféré il me semble ! C’est un style particulier, très original 🙂
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Merci pour ton partage d’information! Donc, un auteur à découvrir…
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Bon, je le veux.
Je vais voir du côté de la librairie du 5e.
Question toutefois, peut-on le lire indépendamment du tome 1 qui comme ça m’attire un peu moins?
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Oui, tu peux le lire indépendamment du tome 1. J’ai hâte de connaître tes impressions! 🙂
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Du coup en fouillant un peu, j’ai trouvé la trilogie en occasion. Ma lecture ne sera pas pour tout de suite mais j’ai hâte de découvrir ça !
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Je suis bien contente d’apprendre que tu as trouvé la trilogie! J’espère que tu l’aimeras. Le style de l’auteur est particulier. J’ai débuté le troisième tome! J’ai hâte de vous en parler!!!
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J’étais ravie de la trouver si vite ! Je serai au RDV pour ce billet. Je pense que selon mon rythme de lecture je proposerai probablement une chronique 3 en 1.
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Bonne idée! En plus, les romans sont courts et il y a une chronologie par rapport aux personnes abordées dans chaque tome.
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Dans ce cas c’est parfait !
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Excellent billet qui donne vraiment envie, merci !
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Merci pour votre commentaire! Je l’apprécie!
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Bon, je crois que ce livre à tout pour me plaire. Parce que j’aime beaucoup ce « bouillonnement culturel » dont tu parles. Mais je ne connais pas Brautigan !
Merci pour la découverte Madame.
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Au plaisir! Comme toi, je ne connaissais pas Brautigan… Un écrivain à découvrir…
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Bon, j’étais passée à côté de ton billet, bizarre! Mais ce bouquin me tente énormément, il a l’air d’être un bon moyen pour découvrir Brautigan 🙂 je vais tâcher de me procurer ce livre !
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J’espère que tu aimeras. Cette trilogie est excellente! Bonne lecture!
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merci 🙂 en tous cas je viens de dénicher dans la bibli de ma mère 2 bouquin se Brautigan : « Un privé à Babylone » et « Mémoires sauvés du vent » 🙂
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Excellent! Tu vas pouvoir nous le faire découvrir! 🙂 Son univers semble assez particulier… À suivre donc!
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Oui ça m’a l’air bien particulier, j’ai hâte de le découvrir…
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