Chère lectrice, Cher lecteur,
Pour mon défi littéraire organisé par Le fil rouge, en avril, je devais lire la première parution d’une écrivaine ou d’un écrivain québécois. J’ai choisi le livre de Maryline Fortin car je savais que pour La Fabrica, l’auteure avait été finaliste au Prix littéraire du Gouverneur général du Canada (GG) en 2015.
Ce roman raconte l’histoire de Blaise, vendu par son miséreux père lorsqu’il était enfant à Maître Battisto, qui avait su déceler l’extraordinaire talent du gamin pour le dessin. Maître Battisto recueille Blaise et lui enseigne les rudiments de la peinture à Paris, en pleine Renaissance. Apprenti peintre, Blaise accompagne Battisto, l’aide à honorer ses contrats et apprend à gérer un atelier. À la mort soudaine de Battisto, Blaise se retrouve sans argent et il devient responsable des dettes de son protecteur. Pour se départir d’un engagement de Battisto, il aboutit chez Gaspar de Vallon, anatomiste méchant et ambitieux, qui l’oblige à contribuer gratuitement par le biais du dessin à son traité d’anatomie. Ce dernier veut publier le plus beau des traités anatomiques.
Blaise au cours d’une séance d’anatomie rencontre Marie-Ursule, une prostituée à la beauté frappante. Cette dernière a été trouvée sur la route par Adel alors qu’elle était un bébé.
Entre Blaise et Marie-Ursule (ces deux enfants abandonnés) se tissent des liens d’amitié, puis d’amour.
Les deux protagonistes fuiront Paris pour se libérer de la tyrannie de Vallon et entreprendront un voyage qui les entrainera dans des situations rocambolesques. Le récit se termine en Italie…
J’ai bien aimé cette histoire qui n’est pas très conventionnelle pour un lecteur québécois. D’une part, cette dernière se déroule durant la Renaissance à Paris. D’autre part, elle aborde le roman d’apprentissage historique, un genre plus ou moins exploité dans la littérature québécoise. Le lecteur se retrouve dans les ruelles de Paris où déambulent des prostituées, dans les cimetières à la recherche de cadavres, dans des pensions plus ou moins recommandables, sur les routes peuplées de brigands et de voleurs. De plus, le lecteur est amené à assister à des séances anatomiques très précises. En ce sens, je lève mon chapeau à Maryline Fortin qui a su présenter des scènes bien captivantes où se mélangent la science et l’art.
Il était là pour dessiner, alors il dessina. Il s’astreignit à observer les lignes, les masses, les volumes, les ombres, les lumières, les textures, plutôt que les chairs sanguinolentes, les viscères impudiquement dévoilés, la coupure monstrueuse, les liquides qui gouttaient lentement sur la table, ce corps dans son ensemble, si humain et si mort à la fois, qui hier encore était animé d’une vie propre, d’une existence qui aurait pu mener l’homme devenu charogne à croiser le chemin de Blaise en d’autres circonstances. (p. 99)
J’ai trouvé assez fascinante cette histoire qui m’a permis d’aller à la rencontre de protagonistes malchanceux individuellement (Blaise et Marie-Ursule), mais qui tenteront de s’en sortir ensemble.
Après les cadavres, Blaise pourra peindre sa muse et exploiter sa créativité.
À présent seul sous la galerie du cloître, Blaise promenait son regard autour de lui. Sous les traits délicats de Vénus au-dessus des mers ou de Diane chassant le cerf, elle le contemplait aussi. Elle était partout. Tous les personnages féminins empruntaient la physionomie de Marie-Ursule telle qu’il se la rappelait, c’est-à-dire dans ses moindres détails. Chaque beauté autour de lui avait l’ourlet de sa lèvre, le contour de sa mâchoire, la rondeur de son sein, la courbure de sa cuisse. (p. 543)
De surcroit, il est à noter que le livre est parsemé au début des chapitres des illustrations tirées du traité anatomique de 1543 De Humani Corporis Fabrica de l’Italien André Vésale. Au début, je croyais que Maryline Fortin avait découvert ce traité qui était demeuré inconnu. Je me suis fourvoyée. C’est durant sa maitrise qu’elle a remarqué cet ouvrage dont on ignore qui a fait les gravures se retrouvant à l’intérieur. Dans «La fiction comme réponse», article publié dans le journal Le Droit, Maryline Fortin mentionne à Valérie Lessard, la journaliste :
Dans le cadre de ma maîtrise, j’étudiais la relation entre les artistes et les scientifiques dans la «découverte» de l’anatomie humaine pendant la Renaissance. À cette époque, l’intérieur du corps humain équivalait à un continent inexploré, et les anatomistes étaient aussi assoiffés de découvertes que leurs contemporains explorateurs […]. J’ai été intriguée par les nombreuses mentions soulignant qu’on ne savait pas à qui attribuer les illustrations de l’ouvrage de Vésale, sans pour autant que quiconque ne pousse ses recherches plus loin pour identifier cet artiste.
En ce sens, elle a tenté de trouver une réponse à ce mystère par le biais de son récit.
Je tiens aussi à souligner la beauté de la couverture. C’est tout à fait mon genre… Dans le livre, il est mentionné qu’en couverture est présentée Baigneuse de William-Adolphe Bouguereau, de 1864.
Si vous aimez les romans d’apprentissage ou encore l’époque de la Renaissance, je vous encourage à lire ce récit car vous ne vous ennuierez pas! C’est difficile de s’arrêter lorsque l’histoire est commencée. À cet égard, La Fabrica est un livre réussi qui se lit très bien. Comme première parution, je félicite l’écrivaine.
Aimez-vous les romans d’apprentissage? Lequel est votre préféré?
Bien à vous,
Madame lit
Fortin, M. (2014). La Fabrica. Montréal : Québec Amérique, collection Latitudes, 556 p.
Lessard, V. (2014). La fiction comme réponse. Le Droit. Repéré à http://www.lapresse.ca/le-droit/arts-et-spectacles/livres/201409/27/01-4804211-la-fiction-comme-reponse.php
J’avais déjà vu cette couverture traîner sur le net, et je la trouvais très belle, mais je ne m’étais pas intéressée au récit. Grâce à toi, j’ai très envie de lire ce roman, merci 🙂
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Merci et j’espère que tu aimeras cette lecture! Je lirai ta chronique avec plaisir! 🙂
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Ce ne sera pas pour tout de suite car ma soeur m’a prêté des livres il y a quelques mois, et il est temps que je les finisse pour les lui rendre ^^’
Mais à force mon anniversaire approche, alors je pourrais bien me le faire offrir ; un premier pas vers la lecture !
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Une bien belle idée de cadeau! 🙂 Bonne fête en avance! 🙂
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Merci ^^
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Très belle couverture, bien mieux que les miennes snif snif 🙂
J’adore les romans d’apprentissage… Je peux te citer ces livres là :
– L’éducation sentimentale de Gustave Flaubert
– Price Steve de Tesich
– Le rêve de Torkel de August Strindberg
– L’Attrape-Coeurs de J. D. Salinger
– Le voleur de voitures de Weesner Theodore
– Bel-Ami de Guy de Maupassant
et tant d’autres…
Merci pour cette belle découverte.
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Et bien, tu as une belle liste de romans d’apprentissage! Merci pour ce partage de lectures! 🙂
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🙂
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Voici un roman bien tentant, pour la couverture qui est fort belle mais pas seulement… la Renaissance bien sûr , très tentante cette histoire d’apprentissage du dessin et de la vie .
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Oui, c’est un roman intéressant si on aime le roman d’apprentissage et les aventures!
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Écoute ce que tu en dis me parle et me donne envie… Oui…
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Merci Cat et j’espère que cette lecture te plaira… 🙂 Au plaisir!
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J’ai feuilleté ce livre lors de sa parution, je lis régulièrement Valérie Lessard, et l’histoire de ce roman ne m’avait pas intéressée. De plus, quand je lis « dans le cadre de ma maîtrise », ça me rebute. En revanche, je suis très heureuse que vous m’ayez aiguillée vers le terme « roman d’apprentissage », expression que je ne connaissais pas. Et quand j’ai lu que Jane Eyre en était un… Bref, merci, vos billets m’aident à choisir mes lectures.
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Au plaisir alors. L’important, c’est bien le choix de nos lectures… Si je peux aider à le faire, alors je suis contente. Parfois, un roman est pour nous, parfois, non. Bonne lecture à vous!
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Ce roman est très tentant. J’essaie en ce moment de freiner mes achats livresques, mais je garde ce titre dans un coin de ma tête. Belle découverte et belle chronique, comme d’habitude 🙂
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Merci beaucoup et au plaisir! 🙂
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