Chère lectrice, Cher lecteur,
Je tiens tout d’abord à remercier les Éditions Alto pour ce livre que j’ai reçu et pour leur confiance. Je suis là de Christine Eddie est un livre rempli d’humanisme, de lumière, de tendresse, d’amitié, d’amour, de maternité… Ce récit relate l’histoire d’Angèle, la messagère. Angèle adresse un message aux siens. Elle explique qu’elle a été victime d’un groupe d’infortunes et depuis ce temps, elle demeure prisonnière de son corps. Elle peut à peine parler, elle vit dans un centre de soins, elle se déplace en fauteuil roulant, elle doit être gavée, elle dépend des autres pour survivre. Elle n’a pas 40 ans… Avant que ses neurones manquent d’oxygène et qu’elle bascule dans un coma, elle a eu le temps de donner naissance à des jumelles. Donc, elle a éprouvé la plus grande joie qu’une femme puisse connaître, c’est-à-dire donner la vie. Elle est une mère, elle est une épouse, elle est heureuse… Son accident s’est déroulé à l’hôpital alors qu’elle se rendait au chevet de ses bébés pour leur souhaiter bonne nuit. Son drame apparaît terrible, épouvantable, tragique.
Enfermée dans son corps, elle parle à un ami imaginaire Népenthès qui l’aide à s’enfuir dans un ailleurs meilleur. Angèle aborde ses nouvelles amitiés au centre, elle parle de ses parents, de son mari qui pleure à son chevet, de ses puces qui grandissent…
Dans la dernière partie du livre, j’ai appris que cette histoire est basée sur un fait. Angèle Clavet vit en Acadie et son drame est connu des gens de sa région. C’est à la demande de la mère d’Angèle que Christine Eddie a écrit son récit. Elle a romancé l’histoire mais elle a voulu rendre un hommage à une battante par le biais d’une lettre qu’Angèle aurait pu rédiger à ses jumelles.
J’ai beaucoup aimé l’écriture de Christine Eddie. Je ne connaissais pas cette écrivaine même si c’est son troisième bouquin et qu’elle a remporté le prix Senghor pour son premier roman Carnets de Douglas et le prix France-Québec. Sa plume est poétique, ses réflexions sur la vie font réfléchir le lecteur et elle offre quelque part une ode à la vie… Cette vie qu’il importe d’apprécier parce que le corps le permet, celle qui bouillonne autour de soi…
Trente-cinq ans, c’est jeune pour arrêter de marcher, de nager, de pédaler, de ramer, de patiner, de filer sur une planche à neige, de slalomer sur les pentes et de rentrer, les joues rouges d’une excursion en raquettes. À partir du moment où j’ai emménagé dans mon fauteuil, tout le monde est tombé sur les genoux dans un fossé, les mains jointes. Quelque fois, je demande à Népenthès de s’occuper aussi des autres. (p. 39)
Et c’est aussi le rêve d’une maman qui demeure immobile. Son rêve s’avère simple, celui de pouvoir partager le quotidien de ses deux fillettes…
Au fond, je n’ai qu’une envie. Courir avec elles dans un champ de myosotis, leur en cueillir d’énormes bouquets et rentrer ensemble les bras chargés de fleurs. En espérant que quelqu’un songe à leur apprendre que myosotis, en anglais, se dit forget-me-not. (p. 78)
J’ai beaucoup été touchée par cette histoire en sachant qu’elle est à moitié vraie. Je me dis que la vie est belle et qu’il faut en profiter car tout peut basculer en une fraction de seconde… Comme l’écrivaine le mentionne dans son dernier paragraphe :
Mais je tiens tout particulièrement à exprimer ma gratitude et mon admiration à Angèle Clavet, dont le silence intarissable et le sourire contagieux m’ont appris sur la résilience et le courage. (p. 142)
Mais encore, j’ai apprécié durant ma lecture que l’écrivaine établisse un lien entre Angèle et Anne Hébert. Comme vous le savez, Anne Hébert demeure une de mes écrivaines préférées. En ce sens, j’étais enchantée de retrouver des références à cette dernière. Christine Eddie a peut-être voulu faire ressortir cette idée d’enfermement, de solitude, de force de caractère entre les deux… Angèle Clavet et Anne Hébert possèdent la même date de fête, le premier août, et elles ont appris à vivre avec la solitude, à se servir de leur imagination pour inventer un univers…
Donc, chère lectrice, cher lecteur, je ne peux que vous encourager à plonger dans ce récit pour vivre l’espace de quelques pages, à l’intérieur d’une femme forte, aimante, belle, drôle et courageuse… et aussi pour découvrir la plume poétique de Christine Eddie et son humanisme.
Aimez-vous les romans basés sur des histoires tributaires de la réalité?
Bien à vous,
Madame lit
Eddie, C. (2016). Je suis là. Montréal : Alto.
Ce roman a l’air superbe. Merci pour cette découverte.
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Au plaisir! Une bien belle histoire…
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Un livre vendu avec un paquet de kleenex, je suppose ! L’histoire parait touchante.
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Non pas du tout! L’histoire est abordée avec joie et résilience…
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Merci pour la présentation de ce livre poignant… Pas facile de vivre en fauteuil…
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J’imagine que non…Cette histoire est très marquante…
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Oui, c’est poignant. Et les extraits choisis sont beaux : « À partir du moment où j’ai emménagé dans mon fauteuil, tout le monde est tombé sur les genoux dans un fossé, les mains jointes ». Je viens de visiter le site de l’éditeur, j’aime beaucoup sa démarche, je ne le connaissais pas. Quant à Anne Hébert, je n’ai pas lu ses livres : y en a-t-il un en particulier que tu me conseillerais ? Merci
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Je te conseillerais Kamouraska puis Les fous de Bassan. Voici deux liens sur des articles que j’ai rédigés : https://madamelit.wordpress.com/2015/07/20/madame-lit-quelque-chose-de-special/ et https://madamelit.wordpress.com/2015/10/21/madame-lit-un-billet-portant-sur-le-fantastique-dans-deux-romans-danne-hebert/ Merci!
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Je crois bien que je n’aime que les romans « tributaires de la réalité ».
Comme des biographies, des tanches de vie.
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Je vous comprends… Je les aime aussi…
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Une histoire qui semble tout de même pleine de vie …
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C’est tout à fait cela!
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Belle histoire et triste en même temps l’écrivaine est bonne!
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L’écrivaine a fait un travail remarquable et elle a su rendre un bel hommage à cette battante… Un roman dont il est difficile de se détacher… Merci!
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