Chère lectrice, Cher lecteur,
Loin de la foule déchaînée de Thomas Hardy, classique de la littérature britannique publié en 1874, raconte l’histoire de Bathsheba Everdene, jeune femme indépendante d’une grande beauté et de Gabriel Oak, un fermier, éleveur de moutons dans l’Angleterre rurale. Bathsheba hérite au début du récit de la ferme de son oncle et elle décide de s’occuper de la gestion de sa propriété en n’embauchant pas d’intendant. Gabriel, ayant perdu son bien et son troupeau de moutons en raison d’un chien mal dressé, se retrouve par hasard à venir en aide à son ancienne soupirante lorsqu’un incendie se déclenche. Après le fâcheux événement, Bathsheba offre un emploi de berger à cet ancien amoureux qui, au fil du temps, lui devient indispensable. Deux autres soupirants, un fermier et un sergent, courtiseront la belle fermière et tenteront de lui ravir son cœur et de l’épouser. Qui la jeune dame choisira-t-elle comme époux? Écoutera-t-elle son cœur ou sa raison?
Ce roman affiche des forces et des faiblesses. D’une part, les aspects positifs de ce roman sont certainement les valeurs associées à chaque personnage. Hardy a réussi à créer des figures discursives très typées et tout au long de l’histoire, le lecteur est amené à apprécier leurs qualités ou à détester leurs défauts. Par exemple, Hardy permet à l’instance lectrice de constater le changement de perception de Bathsheba par rapport à l’amour. Le narrateur mentionne au début :
L’action avait été commise étourdiment, sans aucune réflexion. Bathsheba considérait l’amour comme un jeu; mais elle ne se faisait aucune idée de l’amour vrai, de celui qui subjugue. (p. 111)
En ce sens, l’héroïne apparaît comme une jeune femme irréfléchie, sans jugement en ce qui a trait à l’amour. Toutefois, à la fin, elle change complètement d’attitude en ce qui concerne le sentiment amoureux… Elle semble plus posée, capable de réfléchir…
Elle aurait donné tout au monde pour être comme ces enfants, qui ne comprenaient pas les paroles qu’ils chantaient, parce que leurs cœurs étaient trop innocents pour en sentir la consolante signification. Toutes les scènes de passion humaine, qu’avaient connues sa jeune expérience, se dressèrent devant elle, plus poignantes, peut-être plus émouvantes qu’au moment où elles avaient eu lieu. Cependant, la jeune veuve trouvait une âpre jouissance dans sa douleur, à la place de l’aiguillon d’autrefois. (p. 453)
À cet égard, le lecteur peut être témoin de ce retournement de perception chez la jeune héroïne et il est amené à ressentir beaucoup de sympathie pour cette dernière et à lui pardonner ses erreurs…
Le personnage de Gabriel Oak m’apparaît comme une belle figure discursive. Il est solide et fidèle à l’image des chiens de berger de moutons. Ses sentiments à l’égard de l’être aimé demeurent intacts durant toute l’histoire.
L’autre aspect positif de ce roman est sans aucun doute la façon dont Hardy décrit la nature et la vie dans une ferme. Ainsi, le lecteur retrouve au fil des pages de splendides descriptions de l’Angleterre rurale ou encore des éléments tributaires de dame nature. Par exemple, Hardy dresse un portrait grandiose d’un orage pour le plus grand plaisir du lecteur car ce dernier peut se représenter en détail ce qui se passe autour des personnages.
Le ciel sembla s’ouvrir. L’éclair était presque trop subit pour que les deux jeunes gens se rendissent compte du danger; ils ne pouvaient qu’admirer la magnificence de cette scène. L’horizon s’embrasait à l’est, à l’ouest, au nord, au sud. C’était une véritable danse macabre. La forme des squelettes se trouvait dessinée par des flammes bleues qui dansaient, sautaient, bondissaient, couraient ça et là dans une confusion inexprimable. Puis, ailleurs, ondulaient en s’enlaçant, des serpents de feu verdâtres, et, derrière le tout, on voyait un ensemble de lumière moins vive. De partout on entendait dans le ciel bouleversé, une sorte de clameur, si l’on peut s’exprimer ainsi au sujet d’un bruit qui n’avait rien de terrestre. (p. 281)
J’ai beaucoup apprécié toutes les descriptions des paysages, de la vie dans une ferme, de l’élevage des moutons, etc. Par ailleurs, ce qui me semble être un élément négatif, c’est la façon dont le narrateur juge les femmes… J’ai eu de la difficulté avec certains de ses propos et c’est ce que je n’ai pas apprécié… Voici deux exemples parmi tant d’autres… :
Comme chez beaucoup de femmes, les sentiments de Bathsheba dépendaient en grande partie de ses nerfs. (p. 452)
Il est des occasions où des jeunes filles telles que Bathsheba sont toutes disposées à pardonner une conduite qui n’est pas irréprochablement correcte. Cela arrive quand elles recherchent les compliments, chose fréquente, ou quand elles ont besoin d’être dominées, ce qui est plus rare. (p. 185)
Jane Austen a recours à l’ironie avec les traits de ses personnages tandis que chez Hardy, j’ai plutôt perçu ses commentaires comme étant des jugements sur les femmes…
Donc, je suis contente d’avoir lu ce roman…, mais je ne peux pas dire que je vais le relire, contrairement à Jane Austen qui m’amuse avec ses personnages qui ont des problèmes avec leurs nerfs comme dans Orgueil et Préjugés :
Mme Bennet elle-même avait une nature moins compliquée : d’intelligence médiocre, peu cultivée et de caractère inégal, chaque fois qu’elle était de mauvaise humeur elle s’imaginait éprouver des malaises nerveux. Son grand souci dans l’existence était de marier ses filles et sa distraction la plus chère, les visites et les potins. (p. 192)
De surcroit, un film a été réalisé en 2015 basé sur Loin de la foule déchaînée. Je vous présente la bande annonce pour vous donner un petit peu le goût de plonger dans cet univers.
Par ailleurs, je tiens à remercier M. Robert Benoit d’avoir lu le roman en même temps que moi et de m’avoir partagé ses impressions.
Avez-vous déjà lu des romans de Thomas Hardy? Aimez-vous son style?
Bien à vous,
Madame lit
Austen, J. (2014). L’œuvre romanesque ; L’intégrale illustrée; Orgueil et Préjugés, traduit de l’anglais par Valentin Leconte et Charlotte Pressoir. Montréal: Caractère.
FilmsIsNow Movies Trailers Europe. (2015, 16 avril). Loin de La foule déchainée-bande annonce finale officielle VF (2015) HD. Récupéré de https://www.youtube.com/watch?v=s_sR5H6R3Oo
Hardy, T. (2015). Loin de la foule déchaînée, traduit de l’anglais par Mathilde Zeys. Paris : Éditions Archipode.
J’avais adoré ce roman tout comme son adaptation.
J’ai lu également Tess d’Urberville qui est beaucoup plus dramatique mais très beau aussi. 🙂
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Merci beaucoup pour la recommandation pour Tess d’Uberville! Je vais probablement me laisser tenter! 🙂
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C’est un auteur que j’aimerai découvrir ! =)
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Je voulais aussi le découvrir! Des points positifs et des négatifs… Mais, je suis contente d’avoir lu ce classique :).
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Je n’ai pas lu cet auteur (un de plus !…) mais un titre m’attirait « Jude l’obscur » ; l’as-tu lu ?
Effectivement, les considérations du narrateur sur les femmes sont – comment dire – très datées !!
Merci en tout cas pour ton billet sur ce classique de la littérature.
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Non, je n’ai pas lu Jude l’obscur. C’était le premier livre de Thomas Hardy que je lisais. Avec Bathsheba, l’auteur présente une héroïne indépendante, mais ce sont les remarques ici et là qui sont agaçantes…
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J’ai déjà vu le film et j’avais aimé! Le roman semble bien! Merci!
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Je suis bien contente de l’apprendre! Au plaisir! 🙂
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Bonjour,
Je ne suis pas tombé amoureux de l’héroïne comme je le suis tombé de Jane Eyre mais j’ai bien aimé tout de même.
Il y a aussi une adaptation en roman graphique : Tamara Drewe, bien faite, d’où
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… a également été tiré un film, qui est agréable.
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Je vous remercie pour ces informations. J’ai préféré aussi Jane Eyre pour de nombreuses raisons… Au plaisir!
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Un classique que je n’ai pas encore lu.
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À peut-être lire donc… Merci!
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A l’occasion oui !
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