Chère lectrice, Cher lecteur,
Entrer dans La vie devant soi de Romain Gary (Émile Ajar), c’est pénétrer dans un univers empreint d’humanisme… C’est aller à la rencontre de Momo, un jeune arabe élevé par Madame Rosa, une vieille juive, incapable de gravir les six étages pour se rendre à leur appartement car elle est malade. Madame Rosa s’occupe des enfants de prostituées depuis des années et elle s’accroche à la vie car c’est tout ce qu’il lui reste. Elle n’a jamais abandonné Momo aux bons soins de l’Assistance publique même si elle ne reçoit pas un sou en guise de pension et Momo ne la laissera pas devenir un légume à l’hôpital car elle s’absente de plus en plus et ses instants de lucidité sont comptés. C’est leur histoire d’amour qui est racontée… Un amour entre deux êtres que tout a réuni car c’est un peu ça la vie… Deux êtres qui prennent soins l’un de l’autre bon gré mal gré…Autour de Momo et de Madame Rosa, il y a M. Hamil, un ancien vendeur de tapis de 85 ans qui est toujours accompagné de son bouquin de Victor Hugo, Madame Lola la travestie, le docteur Katz et M. Walouba, les frères Zaoum et bien d’autres encore… Ce sont autant d’êtres hétéroclites gravitant autour du duo Momo et Madame Rosa qui animent les pages de ce récit…
Ce roman s’avère de toute beauté… Bien sûr la mort est omniprésente. Elle s’infiltre un peu partout… Que ce soit par le biais de références à des drames historiques comme la déportation des Juifs ou encore à travers la maladie, le meurtre, la décrépitude du corps, la Grande faucheuse marque la vie de ces êtres qui cherchent toutefois à être heureux avant de partir…
J’étais tellement heureux que je voulais mourir parce que le bonheur il faut le saisir pendant qu’il est là. (p. 96)
L’auteur nous prend aux tripes avec le petit Momo qui a tantôt 10 ans et puis 14 ans. J’ai ri, j’ai pleuré, j’ai souri, j’ai réfléchi avec lui… Ce Momo en connaît déjà beaucoup sur la vie et son sens pour son jeune âge et bien des personnes n’ont pas sa perception, sa gravité, son intelligence et sa capacité à aider et à aimer son prochain…
Monsieur Hamil dit que l’humanité n’est qu’une virgule dans le grand Livre de la vie et quand un vieil homme dit une connerie pareille, je ne vois pas ce que je peux y ajouter. L’humanité n’est pas une virgule parce que quand Madame Rosa me regarde avec ses yeux juifs, elle n’est pas une virgule, c’est même plutôt le grand Livre de la vie tout entier, et je veux pas le voir. J’ai été deux fois à la mosquée pour Madame Rosa et ça n’a rien changé parce que ce n’est pas valable pour les Juifs. (p. 102)
La force de ce roman repose entre autres sur le lien entre Momo et Madame Rosa. Au-delà de la maladie, de la mort, de la faim, de l’argent, il y a la solidarité unissant les êtres habitant l’immeuble. Si la mort est inévitable, si la maladie éclate au fil des pages, il y a cependant le regard de cet enfant qui s’ouvre à la vie et celui d’une vieille femme qui doit le voiler pour rejoindre l’éternité à travers les larmes de l’un, puis de l’autre. Comme le mentionne le docteur Katz :
Il ne faut pas pleurer, mon petit, c’est naturel que les vieux meurent. Tu as toute la vie devant toi. (p. 133)
La vie devant soi de Romain Gary est un magnifique roman qu’il faut lire ou relire pour s’abreuver à la beauté des mots, à la joie de vivre de Momo, à sa sincérité et à son humanisme… Je vous laisse avec ce sublime extrait :
Je me suis assis sur le tabouret à ses pieds et je lui ai pris la main avec gratitude, après ce qu’elle avait fait pour me garder. On était tout ce qu’on avait au monde et c’était toujours ça de sauvé. Moi je pense que lorsqu’on vit avec quelqu’un de très moche, on finit par l’aimer aussi parce qu’il est moche. (p. 202)
Avez-vous déjà lu ce bouquin ayant remporté le Prix Goncourt en 1975?
Bien à vous,
Madame lit
Gary, R. (2013). La vie devant soi. Paris : Mercure de France, coll. Folio.
Cet article contient des liens d’affiliation grâce à un partenariat avec la coopérative des Librairies indépendantes du Québec. Vous pouvez commander des livres directement par le biais du site Web des Libraires grâce à un lien sécurisé.
Oui!!!Voilà le billet que j’attendais. Il est superbe, émouvant, merci…tu as effectivement trouvé les mots pour me convaincre, je vais le lire ce roman, c’est certain !
J’aimeAimé par 1 personne
Tu vas l’adorer…Un livre qui va rester en moi longtemps…
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai toujours eu très envie de le lire =)
J’aimeAimé par 1 personne
Une histoire inoubliable, intemporelle… À lire, à relire, à aimer… Tu vas l’adorer!
J’aimeAimé par 1 personne
Je ne l’ai pas encore lu, mais j’en ai très envie. J’en ai vu une très belle adaptation au théâtre il y a quelques années. Les auteurs étaient impressionnants de justesse!
J’aimeAimé par 1 personne
Chanceuse! Je n’ai pas eu la chance de voir ce roman adapté au théâtre. Mais le livre est vraiment touchant et magnifique! Merci!
J’aimeAimé par 1 personne
Beau livre très intéressant à lire! Une bien belle histoire émouvante!
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, c’est cela… Une histoire émouvante entre des rires et des larmes!
J’aimeJ’aime
Un magnifique billet pour une lecture qui l’est tout autant !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci! Oui, une lecture dont on ne peut que louer la beauté!
J’aimeAimé par 1 personne
C’est le tout premier Romain Gary (enfin, Émile Ajar…) que j’ai lu, et je pense qu’il restera toujours mon préféré. Une très belle et très émouvante chronique pour un très beau et très émouvant roman. Je suis très contente d’en entendre parler ici, ça me donne très envie de le relire ! Merci !
J’aimeAimé par 1 personne
Je suis bien heureuse de savoir que ma chronique est émouvante! Au plaisir et oui, un merveilleux roman! Du bonheur à l’état pur!
J’aimeAimé par 1 personne
Une de mes plus belles lectures ❤
J’aimeAimé par 1 personne
Je te comprends tellement…
J’aimeAimé par 1 personne
Ta chronique est vraiment très belle et les extraits que tu as choisis sont magnifiques !
C’est un roman que je n’ai jamais lu (et je m’en veux, surtout après une telle chronique ! ), j’espère que j’aurais vite l’occasion de le découvrir 🙂
J’aimeJ’aime
Je crois que je vais tout lire de cet auteur… Il a une plume qui vient me chercher et une telle sensibilité… J’adore. J’espère que tu pourras lire ce merveilleux récit prochainement. Il ne faut pas hésiter à me partager tes impressions! Au plaisir et merci!
J’aimeJ’aime
Un des plus beaux romans que j’ai lu. Un des des plus puissants, des plus émouvants. Emile Ajar ou Romain Gary, j’ai presque tout lu, et presque tout trouvé sublime. Ne pas oublier de lire et relire aussi L’angoisse du roi Salomon (Emile Ajar) et Les racines du ciel (Romain Gary.) Comme j’aurais aimé rencontrer cet écrivain !
J’aimeAimé par 1 personne
Je vais certainement lire les titres que vous avez mentionnes. Quelle plume que celle de cet écrivain! J’ai adoré aussi « Clair de femme. »Voici le lien de mon billet : https://madamelit.me/2016/03/04/madame-lit-clair-de-femme-de-romain-gary/ Un grand moment de lecture et de cinéma…J’aurais aimé le rencontrer également!
J’aimeAimé par 1 personne
Et voilà !Il a fallu que j’ai des ennuis -non résolus- aujourd’hui avec WordPress pour découvrir votre réponse sur un endroit de la plate-forme où je ne vais jamais ! Mille excuses pour ce gros retard de réponse. Oui, « Clair de femme » c’est beau. Je m’en vais lire votre billet tout de suite. Romain Gary était profondément humain et sensible, je suppose que c’était le secret de sa plume. Quel type grandiose il était !
J’aimeAimé par 1 personne