Chère lectrice, Cher lecteur,
Pour respecter mon défi littéraire organisé par le fil rouge, en septembre, je devais plonger dans une pièce de théâtre québécoise. J’avais déjà lu La cage d’Anne Hébert il y a plusieurs années. Je m’en rappelais vaguement. Alors, j’ai décidé de la relire pour vous la présenter. Ainsi, je le ferai en abordant, en autres, la Corriveau, personnage central et ce que raconte la pièce de théâtre.
La Corriveau
La Corriveau, dont le vrai nom est Marie-Josephte Corriveau, est une femme qui a marqué l’imaginaire collectif québécois en fonction du sort atroce qu’elle a connu. Accusée d’avoir tué son deuxième mari par la Cour britannique en 1763, elle a été pendue et son corps a été exposé à Pointe-Lévy, dans une cage de fer durant plusieurs semaines, sous les ordres des soldats britanniques, jusqu’à la pourriture. Dans L’histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles, il est stipulé :
En 1763, Marie-Josephte Corriveau qui, selon son propre témoignage, refuse de continuer à se faire battre par son mari est condamnée à mort pour le meurtre de celui-ci et pendue. Au début du XIX e siècle, le romancier Philippe Aubert de Gaspé fait d’elle un spectre horrible qui hante les voyageurs nocturnes. Les folkloristes et historiens des XIXe et XXe siècles amplifieront la légende de la Corriveau, la rendant plus horrifiante à chaque nouvelle version.
Les femmes qui tuent leurs maris ou leurs enfants remettent en question l’autorité masculine. Deux des seules explications acceptées par les hommes pour justifier cette révolte subversive menaçant les fondements de leur autorité sont celles de la sorcière, la mauvaise femme qui connaît les secrets du diable, et de la folie. La rébellion féminine est ainsi niée et nommée de telle manière que les hommes ne se sentent plus menacés. (p. 128-129)
La Corriveau devient une légende comme nulle autre. Encore aujourd’hui, son histoire fait couler de l’encre. En guise d’exemple, le groupe Mes Aïeux lui a consacré une chanson nommée «La corrida de la Corriveau» sur son album Entre les branches paru en 2001.
De surcroît, La Fabrique culturelle a réalisé un bien intéressant documentaire en 2015 sur la vie de la Corriveau intitulé La cage de La Corriveau | Retour à la lumière. N’hésitez pas à le visionner pour en apprendre davantage sur cette dame et vous pourrez également voir la cage, objet macabre, dans laquelle son corps a été exhibé …
La cage d’Anne Hébert
Anne Hébert est fortement inspirée par les faits divers québécois. Nous n’avons qu’à penser à son célèbre roman Kamouraska basé sur l’assassinat du seigneur de Kamouraska. Ce dernier est tué par l’amant de sa femme. D’ailleurs, l’épouse sera jugée également par la Cour britannique pour le meurtre de son mari. La cage fait référence à l’histoire de la Corriveau. Toutefois, dans cette pièce, la Corriveau n’est pas pendue. C’est plutôt le juge qui meurt… Ainsi, Anne Hébert offre un renversement des valeurs. En ce sens, sa pièce célèbre la libération de la femme de l’oppression masculine en offrant au lecteur un style faisant appel aux caractéristiques des contes de fées (personnages de fée) ou encore au drame. Dans cette pièce, la Corriveau porte le nom de Ludivine et l’épouse du juge John Cresbessa s’appelle Rosalinde. C’est leur histoire qui est racontée. Une histoire où la femme est victime du bon vouloir de l’homme, enfermée dans une cage dorée ou de fer…
Comme le mentionne John Cresbessa à propos de la maison qu’il souhaite pour sa nouvelle épouse :
Allez! Camouflez-moi tout ceci ! Dissimulez bien le fer et les barreaux. Que surgisse sous vos mains, habiles en déguisement, un joli manoir de pierres roses, avec fenêtres et portes fermées et marteau de cuivre sur la porte. Que seule la clef de fer demeure intacte, reconnaissable entre toutes, dans ma main. (p. 37)
La pièce est structurée comme ceci :
- Prologue : Fées blanches et fées noires font des dons à Rosalinde et Ludivine en Angleterre
- Acte 1 : Ludivine et Rosalinde dans leur rôle d’épouse en Nouvelle-France – Ludivine recueille des gens abandonnés chez elle ; elle est un exemple de bonté- Rosalinde vit dans son manoir doré en donnant naissance à des enfants ; elle est une femme soumise, prisonnière du désir de son époux
- Acte II : Ludivine tue son mari
- Acte III : Procès de Ludivine
Il y aussi une histoire d’amour entre Ludivine et Hyacinthe, un peintre. D’ailleurs, l’amour triomphe dans cette pièce.
Hyacinthe dira à celle qu’il aime :
Mais tu es là devant moi, Ludivine, comme une clarté, une étoile tremblante, reflétée dans l’eau qui palpite et se déchire au gré des vagues. (p. 84)
Donc, voici un petit aperçu de cette pièce qui aborde d’une certaine façon l’histoire de La Corriveau.
Aviez-vous déjà entendu parler de La Corriveau?
Connaissiez-vous cette pièce de théâtre ?
Bien à vous,
Madame lit
Geekdan_97.(2012, 21 février). Mes Aïeux –la corrida de la corriveau (version studio) [Vidéo en ligne]. Récupéré de https://www.youtube.com/watch?v=zdOldNz4uBY
Hébert, A. (1990). La cage suivi de l’île de la Demoiselle. Montréal : Boréal.
La Fabrique culturelle (2015, 9 novembre). La cage de La Corriveau | Retour à la lumière [Vidéo en ligne]. Récupéré de https://www.youtube.com/watch?v=vswA6WJYhHQ
Le Collectif Clio (1992). L’Histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles. Louiseville : Éditions du club Québec Loisirs inc.
Non, je ne connaissais pas… J’aime bien lire des pièces, alors je note ce titre… J’ai maintenant une liste de livres à lire spécial Madame lit 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
De mon côté, j’ai débuté Sarn hier et j’ai le film « The Best offer » entre les mains. On s’influence! 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
🙂
J’aimeAimé par 1 personne
J’aime beaucoup l’idée de renverser la légende pour en faire autre chose =)
J’aimeAimé par 1 personne
Moi-aussi… Car la réalité est bien triste.
J’aimeAimé par 1 personne
Je ne connaissais pas cette histoire tragique de La Corriveau. Elle fait frémir. Je vais explorer les liens que tu nous as partagés, merci ! Anne Hébert doit lui rendre un bel hommage, vibrant, à cette femme.
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, tu as bien raison. C’est une façon de lui rendre hommage par le biais de cette pièce et on peut percevoir également sa vie dans certains poèmes d’Anne Hébert. Merci!
J’aimeAimé par 1 personne
Je n’aime pas lire des pièces de théâtre, pour moi, c’est comme lire un scénario de film : il manque l’essentiel. Je suis plutôt partisane du théâtre dans un théâtre et non dans un fauteuil 🙂 Néanmoins, découvrir le personnage de La Corriveau est fort intéressant, fascinant même. Merci encore pour cette découverte et de partager les différentes facettes de la culture québécoise.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci à toi de t’intéresser à mes lectures aux couleurs d’ici. Oui, l’histoire de la Corriveau est bien fascinante. Elle est universelle quant au drame qui lui est arrivé en raison de l’oppression masculine.
J’aimeAimé par 1 personne
Je me souviens vaguement d’avoir lu un livre sur son histoire, mais lequel?! Je n’ai pas senti le besoin d’aller voir « la cage » lors de ma visite au Musée des civilisations a Québec. Et quant à lire du théâtre, je suis comme plusieurs: je préfère le théâtre au théâtre.
Et il m’arrive souvent encore de confondre avec l’affaire Cordélia Viau. La consonance du nom sans doute.
Merci de m’avoir rafraîchi la mémoire.
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, une petite plongée dans notre histoire! Merci à vous!
J’aimeJ’aime
Lire du théâtre est toujours une expérience particulière… Ma dernière expérience remonte à Camus.
J’aimeAimé par 1 personne
Lire du Camus, peu importe le genre, c’est toujours une expérience!
J’aimeAimé par 1 personne
Et tou ca en musique avec La corrida de la Corriveau… super
J’aimeAimé par 1 personne
Merci! C’est gentil! 🙂
J’aimeJ’aime
Intéressant de voir comment cette femme a pu marquer tant de gens au Québec, alors que peu de gens savent qui était cette femme. Vous nous la faites connaître!
J’aimeAimé par 1 personne
Je suis contente de vous la faire connaitre à travers la pièce d’Anne Hébert! Au plaisir et merci pour votre commentaire que j’apprécie!
J’aimeJ’aime