Pas facile de formuler ce que tu as changé pour moi.
Si je suis en vie maintenant, j’étais morte alors
Chère lectrice, Cher lecteur,
Avant la journée d’Halloween, j’ai pensé à partager ce magnifique poème de Sylvia Plath… Pourquoi ? Pour moi, cette poétesse parle comme personne de la vie, de l’amour, de la mort… Elle puise dans l’essence même de ses émotions pour aller chercher des images relevant de l’indicible, de l’innommable, du maudit… Elle emporte son lecteur dans un tourbillon où le sacré valse avec le profane au nom de l’amour…
Lettre d’amour
Pas facile de formuler ce que tu as changé pour moi.
Si je suis en vie maintenant, j’étais morte alors,
Bien que, comme une pierre, sans que cela ne m’inquiète,
Et je restai là sans bouger selon mon habitude.
Tu ne m’as pas simplement un peu poussée du pied, non —
Ni même laissé régler mon petit œil nu
À nouveau vers le ciel, sans espoir, évidemment,
De pouvoir appréhender le bleu, ou les étoiles.Ce n’était pas ça. Je dormais, disons : un serpent
Masqué parmi les roches noires telle une roche noire
Se trouvant au milieu du hiatus blanc de l’hiver —
Tout comme mes voisines, ne prenant aucun plaisir
À ce million de joues parfaitement ciselées
Qui se posaient à tout moment afin d’attendrir
Ma joue de basalte. Et elles se transformaient en larmes,
Anges versant des pleurs sur des natures sans relief,
mais je n’étais pas convaincue. Ces larmes gelaient.Chaque tête morte avait une vision de glace
Et je continuais de dormir, repliée sur moi-même.
La première chose que j’ai vue n’était que l’air
Et ces gouttes prisonnières qui montaient en rosée,
Limpides comme des esprits. Il y avait alentour
Beaucoup de pierres compactes et sans aucune expression.
Je ne savais pas du tout quoi penser de cela.
Je brillais, recouverte d’écailles de mica,
Me déroulais pour me verser tel un fluide
Parmi les pattes d’oiseaux et les tiges des plantes.
Je ne m’y suis pas trompée. Je t’ai reconnu aussitôt.L’arbre et la pierre scintillaient, ils n’avaient plus d’ombres.
Je me suis déployée étincelante comme du verre.
J’ai commencé de bourgeonner tel un rameau de mars :
Un bras et puis une jambe, un bras et encore une jambe.
De la pierre au nuage, ainsi je me suis élevée.
Maintenant je ressemble à une sorte de dieu
Je flotte à travers l’air, mon âme pour vêtement,
Aussi pure qu’un pain de glace. C’est un don.
Comment trouvez-vous ce poème d’amour?
Bien à vous,
Madame lit
J’aime beaucoup Sylvia Plath et ce poème…
J’aimeAimé par 1 personne
Moi aussi…
J’aimeAimé par 1 personne
Magnifique, à lire à voix haute
Merci chère Madame ;o)
J’aimeAimé par 1 personne
Je suis bien heureuse de l’apprendre… Au plaisir!
J’aimeJ’aime
Joli poème… L’amour comme éveil à la vie…
J’aimeAimé par 1 personne
J’adore…
J’aimeJ’aime
c’est joli, en effet… une sorte de re-naissance. Ce « tu » qui change l’autre, ou qui le révèle; c’est bien là l’illusion de l’amour.
« Ce qu’on n’a pas, ce qu’on n’est pas, ce dont on manque, voilà les objets du désir et de l’amour ».
Joël de Marino
J’aimeAimé par 1 personne
Je partage entièrement le point de vue exprimé dans votre commentaire sur cette illusion de l’amour… Merci!
J’aimeAimé par 1 personne