Le savoir s’est perdu, l’amour du travail, celui des livres-peut-être à rebours : d’abord, on avait cessé d’aimer les livres, puis le travail n’avait plus intéressé personne, et le savoir avait disparu. Les copistes rendaient les ouvrages rapidement, à traits grossiers, comme on exécute une tâche sans joie. Les livres avaient cessé d’être un trésor. (p. 30)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Au péril de la mer, c’est avant tout l’histoire du Mont-Saint-Michel connu comme étant la Cité des livres. Un peintre de l’an 14**, Éloi, dévasté par la mort de sa bien-aimée y échoue. Dans ce lieu, il apprend à survivre grâce à un moine et il devient copiste en raison de ses talents artistiques alors qu’il est analphabète.
En parallèle, la narratrice, maman de notre époque, est divisée entre son désir de revenir à l’écriture car elle est passionnée par les mots et son rôle de mère. Elle a vu pour la première fois le Mont-Saint-Michel lorsqu’elle avait treize ans et elle a été fortement marquée par ce dernier. Ainsi, elle raconte dans son carnet un récit se déroulant dans le lieu; elle communique ses observations afin de reprendre contact avec sa plume et parce que son histoire se noue à celle du Mont-Saint-Michel.
À travers l’écriture et grâce au Mont-Saint-Michel, les deux personnages pourront renaître et espérer.
Véritable ode aux livres, ce petit roman de Dominique Fortier nous plonge dans une mer douloureuse, dans la souffrance d’Éloi, qui doit porter sa croix au cœur du Mont.
En cet an de grâce 14**, le Mont se dressait au milieu de la baie; en son centre s’élevait l’abbaye. Au milieu de celle-ci était nichée l’église abbatiale autour de son chœur. Au milieu du transept un homme était couché. Il y avait dans le cœur de cet homme un chagrin si profond que la baie ne suffisait pas à le contenir.
Il n’avait pas la foi, mais l’église ne lui en tenait pas rigueur. Il est des peines tellement grandes qu’elles vous dispensent de croire. Étendu sur les dalles, bras écartés, Éloi était lui-même une croix. (p. 11)
Je ne suis pas un homme de Dieu, je ne suis pas un homme de sciences. J’étais peintre et ne le suis plus. Le peu que je connais du monde, je le dois aux récits de plus savants que moi. Voici ce que je sais : j’aimais une femme et elle est morte. (p. 14)
J’ai été très touchée par ce peintre, par sa peine et par ses aventures. Le Mont-Saint-Michel devient pour lui un refuge contre la douleur, contre le temps, contre les vivants…
Mais encore, la narratrice, en étant passionnée par les mots, nous donne quelques définitions et explications sur la langue. Par exemple, elle nous apprend que les mots «livre» et «liberté» possèdent la même étymologie.
Plus que des maisons de pierre et de bois, nous habitons d’abord des cabanes de mots, tremblantes et pleines de jours. On dit je t’aime pour se réchauffer; on dit orange, et l’on sent ses doigts; on dit il pleut pour le plaisir de rester à l’intérieur, pelotonné près de la lumière du mot livre. (Livre, qui vient de liber : la partie vivante de l’écorce d’un arbre, mais aussi liberté). (p. 45)
Et bien entendu, puisque le roman met en scène le Mont-Saint-Michel, les références aux livres, aux bibliothèques, aux copistes ont su ravir mon cœur de passionnée par ces sujets. J’ai presque envie de sauter dans un avion pour aller visiter ce Mont et m’imbiber de l’aura de cette Cité des livres…
De plus, l’écriture de Dominique Fortier est poétique. C’est le chant de la mer que nous entendons au cours de cette lecture, c’est le rythme des marées qui scandent les pages que nous tournons, c’est la beauté du cours de l’eau qui s’infiltre partout pour permettre une renaissance et noyer les malheurs des uns puis des autres jusqu’à la purification…
Un livre pour les amoureux des livres…
Il importe de mentionner que Dominique Fortier a gagné en 2016 le Prix littéraire du gouverneur général du Canada grâce à cette histoire.
Pour lire un extrait, n’hésitez pas à cliquer sur Au péril de la mer.
Connaissez-vous l’histoire du Mont-Saint-Michel?
Bien à vous,
Madame lit
Fortier, Dominique. Au péril de la mer, Québec : Alto, 2016, 178 p.
ISBN 978-2-89694-315-9
« Un livre pour les amoureux des livres », un livre pour moi donc…
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C’est court, bien écrit et intéressant. Cela devrait te plaire…
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Vous me donnez envie de courir acheter ce livre……..
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Que c’est gentil… C’est une histoire magnifique… Une plume à découvrir pour rêver, apprendre, savourer…
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Une plume magnifique, tu as bien raison. Des phrases qui donnent à penser, à réfléchir, à rêver ou juste à laisser couler. Mais j’ai tellement de difficulté à demeurer l’esprit ouvert à son univers, je ne parviens pas à suivre réellement son histoire. Ce fut le cas pour Les larmes du Saint-Laurent. et ce fut le cas pour Au péril de la mer.
J’aimerais aimer. Je me suis reprise à deux fois pour voir au cas où. Sans succès.
Je n’en admire pas moins son talent et la beauté de son écriture.
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Oui, des phrases pour réfléchir… J’ai beaucoup apprécié cette histoire… Peut-être pour le Mont-Saint-Michel, son aura, son histoire… Une plume pour se laisser emporter par les vagues… Je vais certainement lire Les larmes du Saint-Laurent…
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Deux histoires en parallèle, cela semble très prometteur. Article intéressant qui donne le goût de lire pour quelqu’un qui aime la littérature, le style de la personne qui écrit.
Je m’y mets très rapidement.
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Je suis bien contente de l’apprendre. Vous me redonnerez des nouvelles… Bonne lecture dans la Cité des livres!
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Pas mieux que le commentaire de Goran !
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Je te comprends!!! 🙂
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