Chère lectrice, Cher lecteur,
La Fille du capitaine de Pouchkine raconte l’histoire de deux jeunes amoureux, Pierre Andréievitch Griniov et Maria Ivanovna, au XVIII e siècle, dans les steppes de l’Oural. Le père de Pierre Andréievitch souhaite que son fils embrasse une carrière militaire pour servir la monarchie. Ainsi, dès qu’il atteint 17 ans, il quitte ses parents pour défendre le fort Biélogarsk, dans l’Oural. Il s’y rend accompagné de son fidèle serviteur Savéliitch. Arrivé à destination, il rencontre la jeune fille du capitaine et il en tombe amoureux. Cependant, la menace gronde autour d’eux puisque les troupes d’Emelian Pougatchev pillent les villages, mènent une insurrection cosaque contre la tsarine Catherine II. Les deux amoureux réussissent à s’en sortir mais auront-ils droit au bonheur?
Nicolas Gogol a dit de ce roman : « La pureté et l’absence d’artifice, sont poussées dans ce roman à un tel degré que c’est la réalité elle-même qui semble à côté artificielle et caricaturale. Pour la première fois on voit apparaître des caractères authentiquement russes : un simple commandant de fort, sa femme, un lieutenant, le fort lui-même avec son unique canon, l’absurdité de l’époque et la simple grandeur des gens simples, tout cela est non seulement la vérité vraie, mais pour ainsi dire mieux que la vérité». Je voulais lire ce bouquin depuis un certain temps car il est considéré comme l’un des premiers chefs d’œuvre de la littérature russe. Pouchkine a réalisé un travail remarquable de recherche sur Pougatchev et il s’est inspiré de sa documentation pour rédiger ce roman d’amour et il en fait un personnage du récit à la fois cruel et reconnaissant. Mais encore, Pouchkine parvient avec brio à décrire la vie des gens simples de l’époque à travers leurs mœurs et coutumes, à exploiter la cruauté des actes des soldats cosaques, à peindre les paysages hivernaux de l’Oural…
La petite tache blanche se transforma en une grosse masse, qui s’élevait lourdement, et peu à peu envahissait le ciel. Une neige fine se mit à tomber; soudain elle s’épaissit en gros flocons. Le vent hurla; c’était la tempête. En un instant, le ciel sombre se confondit avec la mer de neige. Tout disparut. (p. 54)
Contrairement aux classiques russes comme Anna Karénine, Guerre et Paix, Le docteur Jivago, La Fille du capitaine s’avère très court. Toutefois, le lecteur retrouve dans ce dernier des thématiques qui ont certainement inspiré Tolstoi, Pasternak, etc. tels l’amour, la guerre, la mort, l’Histoire, etc. Il faut lire la littérature russe pour comprendre le génie de ses auteurs. L’âme de ce peuple défile au fil des pages et le lecteur rencontre des personnages ordinaires, inoubliables touchant à la sensibilité humaine. Je ne peux que m’incliner devant cette richesse.
Je sentais en moi un grand changement : le trouble de mon âme m’était beaucoup moins pénible que le découragement dans lequel j’avais été plongé récemment. Au chagrin de la séparation se mêlait en moi des espoirs obscurs mais délicieux, une attente impatiente des dangers et les sentiments d’une noble ambition. (p. 107)
Est-ce parce que les écrivains russes exploitent les sentiments humains avec les événements historiques? Est-ce parce qu’ils créent des êtres ordinaires, simples, qui sont aux prises avec des sentiments intemporels comme la passion, la mort, le désespoir mêlés à leur amour pour leur Histoire, leur pays? Leur drame n’est-il pas le nôtre? Peut-être. Le génie des auteurs russes apparaît indéniable. Pouchkine demeure un incontournable et le lecteur comprend pourquoi puisque sa poésie glisse encore sur les parois de notre cœur. Avec une histoire simple, celle de deux amoureux russes évoluant dans une époque dangereuse, cruelle, difficile, il a réussi à concevoir un chef d’œuvre… Je n’ai peut-être pas ressenti la même émotion que durant ma lecture d’Eugène Onéguine, mais il n’en reste pas moins que je suis contente d’avoir lu ce roman car je ne connaissais pas Emelian Pougatchev.
M. Robert Benoit a réalisé cette vidéo à partir de son édition illustrée. N’hésitez pas à la regarder! Je le remercie d’ailleurs pour la vidéo et pour ses photos!
C’était mon choix pour mon défi littéraire 2018! En janvier, je devais lire un roman russe. Grâce à cette lecture, j’ai envie d’aller boire un café dans le célèbre café Pouchkine…Et vous?
Partagez le lien de votre lecture russe dans les commentaires pour le défi littéraire! Je le présenterai dans mon bilan du mois!
Aussi, Vague culturelle a proposé Un hiver en Russie sur son blog. Je voulais au moins y participer avec un roman…
Avez-vous déjà lu des bouquins de Pouchkine?
Bien à vous,
Madame lit
Pouchkine, Alexandre, La Fille du capitaine, traduit du russe par Brice Parain, Paris, Gallimard, coll. Folio classique, 2016, 258 p.
ISBN 978-2-07-031099-09
Vous aimeriez acheter ce livre, cliquez sur La Fille du capitaine
Bonjour,
Je viens de lire ton papier. Je trouve que les photos du diaporama ressortent bien avec ces deux bandes à la verticale. Bravo encore pour ton papier.
Je regardais les photos du diaporama et je revoyais certaines scènes.
Tu as dit que cette lecture et ton travail pour ton billet t’avaient fait découvrir l’âme russe je pense. Alors tu devrais lire les mémoires de Catherine II. J’avais tellement aimé.
Bonne fin de journée et merci d’avoir souligné ma participation. J’ai aussi hâte de lire les commentaires suite à ton texte car ce livre étant un classique les lecteurs devraient avoir certaines choses à dire.
Robert
Envoyé de mon iPad
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Merci à vous pour ce commentaire. J’ai bien apprécié cette lecture de Pouchkine. Les mémoires de Catherine II doivent être très intéressantes… Merci pour la suggestion! Un jour!
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j’ai reçu ce livre à Noël et j’ai très très hâte de le lire , ta chronique donne encore plus envie
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Je suis très contente de l’apprendre. Si tu rédiges une chronique, il ne faut pas hésiter à partager le lien dans les commentaires! 🙂
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Très belle critique pour un très beau livre…
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Merci! 🙂
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Jolie chronique Nathalie… Ah… L’âme slave… Il faut que je lise ces auteurs…
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Elle a un petit quelque chose d’indéfinissable cet âme Cat… Je cherche…
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Oui…
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Me donne envie de lire Eugénie… Merci de diversifier nos lectures.
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Bonne année 2018
Ta revue me donne envie de lire le livre
Merci du partage
Très belle journée
Bisous
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Bonne Année 2018 à toi aussi! Merci ! Bisous! 🙂
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Ta lecture me donne envie de lire ce roman de Pouchkine, d’autant plus qu’adolescent j’avais été charmé par la chanson que le duo Jim Corcoran et Bertrand Gosselin avait écrite en s’inspirant de ce roman. La chanson s’intitule «La fille du capitaine». Comme tu l’écris, la littérature russe regorge de personnages simples et touchants auxqules on peut aisément s’identifier, dans lesquels on peut se reconnaître. La sensibilité russe a quelque chose de nordique.
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Je ne connais pas cette chanson de Jim et Bertrand. Je vais tenter de la trouver. Merci! Oui, elle a quelque chose de nordique la littérature russe et de grandiose dans sa simplicité… J’essaye de percer son mystère en allant à sa rencontre.
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J’avais beaucoup aimé… mais comme toi, pas autant qu’Eugène Onéguine, qui avait été un coup de coeur magistral.
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On partage la même perception alors de ces deux univers. Merci!
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Envie de le lire aussi.merci
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Merci à vous!
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Le premier livre de Pouchkine que je voudrais lire est Eugène Onéguine, mais celui-ci me tente beaucoup aussi ! Merci pour ce billet de lecture très intéressant. L’âme russe, si mystérieuse, si paradoxale, si insaisissable, ne cesse de me passionner. Merci beaucoup pour ta participation à mon hiver russe !
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J’ai été très contente de participer un petit peu à ton hiver russe. Moi aussi je suis charmée par cet âme… Merci!
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Si je l’ai lu, l’essentiel m’a échappé…
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Cela arrive parfois…
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Il faudrait vraiment que je me décide à lire des classiques, j’avoue que j’ai du mal, quelque soit le pays. Par contre, j’apprécie les adaptations cinématographiques, mais les livres, je ne sais pas pourquoi, je n’y arrive pas. J’ai dû essayer trois fois Dostoïevski, rien à faire !
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Je peux comprendre car de mon côté, je suis terrorisée par Victor Hugo! J’ai une belle collection de ses bouquins mais… C’est toute une aventure les classiques!
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Je suis tellement, tellement intéressée par la littérature russe – quand bien même je n’ai lu que deux romans de Tolstoï, un Pasternak et les Récits de Pétersbourg de Gogol. Tu me donnes tellement envie de me plonger dans Pouchkine! 🙂
En ce moment je dois terminer quelques choses par-ci-par-là sur le blog, mais je suis en train de prévoir quelques romans pour une « pause non-SFFF ». Cette « Fille du Capitaine » pourrait bien en faire partie. 🙂
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Je suis contente de te donner le goût de plonger dans Pouchkine! Une plume magnifique! J’adore aussi sa poésie…Merci!
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