Chère lectrice, Cher lecteur,
En ce mois islandais, permettez-moi de partager avec vous un extrait de Karitas, sans titre de Kristín Marja Baldursdóttir intitulé «Lune sur la mer, 1939». Dans son roman publié en 2004, l’écrivaine présente une héroïne nordique qui se sert de son crayon pour dessiner ses émotions, pour illustrer le paysage l’entourant et pour immortaliser les mœurs et les coutumes de son peuple, etc. Elle aspire à un autre destin que celui réservé à ses ancêtres islandaises. Alors, j’ai choisi de présenter «Lune sur la mer» car je trouve qu’il y a de magnifiques descriptions de ce décor époustouflant nordique.
Karitas
Lune sur la mer, 1939
Dessin au crayon
Lumière blanc argent.
Dans la fraîcheur du soir s’écoule le ruisseau le long du ravin, des prés, des champs, jusqu’à la mer et s’unit sans fin à l’océan.
Au bout de l’horizon, un globe d’un blanc brillant accueille le ruisseau, l’aspire dans la lumière d’argent.
La lune est sur la mer.
Le soir beau, un soir pour l’amour.
Il est assis au-dessus de la pente du ravin, se penche à nouveau, me regarde. Je suis assise au bord du ruisseau, vois comment celui-ci serpente en direction de la lune, rince mes vêtements afin de partir avec toutes mes affaires propres pour le grand voyage à travers les eaux. Je sors ma robe de la corbeille en osier, la laisse danser avec le courant dans le clair de lune.
J’ai envie de fixer la beauté sur la toile, n’ai cependant pas envie de peindre un paysage. Mais pendant que je tords ma robe j’ai une idée. Vois une nouvelle forme devant mes yeux.
Robe tordue flottant dans l’air.
Par-dessus, un cercle menaçant.
Mes doigts sont raides dans l’eau d’un froid glaciaire mais en moi je sens un nouveau sentiment chaud. Entends une autre musique, vois d’autres formes, d’autres couleurs.
J’ai l’impression que tout change autour de moi.
Un temps nouveau commence.
Je suis des yeux le temps ancien.
Il coule avec le ruisseau jusqu’à la mer. (p . 507)
Avez-vous lu Karitas, sans titre? Comment trouvez-vous cet extrait?
Bien à vous,
Madame lit
BALDURSDTTIR, Kristin, Marja, Karitas sans titre, traduit de l’islandais par Henrý K. Albansson, Boissec, Gaïa éditions, 2004, 508 p.
Je ne connais pas
et ce billet me donne une réelle envie de découvrir cette auteure
Merci pour le partage
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Merci à vous! Au plaisir!
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Je ne connaissais pas, mais c’est un très bel extrait…
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Merci! 🙂
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Quel beau texte, la nature, l’amour et ce changement qui semble se faire chez cette femme. Et le passage qui m’émeut le plus : Mes doigts sont raides d’un froid glaciaire mais en moi je sens un nouveau sentiment chaud.
Encore un excellent choix pour cette citation du dimanche!
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Merci beaucoup! C’est vraiment gentil et j’aime beaucoup aussi la phrase citée. Au plaisir de vous présenter encore de beaux extraits!
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