Cher lectrice, Cher lecteur,
Un mois sur la Hongrie sans parler de Sándor Márai (1900-1989) serait peut-être étrange. Ce grand écrivain qui s’affiche antifasciste et ce malgré l’alliance de la Hongrie à l’Allemagne nazie témoigne, entre autres, du vécu des siens et des drames de son époque, engendrés par la Deuxième Guerre mondiale, à travers ses romans ou témoignages (Mémoires de Hongrie ou encore Ce que j’ai voulu taire pour ne mentionner que ces titres). Il devra quitter son pays lorsque l’Armée rouge l’occupe et installe un régime communiste alors qu’elle venait le libérer. Il s’enlèvera la vie aux États-Unis alors qu’il est un exilé. Ses livres, grâce à son sens de l’observation et son esprit d’analyse, apparaissent très précieux car ils abordent la perte d’un humanisme au profit de nouvelles barbaries. Comme il est mentionné sur sa page Wikipédia :
L’œuvre de Sándor Márai est maintenant considérée comme faisant partie du patrimoine littéraire européen et jouit d’une réputation semblable à celles de Stefan Zweig, de Joseph Roth et d’Arthur Schnitzler16. Comme eux, il est un des grands écrivains du XXe siècle, l’un des derniers représentants de la culture brillante et cosmopolite de la Mitteleuropa emportée par la défaite de l’Empire austro-hongrois et par les totalitarismes. Cet intellectuel idéaliste écrivait dans Les Confessions d’un bourgeois : « Tant qu’on me laissera écrire, je montrerai qu’il fut une époque où l’on croyait en la victoire de la morale sur les instincts, en la force de l’esprit et en sa capacité de maîtriser les pulsions meurtrières de la horde. »
Je vous présente, sans plus tarder, son poème « Noël 1944» que j’ai trouvé dans Mémoires de Hongrie.
… Loin, si loin le monde, quand la guerre hurle
Avec sa voix de plomb.
Le feux du crime ont tout brûlé-
Juifs, chrétiens et peuples d’Europe.
Les portes des maisons sont marquées au sang.
Ceux qui méritaient notre foi ont été assassinés.
Et l’on a bafoué, outragé
Ce pour quoi la vie vaut d’être vécue.
La charogne infeste ton lit
Et ta maison n’est qu’un antre puant.
Croyants et croyances sont jetés aux équarrisseurs,
L’Apocalypse ouvre grand ses portes,
Le meurtre rituel plane au-dessus du monde.
Celle qui t’embrasse aujourd’hui
Demain te mettra en terre.
Celle que j’étreins aujourd’hui
Demain sera anéantie.
Celle qui te berce le matin
Le soir t’abandonnera.
Avez–vous déjà lu un bouquin de Sándor Márai? Aimez-vous ces témoignages?
Bien à vous,
Madame lit
MARAI, Sándor, Mémoires de Hongrie, Paris, Albin Michel, 2004, 423 p.
Je suis contente de découvrir un autre auteur, grand
Merci pour ce poème et la citation du début, c’est vrai
Bon dimanche
Bisoud
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Merci à toi! Au plaisir!!! 🙂
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J’aime beaucoup la littérature hongroise… Et oui j’aime beaucoup !
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Tu as lu un livre de Márai?
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Oui, j’en ai lu 5 🙂
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Wow! J’imagine que tu as retiré une grande richesse de tes lectures. Merci!
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J’aime beaucoup son écriture, l’émotion qui se dégage de ses livres, etc. J’espère que tu aimera tout autant…
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Je n’en doute pas.
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Un poème magnifique mais aussi terrifiant et qui nous attriste!
Ce qu’on lit en ouverture du billet de Madame.lit : « Celle qui… » semble nous inviter à une réflexion sur la vie qui fuit…
Mais non il s’agit dans ce poème de quelque chose de tellement terrible, cette souffrance vécue par le peuple hongois face aux Allemands. Un texte merveilleux qui nous incite à fouiller l’histoire de ce peuple qui a tellement souffert.
Et que dire du titre du poème : Noël 1944.
Madame.lit vous nous conduisez à des découvertes dont on doit aussi retrouver des traces dans le livre que vous avez retenu pour votre défi de mars.
Et quelle bonne idée de choisir le dimanche des citations en lien ave le défi du mois!
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Merci à vous de me lire et de participer au défi Madame lit des livres du monde. L’histoire du peuple hongrois s’avère fascinante, troublante, terrifiante. Que de livres intéressants nous y donnent accès. Je suis enchantée de plonger dans des univers m’ouvrant à des témoignages, des réflexions sur le vécu et la culture d’un autre pays. C’est tout simplement extraordinaire!
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Après avoir terminé Les Braises (billet bientôt), je lirai sans doute d’autres livres de cet auteur, pourquoi pas celui-ci dont l’extrait résonne avec mon billet du jour. La guerre où qu’elle se déroule provoque toujours de beaux textes, hélas.
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Oui…La guerre a provoqué des drames terribles à la fois intérieur et extérieur… J’ai hâte de lire ton billet sur « Les Braises ». J’imagine que cela a été une très très belle lecture. Merci! 🙂
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Super, je découvre peu à peu la littérature Hongroise
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Bien contente alors! 🙂 Merci!
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Voici le lien de mon billet, bonne journée !
http://moustafette.canalblog.com/archives/2018/03/15/36177464.html
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Je vais le lire immédiatement! 🙂
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