Chère lectrice, Cher lecteur,
Sándor Petôfi (1823-1849) apparaît comme un poète majeur en Hongrie. Dans ce pays, chaque ville possède une rue ou encore un bâtiment nommé en l’honneur de l’illustre auteur hongrois. Il y a même un pont sur le Danube portant son nom. Il a été celui insufflant une brise nationaliste aux siens grâce à ses mots, sa détermination et son esprit révolutionnaire. Chef de file de la Révolution hongroise de 1848, l’amour et la liberté ont été les grands leitmotivs de son existence et ces éléments lui ont permis de composer de nombreux poèmes. Il est mort très jeune, à l’âge de 26 ans, tué par les Cosaques sur un champs de bataille et devient le martyre de tout un peuple…
Homme de son temps, sa poésie est influencée, entre autres, par son amour de la patrie, de la liberté, de la nature hongroise, de la vie de famille et de la puszta.
J’ai décidé de partager avec vous son poème «Fin de septembre» traduit par Guillevic et publié dans l’Anthologie de la poésie hongroise du XIIe siècle à nos jours, de 1962, sous la direction de Gara Ladisla. Ce dernier est beau comme le Danube, majestueux comme les plaines hongroises, triste car il apparaît comme une prémonition. Sa femme, Julia, après sa mort, se remariera…
Fin septembre
Le val est riche encor des fleurs de ses jardins,
Et vert le peuplier dans la fenêtre ouverte.
Mais le monde d’hiver, l’aperçois-tu qui vient?
La neige sur la cime au loin donne l’alerte.
Encor l’été brûlant brûle mon jeune cœur,
Mais si la sève en lui monte et le renouvelle,
Déjà des fils d’argent dans mes cheveux révèlent
Que les froids de l’hiver vont montrer leur vigueur.Car s’effeuillent les fleurs et s’enfuit notre vie…
Viens donc, ô mon aimée, te blottir sur mon sein.
Toi qui tout contre moi mets ta tête chérie
N’iras-tu te pencher sur ma tombe demain?
Si je meurs le premier, de ces deux que nous sommes,
Mettras-tu, dans les pleurs, un linceul sur mon corps?
Si un autre t’aimait, se pourrait-il alors
Que tu quittes mon nom pour le nom de cet homme?Si ce voile de veuve, un jour tu le jetais,
Comme un drapeau de deuil laisse-le sur ma tombe.
Je viendrai le chercher, du noir où tout se tait,
Au cours de cette nuit où notre amour succombe,
Pour essuyer les pleurs versés sur notre amour,
Sur toi facilement oublieuse et parjure,
Pour panser de mon cœur l’horrible déchirure-
T’aimant même là-bas, même alors et toujours.
(1841)
J’ai découvert également que Paul Éluard a raconté sa vie dans son Discours pour le centenaire de la mort de Petôfi Sándor.
-Je veux saluer un homme mort depuis cent ans,
Un homme mort à vingt-six ans,
Mais la Hongrie compte les siècles
Avec la vie de ses enfants,
Avec la vie de ses poètes, Et je salue le poète vivant.
Petöfi n’est pas né ni du ciel ni du soleil;
Son père était charcutier, sa mère était domestique.
Je veux chanter ici sa misère et sa gloire
Qui fut de vaincre pour des siècles la misère,
Sa gloire d’être un homme au cœur des semblables.
Les armes à la main il appelait l’orage,
Avec des mots d’amour il suscitait la foudre
Contre les ennemis des simples roses et du pain.
Je veux chanter ici le vainqueur de tyrans,
Le poète béni par les petites gens.
Je veux chanter ici un enfant de quinze ans
Qui ose exprimer l’homme en se faisant acteur,
Un enfant seul mourant de faim, mais bafouant le néant,
Un enfant qui sut être un homme, un très grand homme,
Un enfant d’aujourd’hui, un homme de toujours.
Petöfi sait le poids de l’aurore sur terre,
Elle est enracinée dans les mains qui travaillent,
Elle construit des ponts entre vivre et survivre,
Elle illumine les baisers qui ressuscitent l’homme,
L’eau des sources la mène à des prairies nouvelles.
Petöfi sait la joie du combat sans victimes.
Il sait chanter l’été victorieux et sans crimes,
Et pourtant il se bat; confiant, il donne tout son sang
Pour mourir libre, pour perpétuer l’espoir,
L’espoir des pauvres gens, le miel de la Hongrie.
Ses vers dorés vous le payez, mes camarades,
De l’or joyeux de votre foi.
La Hongrie compte ses fidèles
Et ses héros sur les étoiles,
Sur les rêves de Petöfi,
Sur le poème de la plaine de Hongrie.
(31 juillet, Parrallèle, 50, 2 septembre 1949)
Voici mon hommage à un grand homme de la Hongrie, le poète Sándor Petôfi.
Aviez-vous déjà lu un poème de Sándor Petôfi? Comment trouvez-vous mon clin d’œil à cet illustre poète?
Bien à vous,
Madame lit
Je ne connaissais pas, mais c’est très beau…
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Au plaisir alors!
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Comme Goran Nathalie!
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Merci Cat! 🙂
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Je ne connaissais pas. Très jolie fin prémonitoire. Etrange ce qui entoure sa disparition que je viens de lire sur W…
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Oui… Il y a deux versions mais celle dont parlent d’autres sources est reliée à une mort sur un champs de bataille. Les mythes entourant les héros sont très intéressants! Merci! 🙂
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Il trouvait son épouse « oublieuse et parjure »? Pas une bien belle opinion de sa conjointe! Mais joliment tourné de poème.
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La peur de l’autre qui vole le cœur de son épouse adorée… pas facile lorsqu’on sent la mort tout autour… Merci!
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Je trouve tellement bien le changement de ton entre les deux poèmes. Le poète hongrois s’interroge sur la vie, l’amour, la mort et aussi l’oubli.
Quand on sait tout ce que le peuple hongrois a souffert quel bel hommage rendu au poète de Fin septembre par le poète Paul Eluard! Un poète est mort à 26 ans mais sa poésie demeure avec les rêves de Petôfi comme le dit si bien le poète français.
Tu as eu une merveilleuse idée de grouper ces deux textes qui, d’une certaine façon, s’éclairent, se répondent l’un l’autre.
Que de travail cela a demandé je présume!
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Oui… un poème fort touchant et un sublime hommage d’Éluard. Petôfi a marqué à tout jamais la Hongrie… Sa poésie va continuer à souffler sur les plaines hongroises et à illuminer les journées d’été… elle est indissociable du mot liberté! Alors aimons-la! Merci!
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