Chère lectrice, Cher lecteur,
Le défi littéraire Madame lit des livres du monde, en juillet, met à l’honneur la littérature colombienne. Comme j’avais dans ma bibliothèque depuis très longtemps Cent ans de solitude du lauréat du prix Nobel de littérature de 1982 Gabriel Garcia Márquez (1927-2014) et que je ne m’étais jamais accordée le plaisir d’y plonger, alors, je l’ai fait. Je ne regrette absolument pas mon choix. Quelle magnifique histoire! Il est connu que Gabriel Garcia Márquez vivait dans la pauvreté lorsqu’il a rédigé son chef d’œuvre. Pour faire publier Cent ans de solitude, il a dû vendre sa voiture et il a retardé ses paiements de loyer durant neuf mois. Il a persévéré et il a réussi à livrer au monde, malgré tous les problèmes qu’il a rencontrés, une épopée inoubliable. Dans ce roman, les parties s’enchaînent dans une cohérence pour former un tout et dresser le portrait de la dynastie des Buendia.
Le livre s’ouvre sur ce sublime incipit qui laisse présager une histoire familiale marquée par le drame.
Bien des années plus tard, face au peloton d’exécution, le colonel Aureliano Buendia devait se rappeler ce lointain après-midi au cours duquel son père l’emmena faire connaissance avec la glace.
La curiosité du lecteur est alors piquée. Il souhaite en apprendre davantage sur cet homme devant la mort qui se souvient de son père et d’un moment qui l’a marqué à tout jamais. Le lecteur devine que le livre sera captivant.
Ainsi, tout au fil des pages, il découvre la tumultueuse famille Buendia. L’ancêtre de cette dernière, José Arcadio Buendia, fonde avec son épouse Ursula, le village de Macondo, un endroit situé quelque part en Amérique du Sud. C’est de cette famille dont il est question dans ce livre, de ses nombreux descendants, sur six générations, au prise avec des drames, de leur naissance jusqu’à leur mort. Il y a aussi Macondo et son bonheur d’y vivre et d’y mourir jusque dans la déchéance. Par exemple, à la toute fin, un Buendia fera remarquer :
Étourdi par deux nostalgies qui se faisaient face comme des miroirs parallèles, il perdit son merveilleux sens de l’irréalité, au point qu’il finit par leur recommander à tous de quitter Macondo, d’oublier tout ce qu’il leur avait enseigné sur le monde et le cœur humain, d’envoyer chier Horace, et, en quelque endroit qu’ils fussent, de toujours se rappeler que le passé n’était que mensonge, que la mémoire ne comportait pas de chemins de retour, que tout printemps révolu était irrécupérable et que l’amour le plus fou, le plus persistant, n’était de toute manière qu’une vérité de passade. (p. 423)
Dans ce récit, l’auteur mélange le fantastique au réel pour créer un univers poétique, onirique mais aussi marqué par des événements historiques. Par exemple, le lecteur retrouve des esprits dans la maison familiale, des combats de coq, de belles femmes qui s’envolent, de l’or, des tirages de cartes, des guerres, des fusillades, des entreprises comme une compagnie de bananes, de la musique, des fleurs, des herbes, des animaux morts, des maladies, des êtres solitaires, des prophéties. D’ailleurs, le roman se termine sur une :
Mais avant d’arriver au vers final, il avait déjà compris qu’il ne sortirait jamais de cette chambre, car il était dit que la cité des miroirs (ou des mirages) serait rasée par le vent et bannie de la mémoire des hommes à l’instant où Aureliano Babilonia achèverait de déchiffrer les parchemins, et que tout ce qui était écrit demeurait depuis toujours et resterait à jamais irrépétible, car aux lignées condamnées à cent ans de solitude, il n’était pas donné sur terre une seconde chance. (p. 437)
Devez-vous lire Cent ans de solitude? Oui. Pour cette solitude animant le cœur des uns, puis des autres sur cent ans à cause d’un gitan. Nous nous attachons à cette famille, mais nous savons que tout a une fin et que nous l’accompagnons inévitablement dans sa destruction. Comme le mentionne celle qui déchiffre les cartes :
Il n’y avait, dans le cœur d’un Buendia, nul mystère qu’elle ne pût pénétrer, dans la mesure où un siècle de cartes et d’expérience lui avait appris que l’histoire de la famille n’était qu’un engrenage d’inévitables répétitions, une roue tournante qui aurait continué à faire des tours jusqu’à l’éternité, n’eût été l’usure progressive et irrémédiable de son axe. (p. 416)
Au fait, avez-vous déjà lu cette œuvre maîtresse de la littérature hispano-américaine? Qu’avez-vous pensé de cette dernière?
Bien à vous,
Madame lit
GARCIA MÁRQUEZ, Gabriel, Cent ans de solitude, Paris, Seuil, coll. Points, 1980, 437 p.
ISBN 2-02-001537-4
J’avais essayé deux fois, sans conviction, mais je pense m’y replonger d’ici peu. Ton édition est très jolie!!
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Merci! Est-ce que tu n’accrochais pas à l’histoire?
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Je pense que je n’étais pas prête. Les premières pages étaient très garnies et bourrées de descriptions. Mais je tiens vraiment à le lire ! Il m’attend ^^
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Je te souhaite une très belle rencontre avec ce roman. Il faut parfois attendre le bon moment. Au plaisir!
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J’ai faillie le relire pour le défi… C’est un des cinq livres que j’emporterais sur une île déserte, je ne pouvais plus le lâcher, j’avais adoré !
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Je te comprends. Une histoire qui m’a énormément bouleversée. J’ai été captivée du début à la fin!
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Je le note cela a l’air très beau !
Je me demande ce que tu choisiras pour la littérature allemande
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Ça s’en vient! Je vais publier une liste cette semaine et partager mon choix. Merci!
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Je l’ai lu deux fois. Une première impression fulgurante.A la seconde lecture je n’ai plus retrouvé l’ambiance magique qui m’avait emportée. Ceci dit cela reste un grand livre !
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Oui! Un très grand livre sous le signe d’une plume magique. Merci!
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Je termine la lecture de L’amour au temps du choléra. Tellement d’émotions à la lecture de cette oeuvre que je ne peux que souhaiter en éprouver encore plus à la lecture du roman dont tu parles si merveilleusement…
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J’ai tellement aimé « L’amour au temps du choléra »…Márquez est un très grand écrivain qui nous offre des personnages inoubliables. Merci!
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Je termine la lecture de L’amour au temps du choléra. Tellement d’émotions à la lecture de cette oeuvre que je ne peux que souhaiter en éprouver encore plus à la lecture du roman dont tu parles si merveilleusement…
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Merci beaucoup pour ce retour… c’est un livre merveilleux rempli d’amour, de tendresse, de respect. Des livres comme on aimerait en écrire…
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Bonjour Madame lit, bonne continuation de cette grande lecture 🙂
Pour moi, ce sera un premier roman paru il y a 10 ans en France que je veux remettre au goût du jour :
Dans la ville des veuves intrépides de James Cañón
https://pativore.wordpress.com/2018/07/30/dans-la-ville-des-veuves-intrepides-de-james-canon/
Bonne semaine et encore de belles lectures 🙂
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Merci! Je vais aller lire cet article avec plaisir car je ne connais pas du tout. Au plaisir! 🙂
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Je suis en train de le lire mais je trouve ça dur d’y accrocher. Le réalisme magique déjà c’est pas trop ma tasse de thé et je trouve ça assez malsain mais j’ai vraiment envie de m’accrocher pour pouvoir juger plus objectivement ce livre
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Il faut s’accrocher ou encore y revenir plus tard… c’est un livre que l’on porte longtemps en soi. Merci de partager avec moi cette difficulté. Au plaisir!
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Je l’ai enfin fini et je crois vraiment que ce livre n’est pas pour moi. je n’y ai pas du tout été sensible. Je sais qu’il a bouleversé beaucoup de lecteurs mais avec moi, le miracle n’a pas opéré. Ce n’est pourtant pas faute de l’avoir voulu ! Merci en tout cas pour ta critique, c’est toujours intéressant de voir des avis qui divergent des miens !
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C’est vrai que certains livres ne sont pas pour nous… Désolée pour toi. J’espère que ta prochaine lecture sera remplie de magie entre le texte et toi. Au plaisir!
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Cent ans de solitude a marqué ma découverte du réalisme magique. Il fait partie de la liste de livres à lire absolument que je suis en train de construire. Malheureusement, ma lecture est trop ancienne pour que je rédige une critique pertinente. Je vais donc faire un lien vers votre chronique. Je vous dirai quand cette page sur laquelle je travaille actuellement sera en ligne. Je ne demande pas de lien en retour.
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Bonjour, je vous remercie de placer mon lien dans votre article. Ce livre fait partie des lectures essentielles. Cependant, j’ai préféré «L’amour aux temps du choléra» à «Cent ans de solitude». Ce n’est qu’une question de goût. Au plaisir et encore merci!
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Avec plaisir. J’avoue que La lecture de L’amour au temps du choléra ne m’a laissé aucun souvenir. Ma liste est subjective forcément. 🙂
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Avez-vous vu mon top 100 de mes meilleures lectures? Le voici: https://madamelit.ca/2022/01/25/madame-lit-son-top-100/
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