Chère lectrice, Cher lecteur,
J’ai reçu par courriel les commentaires d’un participant au défi littéraire pour juillet. Comme la littérature colombienne est à l’honneur, M. Robert Benoit a lu L’amour aux temps du choléra de Gabriel Garcia Márquez. Comme il ne possède pas de blogue pour partager ses impressions, je lui ai demandé si je pouvais publier sur le mien le texte qu’il m’a fait parvenir. Il a accepté. Par ailleurs, j’ai été très touchée par ses propos car il exploite, entre autres, le thème de la vieillesse. J’espère que vous le serez aussi. Donc, voici le texte de M. Robert Benoit.
23 juillet 2018
Je termine ce matin la lecture du roman L’amour aux temps du choléra, un roman grandiose que je voyais dans ma bibliothèque et que je ne lisais pas. J’avais entrepris la lecture de ce dernier à un moment donné et après quelques pages, je l’ai interrompu. C’est le défi littéraire qui m’a incité à le reprendre. Que de découvertes! Un grand roman, l’amour sous différentes formes, un roman qui intrigue et qui me touche encore plus en raison de mon âge. Mais pourquoi l’âge? Un exemple qui fait bien comprendre. Un passage dans les dernières pages du roman présente deux amoureux d’un âge avancé, Florentino et Fermina. Florentino aime Fermina depuis plus de 50 ans et ils font un voyage en bateau. Ces derniers se touchent :
« Alors il tendit ses doigts glacés dans l’obscurité, dans l’obscurité chercha l’autre main, et la trouva qui l’attendait. L’un et l’autre furent assez lucides pour se rendre compte, l’espace d’une même seconde, qu’aucune des deux n’était la main qu’ils avaient imaginée avant de se toucher, mais de pauvres vieux os. »
Et que j’aime le mot même à la seconde ligne…L’obscurité, les mains qui se cherchent, la plume de Márquez est remplie de telles trouvailles.
La présentation du roman dans mon ancienne édition en Livre de Poche stipule :
« Florentino Ariza, repoussé par Fermina Daza, se réfugie dans la poésie et entreprend une carrière de séducteur impénitent et clandestin. »
Fermina épouse le riche médecin Juvenal Urbino et comme le souligne encore l’auteur dans la présentation du roman :
« Fermina et Juvenol gravissent avec éclat les échelons de la réussite en même temps qu’ils traversent les épreuves de la routine conjugale. »
Un accident bête conduit à la mort du médecin et Florentino aide la veuve dans les moments difficiles qu’elle traverse suite à cette épreuve. Un peu trop empressé de lui avouer son amour, il s’exprime avec les mots suivants :
« Fermina, lui dit-il, j’ai attendu cette occasion pendant plus d’un demi-siècle pour vous réitérer une fois encore mon serment de fidélité éternelle et mon amour à jamais. »
Nous en sommes encore aux premières pages du roman et il se fait répondre par Fermina :
« File, dit-elle. Et ne te fais plus voir tant que tu seras en vie. »
Le chapitre qui suit ces propos nous mène à un long retour en arrière qui nous fait découvrir les péripéties de la vie du médecin avec son épouse de même que les nombreuses aventures amoureuses de Florentino qui veut devenir riche pour conquérir le cœur de celle qu’il aime. Les deux amoureux se retrouvent sur un bateau et ils renouent d’une certaine façon en faisant un voyage qui doit durer, comme on peut le lire avec les quatre derniers mots du roman :
« Pour toute la vie. »
Très habile une telle façon de faire progresser cette histoire d’amour. On tourne les pages et tout devient tellement émouvant dans son développement.
Le thème de la vieillesse est développé de façon admirable. Si on y ajoute cette description du fleuve qui change et où l’on observe les modifications de la nature qui s’ajoutent à ceux des deux personnages. Un bonheur tout au long de ces pages…
Et en août, je veux lire un roman qui m’a fortement été recommandé : Le Loup des steppes de Hermann Hesse. Je lis par ailleurs les phrases suivantes à la page 988 dans l’édition à La Pochothèque de ce roman :
« Cette œuvre étrange signifie, huit ans après Demian, une nouvelle étape dans l’analyse de la conscience de soi. Plus nettement encore que Demian elle est un document de Hesse sur lui-même et reproduit directement la crise profonde d’un adulte au seuil de la vieillesse. »
En fait, il me reste une quinzaine de jours pour lire un roman de Virginia Woolf, La Chambre de Jacob, un roman dont elle dit qu’elle a trouvé comment commencer (à 40 ans) à dire quelque chose en parlant de sa propre voix.
Très prometteur…
Je tiens à remercier M. Robert Benoit pour sa générosité et pour sa participation à tous les mois au défi littéraire Madame lit des livres du monde.
N’hésitez pas à commenter son billet et à lui parler de L’amour aux temps du choléra. Je sais qu’il sera enchanté de vous lire.
Si vous voulez consulter mon billet sur ce roman, cliquez sur L’amour aux temps du choléra. Je l’ai lu il y a quelques années.
Bien à vous,
Madame lit
Je vous admire tout deux d’analyser si longuement (longuement par rapport à moi qui se contente de quelques lignes) un roman et de décrire vos impressions. J’y ai vu la vieillesse aussi dans ce livre. Et une sorte de fidélité. Je me demande encore si Florentino aurait aimé aussi fortement et aussi longtemps sa Fermina s’il l’avait épousée dès son jeune âge. Comme si l’amour ne diminuait pas parce qu’il n’était pas partagé. En tout cas, pour lui c’est loin des yeux près du coeur!
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M. Benoit a su relever la thématique de la vieillesse avec brio contrairement à moi qui me suis limitée à traiter que de la magnifique histoire d’un grand amoureux. L’amour est un mystère et Florentino nous le prouve bien. Merci!
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Les romans d’amour n’étant pas ma tasse de thé, je me demandais si celui-ci s’inscrivait dans le réalisme magique sud-américain, si oui, dans ce cas il pourrait plus retenir mon attention.
J’en profite pour te donner le lien de mon billet colombien.
http://moustafette.canalblog.com/archives/2018/07/04/36459063.html
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Moins que « Cent ans de solitude » et « De l’amour et autres démons », à mon humble avis. Merci pour ton lien! 🙂
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Pour moi ce roman propose surtout un contraste entre le feu et les passions de la jeunesse, et l’attachement solide et plus rationnel de la vieillesse. Florentino et Fermina sont faits pour être ensemble, oui, mais pas dans l’absolu. Seulement sous certaines conditions et dans un certain contexte : frustrations passées, épreuves partagées mais avec distance, apaisement procuré par l’âge. Et pour une fois on célèbre l’amour des personnes âgées, ce qui n’est pas si commun en littérature !
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Tout à fait! Ils ont un chemin à vivre chacun de leur côté pour se retrouver avec une perception différente de la vie, de l’amour, du temps. J’ai lu un autre roman célébrant l’amour des personnes âgées : « Il pleuvait des oiseaux » de Jocelyne Saucier. Il est très bien aussi. Merci!
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J’aime beaucoup le commentaire de ce matin. Cela me donne une nouvelle perception de ce roman que j’ai beaucoup apprécié.
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Je suis bien contente de l’apprendre! Au plaisir!
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