Chère lectrice, Cher lecteur,
Pour célébrer le mois italien, ouvrons les portes de septembre avec le grand Dante par le biais de cette composition poétique tirée des Rimes.
Le douloureux amour qui me mène
Le douloureux amour qui me mène
jusqu’à la mort par le vouloir de celle
qui tenait jadis mon cœur en joie
m’a ôté et m’ôte chaque jour la lumière
que recevaient mes yeux de cette étoile
par qui je croyais ne jamais souffrir ;
le coup qui me vient d’elle, que j’ai tenu caché,
se découvre à présent par trop de peine,
laquelle naît du feu
qui m’a tiré hors de gaieté,
de sorte que je n’attends plus que douleur,
et ma vie – il en restera peu désormais –
jusqu’à la mort soupire et dit :
« Je meurs pour celle qui a nom Béatrice ».Ce doux nom, qui rend mon cœur amer,
toutes les fois que je le vois écrit,
ravivera la douleur que j’éprouve,
et je deviendrai si maigre de douleur,
si affligé en mon visage,
que ceux qui me verront seront épouvantés.
Alors nul vent si faible ne soufflera
qu’il ne m’emporte, et je tomberai tout glacé ;
de cette façon je deviendrai mort,
et la douleur sera en chemin
avec l’âme qui s’en ira si triste,
et lui sera toujours unie,
se rappelant la joie du doux visage
auprès de quoi ne paraît rien le paradis.Pensant à ce que d’Amour j’ai senti,
mon âme ne demande autre plaisir
et n’a pas souci des peines qui l’attendent ;
car lorsque le corps sera consumé,
l’amour s’en ira, qui m’a serré si fort,
avec elle à Celui qui connaît toute raison ;
et s’il ne lui pardonne son péché,
elle partira avec le tourment qu’elle mérite
si bien qu’elle n’en a nulle épouvante ;
et elle sera si attentive
à penser à celle qui l’a mise en chemin
qu’elle n’aura aucune peine à sentir ;
de sorte que si je l’ai perdue en ce monde,
Amour dans l’autre m’en donnera rançon.Mort, qui fais plaisir à cette dame,
je te prie, avant de me détruire,
va la trouver, et fais-toi dire
pourquoi il m’advient que la lumière des yeux
qui me font triste
m’est ainsi ôtée.
Si par un autre elle était recueillie,
fais-le moi savoir, tire-moi d’erreur,
et je mourrai avec moins de douleur.
Quand je pense à Dante, je me revois à Florence, devant une statue le représentant et je dois dire que j’ai été ébahie de me retrouver devant cette dernière dans la ville où il est né. Je ressens encore l’émotion en écrivant ce billet et je dois dire que c’est un moment qui m’a grandement marquée. La beauté de Florence, Dante, l’art… L’Italie dans toute sa splendeur!
Comment trouvez-vous ce texte où l’on perçoit une influence médiévale?
Bien à vous,
Madame lit
DANTE, Rimes, traduit de l’italien par Jacqueline Risset, Paris, Flammarion, 2014.
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Comment ne pas être ému par de tels mots : …celle qui m’ôte chaque jour la lumière que recevaient mes yeux de cette étoile…!
Quel merveilleux choix et quel plaisir que tu aies aimé aussi cette ville où nous avons séjourné 5 jours il y a quelques années pour tenter de tout voir de la beauté de cette ville.
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Un grand auteur dans une ville grandiose! Je suis heureuse de savoir que tu y as séjourné durant 5 jours. As-tu vu la statue de Dante? Au plaisir et merci!
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Sympa ton nouvel avatar 🙂
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Merci! J’ai changé de look! 🙂
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Oui, j’ai vu ça, j’aime beaucoup… 🙂
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Merci! 🙂
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Belle entrée en matière !
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Merci! 🙂
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Wahou, tu commences ce mois italien par du lourd !
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Oui! Mais avec un témoignage sur ma vie… Une brise pour adoucir le tout. 🙂
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