
Nous sommes pris au piège dans une mer de glace. Vingt mille lieues sous l’hiver. (p. 200)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Pour le Défi littéraire 2019 de Madame lit, en janvier, il faut lire un roman dont l’histoire est marquée par la neige. Pour ma part, j’ai choisi Le poids de la neige de Christian Guay-Poliquin. Que raconte ce récit? Matthias, un homme d’un âge avancé et un trentenaire accidenté, sont confinés dans la véranda d’une maison sans électricité dans un village situé dans le bois en plein hiver. Ils doivent s’organiser pour survivre afin de regagner la ville lorsque le printemps reviendra. Ils sont liés par un pacte. Les habitants du village ont promis au vieillard de l’aider à rejoindre sa femme en ville en embarquant dans le premier convoi qui quittera le village s’il prend soins de l’accidenté. Les deux hommes devront affronter de nombreux défis (la faim, la maladie, le froid, la neige, le doute, l’incertitude, la méfiance, etc.). Pourront-ils retrouver leur liberté après la saison blanche?
La neige
J’ai beaucoup aimé l’ambiance contemplative présentée dans le roman. Le narrateur, c’est-à-dire le jeune homme, n’a d’autres choses à faire que d’observer la nature autour de lui, car il est cloîtré dans un lit. C’est Matthias qui s’occupe de le nourrir, de le laver, de chauffer le poêle, de raconter des histoires. Par le biais du regard de l’accidenté, le lecteur a accès à des scènes nordiques magnifiques.
La neige règne sans partage. Elle domine le paysage, elle écrase les montagnes. Les arbres s’inclinent, ploient vers le sol, courbent l’échine. Il n’y a que les grandes épinettes qui refusent de plier. Elles encaissent, droites et noires. Elles marquent la fin de village, le début de la forêt. (p. 11)
Cependant, la neige encercle les protagonistes. Elle est la plupart du temps associée à la lourdeur. Elle crée un climat étouffant, pesant, écrasant. Comme le mentionne le narrateur :
La neige est lourde sur nos petites vies (p. 151).
La neige délimite la vision, condamne les protagonistes dans un lieu clos, dévore le paysage, avale le temps.
Mais encore, la fonte de la neige est associée à l’espoir. L’espoir de quitter la maison qui est en retrait du village, l’espoir pour Matthias de retrouver celle qu’il a aimée toute sa vie, l’espoir de renouer avec les siens, l’espoir de renaître à la vie. Lorsque Matthias quitte le narrateur en quatre roues pour aller rejoindre son épouse, le soleil est plus chaud et la neige fond. Elle se modifie comme les sentiments des protagonistes.
Un vent chaud souffle sur la forêt. Le soleil plombe. Le décor ruisselle de partout et la neige ressemble à de gros cristaux de sel parsemés d’aiguilles de pin, de branches et de feuilles mortes. […]
Je m’assois lourdement dans la neige. Je me sens heureux et inquiet à la fois. Pour Matthias comme pour moi. (p. 290)

Donc, ce livre était parfait pour le défi, car la neige occupe une très grande place dans ce dernier. Elle est vivante et elle ne cesse de balayer la nature, les êtres et le temps. Elle est l’ancre qui empêche les deux personnages de dériver.
Avez-vous lu ce roman? Que pensez-vous de ma lecture de janvier pour le défi?
Bien à vous,
Madame lit
GUAY-POLIQUIN, Christian, Le poids de la neige. Chicoutimi, La peuplade, 2016, 297 p.
ISBN : 978-2-924519-29-5

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Comme toi, j’ai beaucoup aimé ce roman, je l’ai même adoré. On sent le «poids de la neige» sur l’âme des personnages pris dans un huis-clos étouffant. C’est un monde apocalyptique dans lequel on se reconnaît pourtant immédiatement. On se sait trop ce qui cause le désordre qui menace l’équilibre des personnages, mais on sent jusqu’à la fin que tout pourrait basculer. Le vieux nous séduit et nous fait peur; le jeune homme blessé nous emballe et nous déçoit; mais jamais nous ne pouvons décrocher de ce qui leur arrive, de ce qui détruit peu à peu leur fragile entente. Un grand roman, bouleversant.
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Merci beaucoup. Oui, un grand roman qui nous transporte dans une spirale dont il est difficile de s’échapper. J’ai vraiment apprécié cette lecture. On s’attache à ces deux personnages qui réussissent tant bien que mal de survivre sous le poids de cette neige. Bouleversant, chavirant, comme une tempête de neige.
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Voilà un roman qui pourrait me plaire…
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Je crois bien! 🙂
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hop, réservé la bib, en route vers la pilalire !
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Oui! Un très beau moment de lecture pour moi!
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J’ai lu. Et je pense que je vais relire avec un autre angle de lecture parce que j’ai l’impression d’être passée à côté!
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Bien contente que mon billet t’ouvre la porte à une autre lecture!
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Je ne connais pas ce roman, mais il est pile dans ton défi. Il me fait penser à de nombreux film que mon homme regarde sur les catastrophes liées à la neige.
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C’est en plein ça. Des descriptions apocalyptiques sous le signe de la neige.
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Comment ne pas avoir le goût de lire ce roman suite à la lecture de ton texte.
Je retiens principalement cette opposition entre l’hiver et le beau temps qui approche avec l’espoir qui naît.
J’ai beaucoup aimé quelques uns des commentaires qui poussent à une lecture vraiment attentive de ce roman.
Et il neige au moment où j’écris ces lignes…
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Merci beaucoup… Un livre très approprié en ce jour de tempête de neige. J’espère que tu auras la chance de plonger dans cet univers où deux hommes tentent survivre à la saison blanche. Au plaisir!
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