
Chère lectrice, Cher lecteur,
Il y a plusieurs années, j’ai lu L’amélanchier de Jacques Ferron. Vous dire à quel point ce livre est sensible, poétique, envoutant, c’est peu. On sort de cette histoire comme d’un rêve beau et triste qui parle d’identité, d’enfance, du premier pays, celui qu’il faut nommer pour apprendre à vivre et à espérer. Voici mon passage préféré de ce roman et j’ai choisi de le partager avec vous en ce mois sous le signe de la littérature québécoise pour le défi.
Un pays, c’est plus qu’un pays et beaucoup moins, c’est le secret de la première enfance; une longue peine antérieure y reprend souffle, l’effort collectif s’y regroupe en un frêle individu; il est l’âge d’or abîmé qui porte tous les autres, dont l’oubli hante la mémoire et la façonne de l’intérieur de sorte que par la suite, sans qu’on ait à se le rappeler, on se souvient par cet âge oublié. Un pays, c’est plus, c’est moins qu’un pays, surtout un pays double et dissemblable comme le mien, dont la voix s’élève que pour se contredire, qui se nie, s’affirme et s’annule, qui s’use et se réchauffe à lui-même, au bord de la violence qui le détruira ou le fera vivre. Bien avant moi, Anatole Parenteau, cet écrivain-menuisier qui n’a fait qu’un livre, un livre naïf et baroque que mon père aimait bien, La Voix des sillons, un livre surtout touchant par le désarroi qu’il traduit, le terminait par ces mots : « La patrie c’est tout, la patrie c’est rien ». (p. 148-149)
Voici la présentation de ce livre sur le site des Libraires :
«Je me nomme Tinamer de Portanqueu. » Ainsi commence le récit de l’enfance d’une jeune fille qui apprend de son père, lequel travaille à l’hôpital psychiatrique du Mont-Thabor, que le monde est divisé en deux: le bon côté des choses, celui de l’enfance, de la campagne de Maskinongé, de la nature, et plus particulièrement de cet amélanchier qui dans sa floraison amène le printemps, et le mauvais, où règnent Papa Boss, terrifiante figure de Minotaure, les maladies de la ville, les relations humaines complexes et la perte d’une innocence qui aurait pu rendre le monde acceptable. Cette oeuvre s’inscrit dans la grande lignée des livres de l’enfance perdue ou retrouvée, avec Le Grand Meaulnes, Le Petit Prince, Alice au pays des merveilles, Le Diable au corps… Il constitue à tout le moins au sein du corpus québécois l’une des très belles célébrations de l’enfance et de ce qui vient malheureusement après…
N’hésitez pas à le lire; il fait partie des lectures marquantes de Dany Laferrière, membre de l’Académie française.
Bien à vous,
Madame lit
FERRON, Jacques, L’amélanchier, Montréal, Typo, 1992, 206 p.
ISBN 2-89295-086-4

Cet article contient des liens d’affiliation grâce à un partenariat avec la coopérative des Librairies indépendantes du Québec. Vous pouvez commander L’amélanchier de Jacques Ferron par le biais du site Web des Libraires grâce à un lien sécurisé.
Merci pour ce bel extrait…
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Merci à toi! 🙂
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Je me souviens de ce beau texte de Ferron qui tel le bel arbre qu’est l’Amélanchier grandit en nous.
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C’est ça.. on s’en rappelle longtemps. Merci! 🙂
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