
« Le but des pérégrinations est d’aller à la rencontre d’un autre pérégrin.» (p. 305)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Pour mon défi littéraire, en mars, il faut plonger dans l’univers d’une autrice ou d’un auteur ayant remporté le Nobel de littérature. Alors, j’ai choisi de lire Les Pérégrins d’Olga Tokarczuk publié en 2007. Ce roman me permettait, par le fait même, de participer au mois de l’Europe de l’Est organisé par Eva, Patrice et Goran. Olga Tokarczuk s’avère une écrivaine polonaise née en 1962.
Les Pérégrins
Ce roman brosse le portrait de plusieurs personnes éprises de liberté, de nomadisme, de fuite par le biais de courts chapitres. Mais tout d’abord, qu’est-ce qu’un pérégrin? Selon Wikipédia :
Dans l’Empire romain, les pérégrins sont des étrangers, hommes libres, habitant les provinces conquises par Rome, mais ne disposant pas de la citoyenneté romaine, ni du statut juridique des Latins. Ils sont souvent venus à Rome dans le but de faire du commerce.
Pérégrin concerne l’étranger libre, lequel ne jouissait ni du droit de cité ni du droit latin. Un pérégrin est un étranger, un voyageur qui est dans un pays dont il ne vient pas, un nomade, un pèlerin.
Olga Tokarczuk a rédigé 116 chapitres présentant des pérégrinations (voyages). Pour ce faire, elle a mis en scène des mères de famille, des marins, des docteurs, des professeurs, etc. utilisant différents moyens de transport (bateau, train, réseau informatique, etc.) pour se déplacer sur une période s’étalant de 1600 à 2005. Les villes où se retrouvent les pérégrins sont aussi variées comme New York, Amsterdam, Wroclaw, etc. Pourquoi certaines personnes décident-elles de partir? Pourquoi d’autres se retrouvent-elles dans un aéroport ou dans une gare? Que cherchent-elles dans cet ailleurs? Dans ce roman, le lecteur est amené à aller à la rencontre de l’âme des pérégrins, des voyageurs pour peut-être comprendre leur motivation. Par ailleurs, le but de ces voyages à la fois intérieurs et extérieurs se retrouve dans ce désir de rencontrer l’autre. Alors, le mouvement apparaît comme le messager du cœur, le sel de la vie. À cet égard, l’écrivaine pousse son lecteur à réfléchir à son rapport au temps, au corps, aux cartes, aux réseaux de communication et surtout à l’autre.
Comme la tortue du paradoxe de Zénon, nous n’avançons vers nulle part, nous ne voyageons qu’à l’intérieur d’un moment, et il n’y a aucune fin ni aucun but. On pourrait en dire autant de l’espace- puisque nous sommes tous pareillement éloignés de l’infini, il n’existe aucun quelque part – personne ne peut être ancré ni dans un jour ni dans un lieu. (p. 364)
Mais encore, en ce temps marqué par la COVID-19, étant confinée à la maison, je dois vous avouer que ce roman a pris un autre sens pour moi. Les mots de l’écrivaine résonnaient fortement, car je dois enseigner à distance pour que mes étudiants puissent réussir leur semestre. Je me suis posée la question : «Comment rejoindre l’autre en ces temps difficiles, voire stressants? Comment faciliter la communication, le transfert de connaissances à l’autre?» Pour grandir, selon l’écrivaine, il faut nécessairement bouger, voyager, se déplacer, se remettre en question en côtoyant l’autre. Mais comment le faire lorsqu’on est confiné? Comment assumer son rôle? Internet apparaît comme la seule voie, la seule possibilité d’aller vers l’autre. Lire cet éloge au nomadisme au temps du coronavirus s’avère bien paradoxal. Essentiel? Oui, car ce livre est merveilleux; il m’a permis de me balader dans un univers sans frontières en perpétuel mouvement.
Olga Tokarczuk a rédigé un grand roman sur la liberté à travers la pérégrination. À lire pour voyager en soi, hors de soi, pour retrouver un semblant d’humanité en allant à la rencontre de l’autre.
Avez-vous déjà lu Les Pérégrins? Que pensez-vous de ma chronique?
Bien à vous,
Madame lit
TOKARCZUK, Olga, Les Pérégrins, traduit du polonais par Grazyna ERHARD, Lauzanne, Les Éditions Noir sur Blanc, 2010, 380 p.
ISBN 978-2-88250-241-4

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Merci beaucoup pour ta participation…
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Au plaisir!
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Belle chronique ! Un livre sur les voyages en temps de confinement, ça peut être une bonne idée.
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Et c’est un grand livre… À découvrir absolument en ce temps de confinement! Merci!
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Je ne l’ai encore jamais lu mais pour être honnête, le résumé que j’avais lu à l’époque me paraissait peu engageant. La chronique que tu présentes me semble très claire et incite à franchir le pas :-). Merci beaucoup pour cette très belle participation !
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Merci à toi pour ce commentaire. Je suis vraiment heureuse d’avoir lu un roman de cette grande dame de la littérature et d’avoir participé à votre mois de l´Europe en l’Est!
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Quel livre étrange et sublime à la fois ! Je l’ai terminé alors qu’en France, les premières mesures de confinement se mettaient tout juste en place, et c’est je pense aussi une lecture qui permet de ne pas trop suffoquer alors que toutes et tous, subissons ensemble une expérience de solitude et de peur sans pareil. Je te souhaite de vivre cette période compliquée le plus sereinement possible. Nous autres lecteurs et lectrices avons la chance de pouvoir nous évader quotidiennement, et notre passion sera sans doute salvatrice dans ces temps de crise. Bon courage à toi 🙂
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Oui, la littérature peut nous sauver. Heureusement! Merci et bon courage aussi…
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J’adore l’écriture… mais je peine vraiment à finir Les livres de Jakob, de la même autrice! Un jour, je lirai autre chose d’elle… mais pas tout de suite.
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Oui, c’est une écriture assez difficile, mais j’ai bien aimé cette réflexion sur le voyage en cette période de confinement… Merci!
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