
«L’eau est une fleur sombre et un pêcheur une abeille en son sein». (p. 477)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Les prix Pulitzer étaient à l’honneur en mai dernier pour le défi littéraire. Je devais lire Noeuds et dénouement car Annie Proulx a gagné le prestigieux prix pour ce roman en 1994. Mais, je n’ai pas pu le lire… alors, je l’ai lu en juin.
Que raconte ce roman?
Dans ce dernier, il est question d’un homme, Quoyle, un anti-héros. Trompé par sa femme, la belle Petal, à maintes reprises avec différents hommes, il tente tant bien que mal de s’occuper de ses deux fillettes Bunny et Sunshine. Ils vivent en Nouvelle-Angleterre et Quoyle exerce la profession de journaliste. Un événement vient faire basculer la vie de Quoyle. Sa femme meurt dans un accident d’auto en compagnie de son amant du moment. Quoyle devient alors veuf et père célibataire à 36 ans. Une tante vient à sa rescousse et ils décident de partir s’établir à Terre-Neuve, au Canada, dans la maison verte ancestrale abandonnée depuis très longtemps.
À Terre-Neuve, Quoyle va travailler comme journaliste à l’Eider cancaneur, la petite gazette du coin. Au fil du temps, Quoyle va apprendre à défaire les noeuds de son existence pour reprendre en mains sa vie. Il fera la connaissance de Wavey qui lui apprendra l’amour simple, celui qui ne fait pas mal, celui qui ne détruit pas tout.
Il est aussi question d’une communauté où il importe de compter les uns sur les autres pour survivre. Car, sur une île comme Terre-Neuve, il est difficile de survivre aux vents mauvais, aux vagues plus grandes que nature, aux tempêtes hivernales, aux démons des uns et des autres. Ainsi, Quoyle nouera des liens avec les individus qui croisent son chemin. À cet égard, il pourra défaire les mauvais noeuds tributaires du passé.
Mais encore, la nature détient une place importante dans ce roman. Elle est décrite dans toute sa splendeur. Une nature violente, une nature qui fait mal, une nature impitoyable comme elle est souvent au Canada. Quoyle grandira grâce à cette dernière et il deviendra plus fort. D’ailleurs, on lui confie la rubrique des faits divers maritimes, jouant ainsi avec ses peurs les plus profondes car il ne connaît rien à la mer et au bateau et il ne sait même pas nager. Il apprendra aussi que le temps a laissé sa marque sur la nature. Comme le mentionne Billy Pretty :
« J’ai vu la morue et le capelan se réduire de millions de tonnes à deux ou trois seaux. J’ai vu la pêche saisonnière, côtière, pratiquée sur de petits bateaux, devenir l’affaire de navires-usines et de chalutiers à pêche arrière travaillant toute l’année. Maintenant, le poisson a disparu et les forêts ont été rasées. Dévastées, détruites! Pas étonnant qu’il y ait des fantômes par ici. Ce sont les morts arrachés de leur terre par les bulldozers. » (p. 292)
Comment ne pas aimer ce Quoyle? Comment ne ressentir un sentiment de compassion pour lui? Dans sa vie, ce qu’il a reçu en cadeau de sa femme ce sont deux oeufs alors qu’il lui achetait de belles choses. Mais, sur cette nouvelle terre, il prendra racines devant l’immensité de l’océan Atlantique jusqu’à être capable de ressentir un «plaisir indéfinissable» en mer. (p. 241)
L’écriture d’Annie Proulx est magnifique, parfois ironique, souvent touchante et poétique. Je suis très contente d’avoir lu ce roman. C’est un peu le chant de la mer, c’est beaucoup la misère des uns et l’espoir des autres qui sont relatés. Comme il est dit :
«Car si Jack Buggit avait pu sortir de son bocal de cornichons, si un oiseau au cou brisé avait pu s’envoler, que restait-il d’impossible ? Pourquoi l’eau ne pourrait-elle être plus vieille que la lumière, les diamants jaillir du sang chaud d’une chèvre, le sommet des montagnes cracher un feu glacé, des forêts pousser au milieu de l’océan ? Il arrive que l’on attrape un crabe avec l’ombre d’une main, que l’on retienne le vent du soir avec un bout de ficelle noué.
Et il se peut parfois qu’un amour existe sans chagrin ni souffrance.» (p466)
Je vous invite bien humblement à aller à la rencontre de Quoyle, à l’accompagner dans ses balades en mer, à scruter le ciel en sa compagnie, à retrouver à ses côtés un semblant d’espérance et d’humanité.
C’est une ode à la vie malgré les vents mauvais.
Avez-vous lu Noeuds et dénouement? Qu’avez-vous pensé de cette histoire?
Bien à vous,
Madame lit
PROULX, Annie. Noeuds et dénouement, traduit de l’anglais par Anne Damour, Éditions Payot & Rivages, 1999, 482 p.
ISBN : 2-7436-0468-9

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Je garde un très beau souvenir de cette lecture, ça m’avait beaucoup plu! Ce serait à relire tiens 🙂
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Oui, un livre qui serait certainement agréable de relire! Merci :)!
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Je suis très content de lire ton papier. J’ai deux romans de cette écrivaine et je ne les ai pas lus.
Ce que tu en dis m’emballe, spécialement ce qui a trait à la vie à Terre-Neuve et encore à la
découverte de l’amour par Quoyle.
Je vais certainement lire ce roman, tu me donnes vraiment le goût de m’y mettre rapidement.
Merci pour ce papier…
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Je crois que c’est exactement le type de livre à lire pour toi en ce moment. Un livre sur l’amitié, l’amour, l’espérance, les revers de la vie, la nature. C’est fou, c’est violent, c’est un noeud que l’on défait page après page. Tu m’en redonneras des nouvelles!
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Ce livre fera partie de ma prochaine commande…
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J’ai réussi à t’influencer? 😉 🙂
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Et ce n’est pas la première fois 🙂
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Je sais bien… Je te taquine virtuellement! 😉
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😉
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Comment ne pas se laisser embarquer par ton compte-rendu si enthousiaste? Mais je viens tout juste d’emprunter Les fous de Bassan (une recommandation venue d’ici également), alors Annie Proulx va devoir attendre sagement son tour.
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J’ai très hâte de lire ton billet sur «Les fous de Bassan»! Merci beaucoup!
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Forcément ce sont des histoires qui ressemblent à chacun d’entre nous. Dans un tout petit coin de nous.
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Alors ça, c’est très tentant ! Eva m’avait dit que je devais absolument lire ce livre après avoir lu ta chronique et elle a raison. J’ai sur mes étagères « Un as dans la manche » de la même auteure. Il va me falloir sauter le pas en 2020 !
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Je suis très contente de l’apprendre! 🙂 Je vais certainement lire d’autres romans de cette autrice. Un magnifique éloge à la vie lorsqu’on défait les noeuds nous empêchant d’évoluer. Au plaisir!
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