
Chère lectrice, Cher lecteur,
Pour mon défi littéraire, en juillet, il faut plonger dans l’univers d’une autrice ou d’un auteur ayant remporté le prix Goncourt. J’ai choisi d’amorcer le mois avec Le Chasseur zéro de Pascale Roze, prix Goncourt 1996, prix du premier roman 1996.
Laura est une jeune fille au début de l’histoire. Elle est née en 1944 et elle n’a pas connu son père car il est mort en avril 1945 sur le Maryland, un cuirassé américain, à Okinawa. Un kamikaze a frappé le cuirassé faisant exploser le navire. Sa mère et elle vont habiter dans la maison des grands-parents maternels. Dans cette demeure règne le silence autour de la mort du père. Confrontée au vide absolu entourant la figure paternelle, Laura apprendra par bride ce qui est arrivé à son père. Cependant, un bruit résonne en elle, commence à meubler le silence en elle et autour d’elle, à la rattacher à l’autre, au père. En grandissant, elle ne cesse d’entendre ce bruit. Une amie, Nathalie, lui offre en cadeau le journal intime d’un kamikaze de 18 ans nommé Tsurukawa Oshi s’intitulant Je mourrai è Okinawa. À partir de ce moment, le bruit possède un nom : Tsurukawa Oshi. Les mots du Japonais vont la posséder, vont être son alter ego. Alors qu’elle sacrifie sa vie à meubler le silence de la mort du père, Tsurukawa Oshi a donné la sienne pour son empereur. À cet égard, un lien plus fort que tout va se tisser entre Laura et le Japonais puisqu’elle va associer sa quête d’absolu à celle du kamikaze.
Puis, elle tombe amoureuse de Bruno, un jeune musicien et elle lui mentionne :
«Je dis que j’étais poursuivie par un bruit, que ce bruit était un avion, qu’il y avait un Japonais dans cet avion». (p. 111)
En ce sens, elle lui explique qu’elle n’est pas seule, qu’elle est habitée par un autre, par la mort. Elle finira par pousser son amoureux dans les bras d’une autre.
Dans un ultime geste, elle s’identifie au kamikaze en tentant d’affronter la mort les yeux ouverts. Ainsi, elle peut rejoindre la figure paternelle associée au kamikaze japonais.
«Heureusement, j’avais un frère, un frère exceptionnel, qui m’attendait, et qui s’appelait Tsurukawa. Ma vie devait couler vers lui comme un ruisseau rejoint la rivière.» (p. 136)
Ce livre est ensorcelant. Il entraîne le lecteur dans une plongée dans l’infini imposée par la chute de l’avion du kamikaze. Les phrases sont courtes, le drame terrible. Le lecteur se sent prisonnier de ce bruit. Il est lui aussi poursuivi par ce chasseur zéro qui le ramène au néant. Chacun possède son vide, chacun possède son chasseur zéro, chacun entend un bruit le happant vers un horizon marqué par la mort. C’est cela lire Le Chasseur zéro. C’est beau, c’est triste, c’est la quête d’une femme fusionnée à la figure paternelle dans la mort.
Avez-vous déjà lu Le Chasseur zéro?
Bien à vous,
Madame lit
ROZE, Pascale, Le Chasseur zéro, Paris, Club France Loisirs, 1996, 152 p.
ISBN 2-7441-0678-X

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Je connais pas cette écrivaine et ce que tu dis du roman donne le goût de le lire.
Intriguant me semble ce roman.
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Oui, un roman intriguant et palpitant! Merci!
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Je ne connaissais pas…
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Au plaisir alors! 🙂
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Un Gongourt que je n’ai pas encore lu. Tu m’en donnes l’envie. Merci.
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Bien contente alors! 🙂 Merci!
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Découverte complète pour moi, aussi bien le livre que l’auteure. Merci !
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Au plaisir! 🙂
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