«Il voyait le vaste horizon et le vaste ciel». (p. 26)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Pour participer aux Feuilles allemandes 2020, j’ai décidé de lire Olga de Bernhard Schlink. J’avais déjà lu Le liseur de cet auteur et j’avais beaucoup aimé son livre. Alors, je voulais renouer avec la plume de Schlink.
Que raconte cette histoire?
Ce récit est composé de trois parties.
La première est racontée par un narrateur qui suit Olga de son enfance jusqu’en 1945, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Ce dernier relate l’amour qui se développe entre Olga, pauvre orpheline élevée par sa grand-mère paternelle à la fin du XIXe siècle et Herbert, nommé ainsi par son père, un riche industriel allemand afin qu’il soit «un guerrier radieux». Olga devient une institutrice tandis qu’Herbert souhaite conquérir le monde car il est hanté par le vaste horizon, le vide, l’inconnu, l’immensité sans fin. Il entreprend un voyage en Afrique, puis en Arctique pour l’honneur de l’Allemagne. Reviendra-t-il de sa seconde expédition? Olga l’attend en compagnie du petit Eik, un enfant du voisinage dont elle s’occupe.
Dans la seconde partie, le narrateur est le fils de la maison chez qui Olga fait de la couture à la fin de sa vie. Ce dernier parle de sa relation avec Olga, vieille femme à qui il devient attaché. Ils vont voir des films, parlent. Olga lui raconte les exploits d’Herbert, elle lui parle de son amour.
Dans la troisième partie, il est question des lettres qu’Olga a envoyées à Herbert au fil du temps.
Ce que j’en pense
J’ai beaucoup aimé l’ambiance du livre. L’écrivain m’a bien fait ressentir la misère d’une femme confrontée à la grandeur d’une nation à travers le temps. Chaque homme qu’elle aime (Herbert, Eik) veut accomplir quelque chose de grand pour l’Allemagne. Comme Olga le relate à Herbert dans sa lettre du 26 juillet 1939 :
Dans les caves de cet Office central de sécurité du Reich, les prisonniers sont torturés. Je le sais, tout le monde le sait. Il a dit que c’est nécessaire, et que je n’y entends rien parce que je ne comprends rien à l’époque nouvelle. Cette époque nouvelle, je ne la comprends que trop bien. C’est l’ancienne, sauf que cette fois l’Allemagne doit devenir encore plus grande, qu’elle a encore davantage d’ennemis et qu’elle a encore plus besoin de vaincre. Et ça crie encore plus fort, je l’entends quoique je sois sourde. (p. 259-260)
L’attente s’avère un thème souvent exploité en littérature. D’ailleurs, j’ai pensé à l’inoubliable héroïne de Makine dans La femme qui attendait, roman que j’ai adoré, en lisant celui de Schlink. Dans Olga, l’attente est vivante. Olga attend son amour pour ne pas mourir, pour vivre. Alors que pour Herbert, vivre pour la gloire de la patrie s’avère essentiel pour tenter d’atteindre l’inaccessible, Olga, de son côté, vit pour la gloire de l’amour. Son temps est indissociable de son amour. Il lui fait battre le coeur, il martèle son quotidien, il est sa mort, sa religion, sa folie. C’est beau, c’est triste, c’est le destin des femmes d’une époque.
C’était une très belle lecture. Je ne peux que vous recommander ce roman et l’histoire de cette femme durant une période marquée par les guerres.
Aussi, j’ai particulièrement aimé la construction de ce roman et sa dernière partie, où l’on a accès aux lettres d’Olga. À travers les missives, j’ai eu accès au coeur d’Olga, à son immense amour un peu fou, à cette profondeur absolue qui la caractérise.
Schlink, par ce roman, dresse le portrait d’une femme simple confrontée aux ambitions de son pays.
Valentyne de La jument verte a aussi lu ce roman pour les Feuilles allemandes. Pour lire sa chronique, vous pouvez cliquer sur La jument verte.

Vous avez déjà lu du Bernhard Schlink? Vous aimez le thème de l’absence?
Bien à vous,
Madame lit
SCHLINK, Bernhard. Olga, traduit de l’allemand par Bernard Lortholary, Paris, Gallimard, coll. Du monde entier, 2018, 266 p.
ISBN 978-2-07-279980-8

Cet article contient des liens d’affiliation grâce à un partenariat avec la coopérative des Librairies indépendantes du Québec. Vous pouvez commander le livre mentionné par le biais du site Web des Libraires grâce à un lien sécurisé.
Merci pour cette participation aux Feuilles Allemandes. C’est un titre sur lequel j’ai lu beaucoup d’avis positifs, c’est très tentant !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci à toi pour l’organisation!
J’aimeJ’aime
J’aime le thème de l’absence et pourtant je n’ai jamais lu Bernhard Schlink…
J’aimeAimé par 1 personne
As-tu lu «La femme qui attendait» de Makine?
J’aimeAimé par 1 personne
Non plus, mais je connais de nom…
J’aimeAimé par 1 personne
D’accord…
J’aimeAimé par 1 personne
J’avais lu moi aussi Le Liseur, un excellent roman !
Celui-ci a l’air tout aussi intéressant, en abordant également la période hitlérienne.
J’aimeAimé par 1 personne
Oui. Il revient à cette période. La construction du roman est excellente dans celui-ci! Merci!
J’aimeAimé par 1 personne
J’avais lu Le Liseur et Olga est sur ma liste depuis sa sortie. Les avis sont en général très positifs et tu confirmes. Je vais le souligner dans mon carnet 🙂 Merci pour le partage et ta participation aux Feuilles allemandes 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Merci à vous trois pour l’organisation des «Feuilles allemandes». J’ai vraiment aimé le portrait de cette femme marquée par une idéologie de grandeur à travers les hommes.
J’aimeJ’aime
Je me retrouve dans votre lecture. J’avais aussi beaucoup aimé ce roman, l’atmosphère, le thème et puis sa construction. Vous citez en parallèle l’un de mes romans favoris de A.Makine. De B.Schlink, je n’avais lu que Le Liseur, qui m’avait fait forte impression. A propos du thème de l’attente et de l’expédition polaire, avez-vous lu Monde sans rivage de Hélène Gaudy ?
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup pour votre commentaire. Je l’apprécie. Je n’ai pas lu «Monde sans rivage» d’Hélène Gaudy. Je vais le noter. Au plaisir!
J’aimeJ’aime
Comme toi j’ai beaucoup apprécié ce roman pour la forte personnalité d’Olga
l’auteur que je n’avais plus lu depuis pas mal de temps m’a vraiment procuré du plaisir de lecture
J’aimeAimé par 1 personne
Bien contente de l´apprendre. Merci beaucoup!
J’aimeJ’aime