«Au Québec, on a tous du sang indien. Si ce n’est pas dans les veines, c’est sur les mains». (p. 105)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Pour ma seconde lecture pour le défi, j’ai décidé de plonger dans l’univers d’Éric Plamondon par le biais de Taqawan. Pour ce livre, l’auteur a remporté le Prix littéraire France-Québec en 2018. Je ne pouvais passer à côté de ce roman. Je voue une admiration inconditionnelle au travail d’écrivain d’Éric Plamondon. C’est le cinquième roman que je lis de lui. J’avais adoré sa trilogie 1984 (Hongrie-Hollywood Express, Mayonnaise, Pomme S) et Oyana. Avec Taqawan, je n’ai pas été trop déstabilisée par le style fragmenté de l’auteur, car il reprend le même procédé dans sa trilogie, c’est-à-dire que chaque petit chapitre raconte une histoire. Il y a l’Histoire qui rencontre la petite histoire.
Que raconte Taqawan?
En 1981, en Gaspésie, éclate un conflit entre les autochtones, les Mi’gmaq, et les forces de l’ordre concernant la pêche au saumon. Les Mi’gmaq se voient interdire de pêcher le saumon. C’est brutal, c’est violent, c’est insensé. En parallèle, une adolescente autochtone, Océane, est violée par des policiers. Elle réussit à s’enfuir et Yves, un garde-chasse ou un agent de la faune, la trouve. En compagnie de William, un autre autochtone vivant en retrait, Yves va aider Océane à retrouver les siens. Ce ne sera pas facile car des embûches parsèment son chemin. Il trouvera aussi de l’aide auprès d’une enseignante française, Caroline, venue au Québec pour le travail.
Ce que j’en pense
Je dois avouer que je ne connaissais pas trop cette histoire de 1981 entre les Mi’gmaq de Ristigouche et le gouvernement. Je ne savais pas qu’on avait voulu leur interdire la pêche au saumon. Alors, encore une fois, je dois dire que j’ai beaucoup appris grâce à Plamondon et son style. Dans ce roman, il est question de la sédentarisation imposée aux autochtones, il est question de la perte de leurs droits d’être, il est question de leurs droits de subsistance, il est question de la violence faite aux femmes autochtones, il est question de la brutalité policière et de réseaux de trafiquants, etc. Comme le saumon qui remonte à sa source, Plamondon retrace l’Histoire de cette Amérique marquée par la violence et le sang des Indiens. Il le fait, et il le fait remarquablement bien.
Mais encore, j’aime lorsque Plamondon explique l’origine des mots.
«En langue mi’gmaq, on nomme taqawan un saumon qui revient dans sa rivière natale pour la première fois. Il passe de un à trois ans en mer. En anglais, on parle d’un grilse. En français, s’il revient après un an, on dit un madeleineau. Ce terme fait référence à la Sainte-Madeleine, qu’on fête le 22 juillet. À cette période, on pêche beaucoup de taqawan.» (p. 83)
Dans ses romans, Plamondon reprend cette façon de faire. Il importe de comprendre l’origine des choses pour savoir où l’on va, à l’image du saumon qui remonte à sa source première.
Si vous aimez les écrivains possédant une profondeur et une faculté d’analyse extraordinaire qui réussissent à tisser intelligemment des liens entre des faits historiques, vous allez aimer lire du Éric Plamondon, tout comme moi. N’hésitez pas à le lire. L’Amérique, c’est sa source d’inspiration. Il dénonce, il remet en question, il ironise, il oppose des modes de vie. Ici, les opprimés, ce sont les Mi’gmaq, mais ils ne sont pas sans reproche. C’est ça du Plamondon. C’est bien plus qu’une histoire de pêche…
Avez-vous déjà lu du Plamondon? Que pensez-vous de Taqawan?
Bien à vous,
Madame lit
PLAMONDON, Éric. Taqawan, Montréal, le Quatarnier, 2017, 215 p.
ISBN : 978-2-89698-308-7

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Encore un titre que je ne connaissais pas mais qui me semble intéressant…
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C’est vraiment intéressant… Avec Plamondon, c’est toujours une lecture dynamique et dynamite!
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Je l’avais lu en 2018 et j’avais beaucoup aimé 🙂
https://pativore.wordpress.com/2018/09/27/taqawan-d-eric-plamondon/
Par contre, je n’ai pas encore lu son 2e roman…
Bon weekend 🙂
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Merci pour le lien! J’irai lire ton billet. 🙂 Bonne fin de semaine!
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Jusque là je n’ai lu que Oyana, que j’ai bien aimé (et pourtant ma libraire disait que c’était moins bon que Taqawan et surtout la Trilogie – que je me suis empressée d’acheter, mais il faut que je lui fasse place).
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Bien contente de lire que tu aimes comme moi les livres d’Eric Plamondon. J’espère que mon article va t’inciter à lire un jour «Taqawan». Merci!
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