«Je passais rapidement, comme une ombre, sans regarder le public, je prenais place en baissant les yeux, je posais mes mains sur le clavier.» (p. 66)
Chère lectrice, Cher lecteur,
J’ai décidé de lire L’accompagnatrice de Nina Berberova dans le cadre du mois de l’Europe de l’Est organisé par Eva, Patrice et Goran. Pourquoi ce livre? Je l’avais tout simplement dans ma bibliothèque depuis un certain temps et j’ai eu envie de découvrir la plume de l’autrice et de plonger dans cette histoire de passion, de drames et de honte.
Que raconte cette histoire?
Sonia, gentiment prénommée Sonetchka, a grandi sous le signe de la honte, car elle n’a pas de père. C’est le début du XXème siècle en Russie. Cette dernière est issue d’un milieu pauvre. Sa mère travaille comme professeure de piano pour subvenir à leurs besoins de base. Sonetchka se sent laide, sans intelligence, vide. À dix-huit ans, elle doit pour survivre jouer du piano dans des clubs à Pétersbourg. Puis, elle accepte de devenir l’accompagnatrice au piano de la cantatrice Maria Nikolaevna Travina. Elle passe d’un endroit froid, sale, marqué par la faim à un où il fait chaud et où la nourriture ne manque pas. C’est comme si la Révolution d’Octobre n’existait pas chez la cantatrice. Mais, Sonetchka en veut à la vie. Elle a des comptes à régler avec cette dernière par rapport aux injustices sociales. À cet égard, elle développe une haine pour Maria Nikolaevna Travina qui représente la beauté, la perfection, l’abondance. Elle veut se venger… de quoi? de qui? Elle ne le sait pas, mais elle fera tout pour chercher la faille chez celle qui pourtant l’aime. Un drame se profile à l’horizon et il fera basculer le destin du trio formé par Sonia, Maria et Pavel, l’époux de la cantatrice. Les trois ont dû s’exiler à Paris.
Ce que je pense de…
Après avoir terminé la lecture de L’accompagnatrice, j’ai cherché de l’information sur le net pour découvrir un peu la vie de Nina Berberova (1901-1993). Je ne la connaissais pas. Je n’avais rien lu d’elle. Puis, je suis tombée sur un documentaire réalisé par France 3 sur Nina Berberova et j’ai pu l’entendre raconter sa vie, aborder ses influences et parler de la Russie. Le parcours de ces grands auteurs s’avère presque inconcevable. Il est bon d’avoir un tel témoignage, de pouvoir voir des photos, car ce qu’ils ont vécu, c’est l’Histoire. N’hésitez pas à regarder cette vidéo si le vingtième siècle vous intéresse. Nina Berberova, née d’une mère russe en 1901 à Saint-Pétersbourg et d’un père arménien, vous charmera. C’est une grande dame…
Mais revenons à L’accompagnatrice. Dans ce récit, j’ai bien perçu les injustices sociales entre la haute bourgeoisie de Saint-Pétersbourg et les pauvres. À quel point la honte d’avoir grandi dans la pauvreté peut engendrer une honte destructrice. Mais encore, la honte peut être à double tranchant. Elle est perceptible physiquement d’un côté et elle peut être cachée de l’autre. C’est un peu le drame qui se joue sous nos yeux. Je m’explique. Alors que Sonetchka vit depuis toujours avec la honte, Maria Nikolaevna Travina cache un secret. Quel est-il? A-t-elle honte? Comme la présente Sonetchka :
Elle se déplace, elle parle, elle chante d’une manière assurée, ses mains accompagnent ses paroles et ses mouvements d’une façon si calme, si égale, elle garde en elle une espèce de chaleur, d’étincelle – divine ou diabolique-, elle a le oui et le non précis. (p.33)
La narratrice joue sur l’antagonisme divin-diabolique. Ainsi, le lecteur tente de comprendre Maria Nikolaevna Travina; il doute de ses intentions. Cette dernière possède des secrets. A-t-elle honte de ses sentiments? Est-elle un ange ou un démon comme l’évoque Sonetchka?
De surcroit, la plume de Nina Berberova va à l’essentiel. Ses descriptions ne sont pas superflus. Son univers est intime, puissant.
Si vous avez envie de découvrir un court récit bien écrit, il ne faut pas hésiter à lire L’accompagnatrice. Grâce au mois de l’Europe de l’Est, j’ai découvert une grande dame de la littérature au destin extraordinaire.
L’avez-vous lu?
Bien à vous,
Madame lit
BERBEROVA, Nina, L’accompagnatrice, traduit du russe par Lydia CHWEITZER, Paris, Les Éditions J’ai lu, 1992, 179 p.
ISBN : 2-277-23362-5

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Merci beaucoup pour ta participation. De Nina Berberova, je te conseille « Le cap des tempêtes », je l’avais trouvé extraordinaire…
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Merci! Je vais le lire. 🙂 Tu as lu «L’accompagnatrice»?
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Non, mais je vais le faire…
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D’accord! 🙂 Merci.
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Une bien belle chronique qui respire l’humain… et ses fêlures.
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C’est bien ça….Merci!
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C’est un classique que j’avais lu il y a déjà bien longtemps. Merci pour ton très joli billet !
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Merci beaucoup!
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« l’accompagnatrice » est un excellent livre, je l’avais beaucoup aimé ! L’héroïne a des sentiments très ambigus, entre l’amour et la haine. Comme Goran je vous conseille « le cap des tempêtes » car il est encore meilleur !
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D’accord. Je vais lire «Le cap des tempêtes». J’ai déjà hâte. Merci!
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Tu me donnes envie de le relire, ma lecture date. Merci pour le documentaire qui va me permettre d’en savoir plus.
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Oui. J’en ai appris beaucoup sur l’autrice par le biais du documentaire. Bon visionnement!
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