«Il ne faut pas avoir peur des vagues qui agitent votre âme. C’est ça la vie». (p. 461)
Chère lectrice, Cher lecteur,
J’ai décidé de lire Le Vieux Jardin de Hwang Sok-Yong à la suite d’une recommandation à La Grande Librairie. J’ai pris mon temps pour lire cette histoire. Mais, quelle belle histoire! J’ai été enchantée par la puissance du récit, j’ai été portée à des milliers de kilomètres de mon confort, j’ai été hypnotisée par une grande histoire d’amour, j’ai été confrontée à l’Histoire de la Corée que je ne connaissais presque pas. C’est une lecture dont il est difficile de se remettre, car cette dernière aborde la Vie sous toutes ses coutures. Elle décrit un rêve plus grand que nature qui se termine mal, elle puise dans la résilience la force d’aimer.
Que raconte Le Vieux Jardin ?
En Corée du Sud, à la fin des années 90, O Hyônu sort de prison après 18 ans d’enfermement. Ce dernier avait été condamné à purger une peine pour avoir été à la tête d’un mouvement d’opposants au régime politique, car un vent de liberté soufflait à cette époque, après «le printemps de Séoul». Il finit par retrouver l’extérieur, sa liberté et il découvre que la femme qu’il aime toujours, Han Yunhi, une artiste peintre, est morte d’un cancer il y a 3 ans. Durant les années où il a été emprisonné, elle lui a écrit des lettres qu’il n’a pas pu recevoir, elle a consigné sa vie et ses pensées dans des cahiers, elle a peint, elle a dessiné. Il a accès à tout cela. Elle lui relate l’histoire de la Corée. Ainsi, il apprend qu’elle a fait partie d’un mouvement de résistance, qu’elle a vécu en Allemagne, qu’elle a été témoin de la chute du mur de Berlin. À cet égard, O Hyônu découvre l’engagement d’Han Yunhi et à quel point elle était une femme forte, moderne, condamnée à vivre sans lui.
Ce que je pense du Vieux Jardin
Il est difficile de parler de l’émotion qui m’a habitée durant ma lecture. Ce livre possède comme thème principal l’absence. Mais cette absence a été comblée par l’amour, car le régime militaire à la suite du massacre de Kwangju, n’a pas réussi à tuer l’amour. À travers sa plume, Han Yunhi décrit la Vie à O Hyônu . Elle ne cesse de penser à lui. Il l’accompagne. Ce vieux jardin, c’est l’utopie créé par une génération qui rêvait à des jours meilleurs pour les leurs. Comme le mentionne Han Yunhi à O Hyônu :
«Toi au-dedans et moi au-dehors, nous avons vécu le monde. Ce fut parfois difficile, mais réconcilions-nous avec les jours passés». (p. 668)
Han Yunhi s’avère un personnage magnifique. Elle traite de la montée du capitalisme qui va s’infiltrer partout. Elle a un regard juste qui décrit bien ce que nous vivons aujourd’hui :
«-On bosse comme des malades, on gagne des sous et on fait des achats. (p. 623)»
L’être humain est condamné à devenir de plus en plus matérialiste et tout cela au nom d’un capitalisme sauvage qui s’est infiltré dans des sociétés qui n’ont rien demandé. Les partisans du capitalisme ont des intérêts, on le sait, et ils ont été aidés dans les sphères les plus hautes des populations mondiales et ce, au coeur même des régimes militaires. La lutte contre l’inégalité des classes a motivé plus d’une génération. Mais à quel prix?
Comme le mentionne Yuhni :
«Mais le monde que tes livres te faisaient convoiter n’étaient sûrement ni monotone ni paisible. Il se trouvait au coeur du tourbillon né d’une lutte permanente, résolue et acharnée pour l’égalité des classes. Contre les ennemis de la révolution qui guettaient. Ne vois pas dans l’existence que nous menions la médiocrité d’une vie bourgeoise. Mes désirs ne vont pas plus loin que cette insignifiance. Quel que soit le régime politique, notre refuge à toi et à moi sera toujours là. Et pour moi, l’idéologie n’a aucune importance. Pourvu que tu sois à mes côtés… (p. 240)»
À mon humble avis, il faut lire Le Vieux Jardin. Je suis extrêmement reconnaissante envers l’auteur d’avoir créé cette fresque, car j’ai pu en apprendre davantage sur la Corée du Sud et sa culture, sur les régimes politiques, sur ce qui se passe aujourd’hui. Car pour comprendre où l’on va, il faut savoir d’où l’on part. Je suis aussi reconnaissante envers l’auteur, car j’ai adoré le personnage de Yuhni. C’est un personnage féminin exceptionnel qui témoigne de la désillusion de sa génération et à quel point, l’espace d’un moment, un vieux jardin peut devenir précieux.
Avez-vous déjà lu Le Vieux Jardin? Que pensez-vous de mon billet?
Bien à vous,
Madame lit
SOK-YONG, Hwang. Le Vieux Jardin, traduit du coréen par Jeong-Eun-Jin et Jacques Batilliot, Paris, Zulma, 2019, 689 p.
ISBN : 978-2-84304-837-1

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Quel magnifique texte. J’ai lu le premier paragraphe et je voulais lire ce roman. Ton enthousiasme est communicatif.
Je vais trouver le roman et m’y mettre…
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Je te le conseille vraiment… C’est une merveilleuse histoire. Merci!
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Je ne connaissais pas, mais on sent à travers ton article que tu as beaucoup aimé… 🙂
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Tu as peut-être vu l’adaptation cinématographique? J’ai réalisé en lisant le livre que j’avais vu le film…
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Je n’ai pas non plus vu le film…
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D’accord…
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Quel mise en lumière chargée d’émotions que ta chronique sur ce vieux jardin. On est touché à te lire et on a envie d’en découvrir plus. Magnifique partage de cette lecture qui touche au coeur de l’Homme! Merci!
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Je suis bien contente de l’apprendre. C’est gentil. Vraiment… Merci!
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Quelle belle chronique ! Vous donnez envie de découvrir ce livre grâce à votre enthousiasme ! On ne met pas souvent en lumière les romans coréens.
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Merci beaucoup… un livre à découvrir. C’est tellement beau…
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Très belle note de lecture, je sais que je relirai cet auteur 🙂
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Nous sommes deux alors! 🙂
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