Chère lectrice, Cher lecteur,
Permettez-moi de partager avec vous un peu d’histoire de mon pays. En ce sens, dans une vente de livres usagés à la bibliothèque de La Malbaie dans Charlevoix au Québec, j’ai trouvé une petite perle : l’édition de 1919 du livre Un Canadien errant d’Ernest Bilodeau.
Dans la préface, Ernest Bilodeau interpelle son lecteur en lui expliquant la raison d’être de ce livre. Voici sa présentation :
Mon cher lecteur, j’ai réuni à votre intention des lignes écrites sans un art et sans apprêt, mais qui sont canadiennes tant qu’elles peuvent. Elles ont paru déjà pour la plupart, dans les colonnes de l’«Action Sociale», dont l’extrême bienveillance à mon égard ne s’est jamais démenti. Elles m’ont valu alors des amitiés nombreuses, connues ou inconnues, qui me sont très chères.
C’est pour les conserver, c’est pour retrouver les amis fidèles du «Canadien errant» des années dernières, que j’ai rassemblé ici ces feuilles dispersées, dont le seul mérite est d’être sincères et de rapporter de leur mieux des événements canadiens ou parisiens, qui n’étaient pas sans intérêt. (p. 7)
Mais encore, l’auteur avait comme but de créer un lien entre la France et le Canada-français (à l’époque, on parlait peu du Québec). Il faut aussi rappeler que le Canada-français s’est également appelé La Nouvelle-France.
En ce sens, ce livre se veut surtout le témoignage d’une époque car Ernest Bilodeau était journaliste pour l’Action sociale et ce sont ses missives, ses chroniques qui sont rassemblées. Peut-on parler de livre-chronique? J’imagine que oui. Il est question de l’église catholique, de la vie d’un Canadien à Paris, de la presse, des paysages canadiens, des événements du moment, etc.
J’ai trouvé certains passages remplis d’humour. Par exemple, voici la description d’un menu parisien. Comme Ernest Bilodeau écrit le 10 janvier 1910, à Paris :
Le soir, une heureuse initiative réunissait la colonie canadienne en un banquet au Café LeDoyen, avenue des Champs-Elysées, et je vous prie de croire que les solides estomacs canadiens firent bon accueil à un menu exquis dont je citerai seulement pour mémoire :
Consommé à la Québécoise.
Filet de boeuf à l’Alberta.
Turbotin à la Robert.
Salade au traité franco-canadien. (p. 46)
Drôle n’est-ce pas?
Doit-on lire ce livre? Je ne sais pas, mais pour une passionnée comme moi, oui. Une chose est certaine, c’est que grâce à l’utilisation des termes Canadien errant, Ernest Bilodeau a poursuivi la création d’un mythe.
Mais encore, le Canadien errant a fait couler de l’encre et ce bien avant le livre d’Ernest Bilodeau. Antoine-Gérin Lajoie avait écrit une chanson «Le Canadien errant» en 1842 à la suite de la déportation de certains jugés rebelles lors de la Rébellion du Bas-Canada en 1837-1838. Certains ont été déportés en Australie et aux États-Unis. D’autres ont carrément été tués.
Leonard Cohen a quant à lui chanté, en français, ce qui est plutôt rare, une très belle version du «Canadien errant» afin de parler de ceux qui ont été jugés comme des traites envers la patrie et qui ont été déportés. Je la partage ici avec vous.
Alors, voici ma brève présentation du Canadien errant faisant partie de notre imaginaire collectif depuis plusieurs années. Ce Canadien errant a été chanté et a été aussi une sorte de pseudonyme pour un journaliste. Au départ, le Canadien errant était un patriote.
Connaissiez-vous certains faits présentés dans cet article?
Bien à vous,
Madame lit
BILODEAU, Ernest. Un Canadien errant, Imprimerie La Salle, 1919, 251 p.
Quel plaisir de savoir que tu as trouvé ce livre. Ce ne doit pas être évident pour un français qui écoute et qui voudrait lire ce livre. Je ne sais si je peux le trouver quelque part dans ma ville…
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J’ai été chanceuse de tomber sur ce dernier. Je crois qu’il faudrait fouiller à ta bibliothèque car elle doit avoir un exemplaire, peu importe l’édition. Merci!
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