« Les Chutes! On ne parvient pas à croire qu’elles peuvent vous tuer. Alors qu’elles sont pur esprit». (p. 100)
Chère lectrice, Cher lecteur,
J’ai décidé de lire Les chutes de Joyce Carol Oates pour plusieurs raisons. Tout d’abord, je suis une admiratrice du talent de l’illustre autrice prolifique américaine. J’ai lu d’elle Blonde et je dois avouer que j’ai été marquée par cette histoire. De plus, j’aimerais bien aller visiter les chutes du Niagara car je n’y suis jamais allée (honte à moi!). Ces chutes sont situées en Ontario, au Canada, à la frontière américaine. Mais encore, j’ai ce livre dans ma bibliothèque et je tente de lire les bouquins que j’ai achetés au fil du temps. Qui plus est, ce livre a permis à Joyce Carol Oates de remporter le prix Femina étranger en 2005.
Que raconte Les chutes?
Après sa nuit de noce, Ariah Littrel se retrouve veuve. À peine réveillée, la mariée apprend que son époux, un jeune révérend, s’est jeté dans les chutes du Niagara. Ainsi, s’amorce une recherche du corps qui dure sept jours et sept nuits. Ariah erre vêtue de sa robe blanche parmi les différents groupes responsables de l’enquête et de la découverte du cadavre de son mari. Ariah est rapidement surnommée la Veuve blanche par la presse. Un brillant avocat connu à Niagara Falls, Dick Burnaby, se tient à ses côtés pour tenter de lui apporter du soutien. Il tombe sous le charme de la Veuve blanche, cet être de l’extrême. Mais autour d’eux, l’esprit des chutes rôde. Malédiction, ensorcellement, châtiment, pourquoi le sort d’Ariah est-il relié aux Chutes?
Ce que j’ai pensé des Chutes?
Il est des personnages comme Ariah qui sont comme je le considère des êtres de l’extrême, de l’absolu. Je peux citer, entre autres, Vera dans La femme qui attendait de Makine. Ces personnages vivent selon leur propre mode de vie, en fonction d’un idéal et ils n’y renoncent pas, peu importe le temps. Comme le mentionne Dick pendant la recherche du cadavre du révérend :
«Il aurait voulu se tenir à côté d’elle près du garde-fou et passer un bras autour de sa taille. Il aurait voulu pour lui cette férocité d’attention, cette fidélité. Il ne pouvait croire que le révérend Gilbert Erskine la méritât. Il le haïssait, le détestait de pouvoir, même mort, captiver cette femme à ce point. Tout en pensant Elle est au-delà de la douleur. Au-delà de l’amour d’un homme.» (p. 101-102)
Je les aime ces protagonistes de l’extrême, de l’absolu, de l’au-delà. Alors, je peux vous dire que j’ai vraiment apprécié ma lecture à cause de ce merveilleux personnage qu’est Ariah. J’ai savouré chaque phrase de ce récit. Le lecteur a aussi accès aux perceptions des enfants d’Ariah. Le lecteur découvre une mère très protectrice, solitaire, fuyante, une merveilleuse pianiste qui s’isole du voisinage.

Niagara Falls
Mais encore, j’ai apprécié ce livre à cause des Chutes. Ces dernières sont un personnage à part entière dans le récit. Elles animent l’esprit des protagonistes, elles les ensorcellent et elles s’avèrent bien souvent synonyme de mort et de beauté. La plume de l’autrice devient d’ailleurs lorsqu’elle les décrit envoûtante. Le lecteur est happé dans un tourbillon de mots, d’eau l’entraînant inévitablement vers la mort. Les phrases sont saccadées à l’image des gouttelettes s’échappant des chutes. Le recours au vous et au nous provoque un effet chez le lecteur. Un effet de vie, un effet de mort, un effet hallucinant.
«L’endroit le plus dangereux de Goat Island, en même temps que le plus beau et le plus envoûtant. Là, les rapides sont pris de frénésie. Une eau blanche bouillante, écumeuse, fuse à cinq mètres dans les airs. Aucune visibilité, ou presque. Un chaos de cauchemar. Les Horseshoe Falls sont une gigantesque cataracte de huit cent mètres de long, trois mille tonnes d’eau se précipitent chaque seconde dans les gorges. L’air gronde, vibre. Le sol tremble sous vos pieds. […] C’est peut-être cela, la promesse des Chutes? Le secret?
Comme si nous en avions assez de nous-mêmes. L’humanité. L’issue est là, seuls quelques uns le pressentent.» (p. 19)

Chute de Niagara Falls
De surcroit, dans ce récit, il est question d’une Amérique malade. Une Amérique cachant la vérité aux sacrifiés au nom du pouvoir, au nom de l’économie, au nom de l’argent. Une Amérique remplie de préjugés sur la couleur de la peau, sur le sexe, sur les choix d’aimer qui l’on veut. A-t-elle changé cette Amérique? J’en doute… La nature est oubliée. L’être humain cache des trésors de cruauté et d’absurdité. La vérité est cachée, camouflée et personne dans une communauté ne peut s’élever pour la verbaliser, la dévoiler.
Devez-vous lire Les Chutes? Oui. Pour aller à la rencontre d’Ariah, de Dick, de leurs enfants qui sont eux-aussi en quête d’une Vérité : celle du père sacrifié.
C’est dérangeant, c’est cruel, c’est une critique sociale.
J’ai déjà hâte à ma prochaine lecture d’un bouquin de Joyce Carol Oates.
M. Robert Benoit a eu la gentillesse de préparer cette vidéo à partir de ses souvenirs de chutes. Je le remercie car je ressens une impression de grandeur en la regardant.
Avez-vous déjà lu Les chutes?
Bien à vous,
Madame lit
OATES, Joyce Carol. Les chutes, traduit de l’anglais (États-Unis) par Claude SEBAN, Paris, Éditions Philippe Rey, coll. Points, 2019, 551 p.
ISBN: 9782757875360

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J’ai tenté de le lire à 2 reprises. Je compte bien le lire jusqu’au bout un jour. Mais je n’ai pas accroché jusqu’à présent à cause du rythme que j’ai trouvé un.peu lent. Et le début du livre est un peu difficile à comprendre je trouve.
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Désolée que tu aies été confrontée à des difficultés en lisant ce bouquin. La littérature possède ses mystères et ses secrets pour nous les lecteurs. Parfois on aime, parfois on n’aime pas. J’aime beaucoup cette écrivaine, alors ce roman choral a été un excellent choix pour moi.
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Ton article est magnifique et émouvant car on perçoit comment tu as aimé lire ce roman. Je l’ai lu et beaucoup aimé aussi. C’est bien que tu évoques l’Amérique suite à ta lecture. Comment résister à cette phrase de ton article : Le lecteur est happé dans un tourbillon de mots, d’eau l’entrainant… Comment ne pas dire merci à ta plume qui va pousser le lecteur de ce précipiter pour en faire la lecture. Et aussi tu as bien raison de parler de tourbillon d’eau et c’est ce que j’ai perçu en m’y rendant il y a de cela plusieurs années… Bravo et merci…
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Merci beaucoup pour ton commentaire. Je l’apprécie énormément. Il est question de l’Amérique durant 30 ans à partir de 1950. C’est étonnant de réaliser à quel point l’Amérique s’est développée en cachant des drames épouvantables. Mais bon… Il est à noter aussi que les Chutes du Niagara étaient réputées pour les voyages de noces et comme étant le paradis des suicidés. Merci encore pour la vidéo. Au plaisir!
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J’avais bien aimé le roman de Joyce Carol Oates que j’avais lu il y a quelques années, Délicieuses pourritures, et ça pourrait me tenter de lire ces Chutes. Ce personnage de femme a l’air très beau. Bonne journée Madame lit !
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Merci! Ce personnage est fascinant et déroutant. Elle est difficile à cerner… Je l’ai bien aimée car elle croit en quelque chose de plus grand et n’y déroge pas. Merci et bonne soirée!
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