«Que je me suis endormie sur le canapé ivre et désespérément seule. Seule.» (p. 11)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Pour ma seconde participation à Masse critique québécoise organisée par Babelio, j’ai décidé de lire La valse de Karine Geoffrion publié aux Éditions du Sémaphore. Par ailleurs, je profite de ce billet pour remercier la maison d’édition, car j’ai reçu deux livres de cette dernière pour la Masse critique 100% québécoise. Je crois bien que je vais surveiller de près les livres publiés par cette dernière.
Tout d’abord, qui est Karine Geoffrion ?
Selon la maison d’édition :
«Karine Geoffrion est originaire de Montréal. Détentrice d’une maîtrise en études littéraires de l’UQÀM, elle s’intéresse au rapport qu’entretient la littérature avec la psychologie et la sociologie. Depuis plusieurs années, c’est au cœur du quartier Rosemont qu’elle s’adonne à l’écriture auprès de ses deux fils. Elle signe deux romans, Éloi et la mer (Éditions Sémaphore, 2015) et La valse (Éditions Sémaphore, 2021), par lesquels elle s’impose comme portraitiste de ces femmes consumées par le vide.»
Mon expérience de lecture
Comme je les aime ces héroïnes du vide. Le lecteur, avec La valse, est entraîné dans un univers marqué par le factice, le vide, le désespoir, la solitude moderne, l’incommunicabilité, la fuite. Carriériste, ancien mannequin, mariée à un imminent et bel avocat, mère de deux garçons, la vie semble sourire à la narratrice, Isabelle. Il suffit pourtant d’un appel de sa soeur pour qu’un doute s’insinue en elle sur la fidélité de son époux. Cependant, elle camoufle bien ses émotions en continuant à s’habiller de vêtements griffés, à s’entraîner au gym, à fréquenter les événements mondains, à poster des photos sur sa page Facebook dès qu’elle a une minute pour obtenir des commentaires et des j’aime, à obtenir de gros contrats pour sa boîte de design.
J’ai vraiment adoré ma lecture. J’ai lu ce récit en un après-mdi. Je n’ai rien à voir avec cette narratrice, mais j’aime ce type de personnages qui semble sur le point de tomber dans le vide car il s’avère prisonnier de ses illusions. On présente un vide tributaire d’un mode de vie artificiel, marqué par une époque axée sur la performance, sur le paraître, à l’heure des réseaux sociaux. Les gens n’hésitent pas à se faire sculpter le corps par des champions du bistouri. En ce sens, les femmes semblent avoir encore 25 ans alors qu’elles en ont presque 50. Comme tout paraît beau sur Facebook. Les photos sont modifiées par des logiciels puissants. C’est un peu de ça dont il est question avec la narratrice.
«En dernier recours, j’essaie ma petite robe noire Mélissa Nepton achetée l’an passé. Élégante et sexy avec son décolleté plongeant, cette robe attire tous les regards sur mes seins nouvellement refaits, ce qui est un plus. Je me regarde longuement dans le miroir et pousse un soupir. J’ai réussi à obtenir le résultat voulu. Provoquer l’envie. Habillée de cette façon, je peux rivaliser avec des jeunes femmes célibataire et sans enfants. Rien ne me rend aussi fière. J’aime l’idée d’être séduisante sans que les gens voient tous les efforts investis. Et, ce soir, j’ai parfaitement réussi.» (p. 17-18)
La narratrice danse avec elle-même, valse avec le vide, avec l’alcool, avec l’absence de sa soeur, avec les commérages, avec les fausses amies. Ce roman présente le décor parfait avec une image imparfaite. C’est triste, c’est douloureux, c’est un peu de nous, de vous, de soi dont il est question l’espace d’une danse…
J’ai trouvé cette vidéo sur le Web de l’autrice parlant de son univers.
Je vous recommande de lire La valse. Vous allez, tout comme moi, lire ce récit en un instant. J’ai ressenti de la pitié pour Isabelle, car elle a peur de sa solitude. Son univers est un beau château de cartes. Une brise pourrait le briser.
Que pensez-vous de ces héroïnes du vide ?
Bien à vous,
Madame lit
Geoffrion, Karine (2021). La valse. Ville Saint-Laurent : Les Éditions du Sémaphore, 103 p.
ISBN 978-2-924461-56-3

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Le premier paragraphe me donne vraiment le goût de cette lecture. J’aime bien aussi ta dernière expression… Une brise pourrait la briser…
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Merci! Je crois que ce livre pourrait te plaire. C’est moderne, c’est court, c’est notre individualité axée sur le spectacle.
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C’est bien de dénoncer une société superficielle et axée seulement sur les apparences. Beaucoup de gens fonctionnent comme ça, surtout les jeunes me semble t-il.
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Oui, et beaucoup de femmes de différents âges ont recours à la chirurgie plastique, achètent des vêtements de marque de luxe, vivent dans des quartiers huppés. En tous les cas, en Amérique. Merci!
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La chronique souligne très bien le thème et la précarité de ces héroïnes du vide, comme tu les nommes, du cosmétique et du paraître. Je ne pense pas trouver beaucoup de plaisir à lire ce livre mais ton billet me rappelle que ces personnes existent dans cette société. A moi de m’interroger à propos de mon rôle dans la construction de celle-ci.
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Juste…. et malheureusement, nous vivons dans une société superficielle et nous sommes bombardés d’images de luxe pour obtenir le bonheur. C’est un phénomène social. La quête du bonheur à travers le regard de l’autre.
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Cela me plairait bien ! Je suis d’accord avec rbyaro les extraits donnent envie !
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Merci beaucoup! 🙂
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