«Mais, avec Lady C., je veux adapter la conscience aux réalités physiques premières […]. À Dieu ne plaise que l’on interprète mon livre comme poussant à une activité sexuelle débridée. (D.H. Lawrence, lettre du 28 décembre 1928 à Lady Ottoline Morrell). »
«N’oubliez pas que vous êtes Lady Chatterley et moi garde-chasse». (p. 231)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Pour ma participation en février au défi organisé par Moka et Fanny autour des classiques, permettez-moi de partager avec vous mes pensées sur L’Amant de lady Chatterley de D.H. Lawrence. En février, le thème du défi à l’honneur est les bijoux indiscrets (les classiques de la littérature érotique). Encore une fois, j’ai fouillé dans ma bibliothèque et je suis tombée sur ce bouquin. À cet égard, j’ai voulu découvrir l’histoire d’une infidélité qui va au-delà de la chair. Il importe aussi de savoir que les éditions Penguin ont été poursuivies : « en vertu de la loi de 1959 sur les publications obscènes, au Palais de Justice de Londres du 20 octobre au 2 novembre 1960» (Dédicace des éditions Penguin 1960). Considéré comme le chef d’oeuvre de la littérature érotique, ce classique possède tous les éléments pour toucher mon coeur de lectrice.
L’Amant de lady Chatterley
En Angleterre, au lendemain de la Première Guerre mondiale, Lady Constance Chatterley s’ennuie. À la suite d’une tragédie survenue durant la guerre, son époux, Sir Clifford Chatterley, est paralysé aux jambes et il est impuissant. Constance a 23 ans et pour fuir sa triste réalité, pour ne pas sombrer dans la folie, elle se réfugie dans les bois de l’immense domaine de Wragby afin de combler le vide de son existence. Elle y rencontre le garde-chasse de son époux, Mellors, et elle devient sa maîtresse. Elle se donne à lui dans une petite cabane qui va abriter leur amour. Mais, dans cette Angleterre puritaine marquée par la guerre et par l’industrialisation, pourra-t-elle avoir le droit d’être heureuse et pleinement comblée?
Mon coeur et L’Amant de lady Chatterley
D’emblée, il faut soulever la beauté poétique de ce livre. J’ai été très touchée par la plume de D.H. Lawrence, par sa façon de comprendre les émotions humaines, féminines, par sa manière de décrire les relations sexuelles pour en dresser un tableau où la nature participe également à la fusion des êtres. Je vous invite à lire cette longue citation. Elle est tout simplement sublime.
«Et il lui sembla qu’elle était comme la mer, toute en sombres vagues s’élevant et se gonflant en une montée puissante jusqu’à ce que, lentement, toute sa masse obscure fût en mouvement et qu’elle devînt un océan roulant sa sombre masse muette. Et, tout en bas, au tréfonds d’elle-même, les profondeurs de la mer se séparaient et roulaient de part et d’autre, en longues vagues qui fuyaient au loin, et, toujours, au plus vif d’elle-même, les profondeurs se séparaient et s’en allaient en roulant de chaque côté du centre où le plongeur plongeait doucement, plongeait de plus en plus profond, la touchant de plus en plus bas; et elle était atteinte de plus en plus profond, de plus en plus profond, et les vagues d’elle-même s’en allaient en roulant vers quelque rivage, la laissant découverte; et, de plus en plus près, plongeait l’inconnu palpable, et de plus en plus loin roulaient loin d’elle les vagues d’elle-même qui l’abandonnaient, jusqu’à ce que soudain, en une douce et frémissante convulsion, le fluide même de son corps fût touché; elle se sut touchée; tout fut consommé; elle disparut. Elle avait disparu, elle n’était plus, elle était née : une femme.» (p. 304-305)
Qui ne rêve pas d’écrire de telles phrases? Voilà pourquoi j’ai été touchée par ce livre. De plus, Constance était presque morte, à l’intérieur et à l’extérieur. En se rapprochant du garde-chasse, elle revient à ses sens, à la tendresse, au corps. Elle s’éloigne de la société marquée l’argent, le métal, le fer, le charbon, la machine, l’industrialisation. L’Angleterre industrielle a remplacé l’Angleterre agricole. D’ailleurs, Constance rejette cette société industrielle qui l’a presque tuée et grâce aux mains de Mellors, elle réapprend à vivre, à revenir aux sentiments humains. Il faut la voir danser nue sous la pluie pour retrouver le goût de l’eau sur sa peau. Elle réussit à franchir le rideau d’acier qui l’encerclait, qui l’emmurait dans une destinée morbide dénuée de sens. Mellors lui aussi renaît et danse nu sous la pluie avec elle. C’est merveilleux. C’est l’appel de la vie par le bais de l’eau libératrice, l’eau purificatrice.
À la fin, Mellors dira :
«Ce que je représente, c’est l’intime connaissance physique des êtres entre eux, se dit-il, et le toucher intime de la tendresse. Et elle est ma compagne. Et ce doit être une lutte contre l’argent, et la machine et l’idéal ignoble, insensible et bestial du monde. Et elle m’aidera dans la lutte. Dieu merci, j’ai une femme! Dieu merci, j’ai une femme qui est avec moi, qui est tendre, qui me comprend, qui n’est ni tyrannique, ni sotte. Dieu merci, elle est tendre et elle comprend.» (p. 456-457)
Plus que tout, Constance et Mellors sont unis par la tendresse. Et c’est beau et c’est révélateur.
Ce récit a été lu dans le cadre du défi Les Classiques, c’est fantastique créé par Moka et Fanny car en février, il fallait lire un classique de la littérature érotique.
Avez-vous lu cette magnifique histoire d’amour? Que pensez-vous de mon billet?
Bien à vous,
Madame lit
LAWRENCE, D.H. (1993). L’Amant de lady Chatterley, traduction de F. ROGER-CORNÀZ. Paris : Folio classique, 539 p.
ISBN 2-07-038743-7
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Bonjour Nathalie ! C’est un grand classique de la littérature amoureuse que je n’ai encore jamais lu. Ta chronique et le superbe extrait que tu proposes me font regretter de ne pas l’avoir lu. Bonne journée !
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Si jamais tu te décides à le lire, je suis convaincue que tu saurais nous en parler d’une magnifique façon et que tu aimerais ce grand classique. Merci Marie-Anne!
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J’ai lu ce roman en même temps que toi et quel plaisir de découvrir ce roman. Tout ce que tu dis dans ton premier paragraphe est tellement vrai à mon sens. Il y a bien des scènes érotiques mais les propos échangés entre l’héroïne et Mellors nous font bien voir ce qu’est l’amour pour lui et ce que sont les femmes. Je dirais que c’est un roman à lire en ayant à l’esprit tous les bons mots que tu as dits sur le style de ce roman entre autres choses aussi intéressantes. Et quand je réalise que j’avais ce roman depuis quelques années et que je ne l’avais pas lu…
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Je suis bien heureuse de t’avoir fait sortir ce beau livre de ta bibliothèque! C’est une magnifique histoire et les thèmes abordés par l’auteur dans ce livre m’apparaissent toujours d’actualité. C’est juste mon avis mais bon… Merci pour ce commentaire et de m’avoir accompagnée au fil du roman.
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Lu il y a longtemps mais c’est une œuvre que je place dans mes livres essentiels. Un auteur visionnaire qui rend cette oeuvre tout à fait moderne. J’ai beaucoup aimé l’adaptation au cinéma de Pascale Ferran, Lady Chatterley avec Marina Hands 😃
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J’ai vu l’adaptation aussi qui est magnifique. Je crois aussi que c’est un livre essentiel. J’espère que d’autres lectrices et lecteurs pourront découvrir ce grand livre. Merci!
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Est-ce que 2022 sera ENFIN l’année de ma découverte de ce roman ? je l’espère!
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Je te le souhaite! C’est un très beau roman… Merci!
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Un jour peut-être, en tout cas ton enthousiasme est communicant.
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C’est un livre qui en vaut vraiment la peine… Merci! 🙂
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