«Je vais avoir quarante ans, et l’être qui m’est le plus proche est un pingouin…» (p. 154)
Chère lectrice, Cher lecteur,
J’ai décidé de lire Le Pingouin d’Andréï Kourkov pour deux raisons. D’une part, je voulais participer au mois de l’Europe de l’Est 2022 organisé par Eva, Patrice et notre très regretté Goran. D’autre part, je voulais absolument plonger dans un livre d’un auteur ukrainien. Comme je trouve l’invasion de l’Ukraine par la Russie absolument terrible, inhumaine, barbare, je me suis dit que c’était une belle manière de rendre hommage à l’un des leurs en abordant Le Pingouin sur mon blogue. De plus, je suis abonnée au compte Twitter d’Andréï Kourkov, alors je sentais qu’il était temps pour moi de découvrir sa plume.
Qui est Andréï Kourkov?
Selon Wikipédia :
«Andreï Iouriévitch Kourkov (en russe : Андрей Юрьевич Курков, en ukrainien : Андрій Юрійович Курков) est un écrivain ukrainien de langue russe né le 23 avril 1961 à Boudogochtch (ru), oblast de Léningrad, RSFSR, URSS.Andreï Kourkov vit depuis son enfance à Kiev ; il y a terminé ses études à l’Institut d’État de pédagogie des langues étrangères en 1983. Il affirme savoir parler sept langues étrangères.Il a exercé différents métiers comme rédacteur, gardien de prison (à Odessa où il rédige ses premiers récits) et caméraman.Depuis 1988, Kourkov est membre du PEN club de Londres. Depuis 1996, il vit en partie à Londres. Il préside l’Union des écrivains ukrainiens. Il a rédigé une trentaine de scénarios de films et de documentaires.»
Le Pingouin
Victor Zolotarev, un écrivain, vit seul et sa solitude lui pèse. Il décide d’adopter un pingouin prénommé Micha du zoo de Kiev. Le zoo voulait se départir de ses animaux en raison de problèmes financiers. Victor vit dans un petit appartement et la providence semble lui sourire lorsque le rédacteur en chef de journal Stolitchnaïa lui offre la possibilité d’écrire des nécrologies concises et originales. Victor accepte car il va recevoir un salaire intéressant pour ses histoires courtes (300,00$ par mois). Cependant, il doit rédiger des rubriques sur des gens qui sont toujours vivants. En compagnie de son pingouin triste et insomniaque, Victor se la coule douce jusqu’au moment où il réalise que ses nécrologies ne sont pas anodines car elles représentent plutôt «une sorte de gestion planifiée de la mort». Va-t-il réussir à survivre alors que la mort rôde?
Ce que j’ai pensé du Pingouin
Je dois tout de suite dire que j’ai énormément apprécié ce livre. Tout est secret, caché et Victor doit être rusé afin de comprendre ce qui lui arrive. Pourquoi la mafia veut-elle embaucher son pingouin pour des funérailles? Pourquoi reçoit-il une grosse somme d’argent pour la présence de son pingouin au cimetière? Qui entre en pleine nuit dans son appartement même s’il a changé les serrures? Autant de questions que la lectrice ou le lecteur se pose en lisant ce récit. Le climat est inquiétant, lugubre dans cette société ukrainienne post-soviétique. Comme il est mentionné :
«Mieux vaut ne rien savoir et être en vie». (p. 90)
On sent que quelque chose se trame, que des événements se produisent, mais lesquels? Comme le soulève le narrateur :
«Tout allait bien pour lui, du moins en apparence. À chaque époque sa «normalité». Ce qui, auparavant, semblait monstrueux, était maintenant devenu quotidien, et les gens, pour éviter de trop s’inquiéter, l’avaient intégré comme une norme de vie, et poursuivaient leur existence. Car pour eux, comme pour Victor, l’essentiel était et demeurait de vivre, vivre à tout prix. » (p. 142)
Mais encore, j’ai particulièrement aimé le pingouin neurasthénique. Il erre dans l’appartement en essayant de comprendre ce qu’il fait là, il cherche un peu de fraîcheur et parfois, de la tendresse. Il apparaît comme un double de Victor.
J’ai aussi ressenti beaucoup d’émotions en lisant ce livre. Je pensais aux villes ukrainiennes détruites, aux cadavres se retrouvant sur le sol, aux visages des disparus. Dans Le Pingouin, il y a des descriptions de Kiev. J’ai été très émue en lisant certains passages. Par exemple :
«Le Nouvel An approchait. Les vitrines s’ornaient d’arbres de Noël décorés de jouets. Sur le Krechtchatik, on construisait le plus grand sapin du pays à partir de branches coupées. Les gens semblaient plus détendus et les journaux ne parlaient presque plus de tirs ni d’attentats, comme si tous les Kiéviens, indépendamment de leur profession, étaient partis en congé.» (p.82)
Bien entendu, je vous recommande de lire en ce moment des bouquins de ce grand écrivain ukrainien et de vous abonner à sa page Twitter. Je vous invite à lire également l’article suivant et à regarder, à écouter Andréï Kourkov répondre aux questions de Céline Galipeau. Il donne des explications éclairantes sur la situation en Ukraine. Vous n’avez qu’à cliquer sur le titre de l’article :
«Je vais rester en Ukraine jusqu’au dernier moment » – L’écrivain Andreï Kourkov
Grâce au mois de l’Europe de l’Est, j’ai découvert un livre touchant et déroutant.
Que pensez-vous de mon article? Avez-vous lu Le Pingouin?
Bien à vous,
Madame lit
KOURKOV, Andréï (2000). Le Pingouin traduit du russe par AMARGIER, Nathalie. Paris : Éditions Liana Levi, 273 p.
ISBN : 2-86746-228-2
Cet article contient des liens d’affiliation grâce à un partenariat avec la coopérative des Librairies indépendantes du Québec. Vous pouvez commander Le Pingouin par le biais du site Web des Libraires grâce à un lien sécurisé.
Je suis en train de lire Laitier de nuit de cet auteur pour les deux mêmes raisons que toi. J’aime beaucoup ce livre moi aussi. Du suspense et des personnages étonnants.
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Nos avis vont se ressembler alors! Merci beaucoup et bonne lecture. Au plaisir!
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Une très bonne idée que de lire ce livre et c’est assuré que je veux lire un texte ou l’autre de cet écrivain.
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J’espère que tu pourras lire «Le Pingouin» car c’est excellent! Bonne lecture!
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Très belle chronique qui me donne envie de découvrir cet auteur. C’est certainement le bon moment…
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Oui… C’est ce que je me suis dit… Merci!
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J’aime beaucoup le résumé que tu donnes de cette histoire, ça semble assez étonnant et original. En plus, un écrivain ukrainien… je note !
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Merci! Ce livre a été une très belle découverte pour moi. Bonne fin de journée Marie-Anne!
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Merci, bonne fin de journée Nathalie 🙂
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C’est une excellente idée d’avoir mis l’accent sur cet auteur ukrainien, c’est important dans la période que nous vivons. Ton billet donne envie de lire le livre, assurément ! Merci également pour le lien vers l’entretien avec l’auteur – j’espère simplement qu’il se trompe sur la Troisième Guerre Mondiale…
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J’ai eu de la difficulté à dormir hier à cause de ce qu’il a dit sur la troisième Guerre mondiale. Biden se rend en Pologne demain… Merci Patrice pour ton commentaire!
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coup de cœur pour moi!
j’ai repéré Kourkov l’an dernier et il faisait partie de ma liste pour ce challenge 2022 et j’ai bien l’intention de continuer déjà avec la suite du « Pingouin » mais avec tous les autres je crois 🙂
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Nous nous comprenons alors. 😉 Je vais aussi poursuivre ma découverte de ses bouquins!
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