«Est-il possible qu’on laisse comme cela un pauvre malade tout seul? […] Ah! Mon Dieu, ils me laisseront ici mourir. » (Acte 1-scène 2)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Pour ma participation en avril au défi organisé par Moka et Fanny autour des classiques, permettez-moi de partager avec vous mes pensées sur Le malade imaginaire, comédie-ballet de Molière (1622-1673). En avril le thème du défi est : Un siècle à l’honneur. Donc, j’ai réfléchi un peu pas mal à ce que j’aimerais lire en ces temps fous où plus que jamais, la mort rôde et la maladie se retrouve sur nos écrans de télévision avec cette pandémie. Personne ne veut être malade. On court dès la moindre grippe chez le médecin. En pleine pandémie, on se regarde, on s’épie, on a peur de notre voisin et tout cela frise parfois le ridicule. Donc, permettez-moi de mettre le XVIIe siècle (période associée au classicisme) à l’honneur avec Le malade imaginaire qui d’ailleurs, lors de sa quatrième représentation, a vu Molière dans le rôle d’Argan s’effondrer sur scène. Cependant, ce dernier a tout de même réussi à terminer la représentation. Puis, il s’est rendu dans son lit pour y mourir. Dans un numéro hors-série de la revue Langue française intitulé Histoire de la littérature française ; Du roman courtois médiéval au nouveau roman du XX e siècle, l’information suivante est soulevée en ce qui concerne Molière:
«Molière a donné une reconnaissance à un genre jusque-là sous-estimé, la comédie, en provoquant un changement de perspective. En utilisant les ressorts de la farce et de la commedia dell’arte et en y ajoutant la rigueur de la langue et de la construction classiques, il a apporté un surplus de finesse. La tragédie n’est plus la seule à pouvoir faire réfléchir. Plus de quatre cents ans après leur création, les pièces de Molière restent indémodables. Grâce à l’acuité de son regard critique sur l’humanité. »
Le malade imaginaire
Cette pièce de théâtre a été présentée pour la première fois le 10 février 1673. Elle comprend trois actes et elle est écrite en prose. Que raconte-t-elle au juste ?
Argan est un veuf en pleine santé et il épouse en secondes noces, Béline. Il est hanté par la maladie et il se fait duper par les médecins ou les charlatans de son époque car il a de l’argent. Argan se croit très malade au point de faire de la maladie sa religion. Sa deuxième femme ainsi que les Diafoirus ( le médecin et son fils) souhaitent s’approprier son argent en jouant avec sa peur de la maladie.
Mes impressions
Tout d’abord, il importe de mentionner que j’aime beaucoup les pièces de théâtre de Molière. Ma préférée est Le malade imaginaire. Pourquoi? Parce que les hypocondriaques me font rire… J’ai relu cette pièce pour être en mesure de rédiger cette chronique et j’ai eu un sourire accroché sur mon visage tout au fil des pages.
Mais encore, les thèmes abordés par Molière dans sa pièce sont nombreux. Ainsi, l’instance lectrice peut remarquer que l’hypocrisie est dénoncée. De ce fait, l’hypocrisie professionnelle (les Diafoirus, M. Purgon, M. Fleurant) et personnelle (Béline, M. Bonnefoi) est dévoilée car ces personnages cherchent tous à obtenir l’argent d’Argan. Voici d’autres thèmes abordés par Molière dans Le malade imaginaire. Notons, entre autres, :
- Le corps
- L’impuissance de la médecine
- Le formalisme des médecins
- La maladie
- Le mariage
- Le droit au bonheur
- Les rapports familiaux
- L’opposition entre les charlatans et les médecins
De surcroit, lire cette comédie de Molière, c’est aller à la rencontre d’Argan, personnage assez bon qui est hanté par la maladie. Les médecins lui font croire qu’il est gravement malade et qu’il doit constamment se reposer. Ce dernier désire donner sa fille, Angélique, en mariage, au fils de son médecin afin d’avoir dans la famille quelqu’un qui pourra s’occuper en permanence de son corps. Mais, Angélique est éprise d’un autre, Cléante. Aidée de la servante Toinette et de son oncle, elle pourra épouser l’élu de son coeur.
Par ailleurs, ce qui semble bien intéressant dans cette comédie, c’est la naïveté d’Argan. Il croit tout ce que les médecins lui racontent. Il en vient même à associer ses réactions psychologiques et physiques à la médecine :
« […] et il faudra plus de huit médecines et douze lavements pour réparer tout ceci » (Acte 1, scène 4).
Molière tente peut-être de souligner le pouvoir qu’exercent les médecins sur certaines personnes en faisant d’elles, des malades imaginaires. Il ose même citer son nom pour s’amuser et rendre encore plus ridicule la médecine. Par exemple, lorsque Béralde, le frère d’Argan, l’invite à aller voir une pièce de Molière, Argan répondra :
-« C’est un bon impertinent que votre Molière avec ses comédies, et je le trouve bien plaisant d’aller jouer d’honnêtes gens comme les médecins».
Et Béralde de répondre :
-« Ce ne sont point les médecins qu’il joue, mais le ridicule de la médecine». (Acte III, scène 3)
Ainsi, Molière cherche sans aucun doute à ramener un certain équilibre dans la société de l’époque en renversant l’ordre établi car il a osé se mettre en scène pour faire rire encore plus son public. Il fallait l’oser.
Mais encore, ce qui me frappe, c’est que les médecins n’ont qu’un pouvoir, celui de la parole. Ils parlent bien et peuvent ainsi duper leurs patients.
Ce qui m’a bien fait rire également c’est lorsque Toinette (la servante) déguisée en médecin-charlatan, réussit à duper son maître. Il se pose même des questions sur les recommandations, un peu exagérées, qu’elle lui propose.
Ce qui m’a frappé, c’est la méchanceté de la deuxième femme d’Argan. Elle souhaite réellement sa mort pour hériter. L’argent… toujours l’argent.
Cette pièce a été lue dans le cadre du défi Les Classiques, c’est fantastique créé par Moka et Fanny car en avril, il fallait mettre en lumière un siècle.
Qui sont vos hypocondriaques préférés dans la littérature?
Bien à vous,
Madame lit
MOLIÈRE (2007). Le malade imaginaire; texte intégral. Saint-Laurent : ERPI, 121 p.
Cet article contient des liens d’affiliation grâce à un partenariat avec la coopérative des Librairies indépendantes du Québec. Vous pouvez commander Le malade imaginaire de Molière par le biais du site Web des Libraires grâce à un lien sécurisé.
Cette pièce est terrible et incroyablement cynique ! Si je n’avais pas jeté mon dévolu sur le XIXe, j’aurais chroniqué quelques oeuvres du XVIIe ! Bon choix !
J’aimeAimé par 2 personnes
Merci! Cette pièce est tellement dénonciatrice! On ne peut que l’apprécier…
J’aimeJ’aime
Cela fait très très longtemps que je n’ai plus lu Molière. Je me souviens tout de même avoir aimé cette pièce 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Ça faisait aussi un bon bout de temps pour moi! On ne l’oublie pas ce cher Molière! 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
J’avais lu cette pièce au collège, pour mon cours de français. Elle est amusante. La médecine au 17ème siècle n’était pas très scientifique et ne savait pas guérir grand-chose. A part les saignées et les lavements il n’y avait rien…
J’aimeAimé par 1 personne
Les saignées… Ouf! Je partage ta perception de la médecine Marie-Anne. Entendre ces traitements aujourd’hui donne froid dans le dos. Merci!
J’aimeAimé par 1 personne
Excellente idée de chroniquer Molière. J’ai lu récemment la biographie que lui consacrait Boulgakov, ce qui m’a également envie de relire ses pièces cette année. J’ai une affection particulière pour Le Bourgeois Gentilhomme 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup Patrice! Ce défi me permet de lire des classiques extraordinaires comme «Le malade imaginaire». Je ne savais pas que Boulgakov avait rédigé une biographie de Molière. Merci de l’info! Au plaisir!
J’aimeJ’aime
J’aime beaucoup cette pièce également, mais tu me donnes envie de la relire ! De manière générale, j’aimerais prendre davantage le temps de lire Molière !
J’aimeAimé par 1 personne
Je te souhaite une belle rencontre avec cet immense auteur! Merci 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Une fois encore un texte que j’ai le goût de lire….
J’aimeAimé par 1 personne
Il le faut… c’est vraiment excellent comme univers!
J’aimeJ’aime