«Mon destin était peut-être de me consacrer à l’art et de faire tout ce qui était susceptible de m’en distraire».
Chère lectrice, Cher lecteur,
J’ai décidé d’acheter La mélancolie du monde sauvage de Katrina Kalda à la suite du passage de l’autrice à La Grande Librairie. J’avais été touchée par le sujet de ce dernier : la place de l’art dans notre monde en crise. La planète se meurt, l’eau se retrouve dans du plastique, les humains «surconsomment», certains jouent à l’autruche en se promenant à Disneyland en compagnie de Mickey et de Minnie, tandis que d’autres cherchent à explorer le véritable sens de la vie : l’humanité. Que signifie être humain de nos jours? Développons-nous une moral de vie pour les générations futures? Voici un extrait que j’ai trouvé très intéressant de l’entrevue de l’autrice à La Grande Librairie.
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La mélancolie du monde sauvage
Née d’une mère alcoolique et pauvre, intimidée par les autres enfants à l’école, rien ne prédisposait Sabrina à consacrer sa vie à l’art. Alors qu’elle se promène au musée Rodin lors d’une visite scolaire, elle est éblouie par ce qu’elle voit : la beauté. En ce sens, elle décide de se vouer à l’art. Son chemin en tant qu’artiste ne sera pas facile : problème d’argent, de logement, difficultés à nouer des relations d’amitié ou amoureuses, monde en crise, nature bafouée, Sabrina cherche à trouver un sens et une place à l’art dans ce monde voué à sa perte. Le monde comme perte et l’art comme salut, est-ce possible? Sabrina tente de trouver une réponse à cette question à travers les différentes étapes de sa vie. Elle s’avère bien courageuse et elle ne baisse pas les bras malgré un échec amoureux. Elle se retrouve même à vivre en ermite et à travailler de ses mains pour survivre. Alors que tout semble perdu, quelle place pouvons-nous espérer dans ce monde qui fout le camp?
Ce que j’en pense
J’ai adoré ce livre… Je me suis énormément retrouvée dans les propos de Katrina Kalda et je partage la vision présentée dans son livre. Pour certains, cette histoire apparaîtrait peut-être pessimiste, mais il faut bien se rendre à l’évidence : la planète va mal (hausse anormale de la température, feux de forêts, inondations, etc.). Où trouver la beauté et le courage de créer? Comme le mentionne la narratrice (je sais la citation est un peu longue mais elle s’avère tellement belle et juste) :
«Chaque jour j’apprends les vertus du temps. Je regarde les fossiles incrustés dans la craie, ceux qui remontent quand je retourne un lopin de terre : la moindre chose dans la nature a besoin de temps. Et nous, les artistes, nous les humains, nous voulions que nos entreprises aillent vite. Nous voulions produire, sans nous soucier du fait que rien de vrai ne peut naître d’un substrat mai digéré. J’ai appris à être humble. J’ai appris la joie. J’ai appris qu’elle n’est rien d’autre que le sentiment inconditionnel de la vie qui persiste une fois réduits au silence les bruits qui la rendaient inaudible. La joie est le bruit de la rivière quand les grillons se sont tus et que l’on perçoit à nouveau l’aigu du clapotis, la médiane du courant et les basses du flot sur les grosses pierres. J’ai appris à connaître toutes les pierres de la rivière. J’ai compris que ces pierres n’ont pas besoin d’apprendre à me connaître; que la nature n’a pas besoin de moi. Que moi seule ai besoin d’elle. » (p. 269)
Je retiens de ce livre :
- La nature n’a pas besoin de moi;
- J’ai besoin de la nature pour retrouver la beauté;
- La création passe par une découverte de soi;
- Il faut poursuivre la beauté et la bonté;
- L’insatisfaction me pousse à continuer de chercher la beauté;
- La vie semble donner un sens à l’art;
- Etc.
Tant de thèmes, tant de sujets touchants pour nous plonger dans une réflexion. La littérature m’apporte tout ça. Lorsque je ferme les yeux et que je réfléchis aux mots couchés sur le papier, je sais qu’il y a une forme de beauté qui se profile en moi. Par exemple, lorsque je lis cette merveilleuse citation de Thoreau, je sais que l’éveil par l’Art doit passer par une forme de rayon cherchant à illuminer la parcelle du jour :
« La lumière qui nous crève les yeux est pour nous l’obscurité. Seul le jour auquel nous sommes éveillés commence à poindre.» (p. 128)
Devez-vous lire ce bouquin? Oui. Il m’apparaît bien nécessaire… Katrina Kalda écrit très bien, elle présente à travers son personnage artiste une dualité : le beau/le laid. Pour être en mesure d’exprimer le beau, il faut savoir explorer les recoins de la laideur à l’image du travail de Botticelli dans son illustration de l’Enfer de Dante. Dans ce livre, il n’y pas de réponse, il n’y a que le chemin parcouru d’une artiste dans un monde en crise pour trouver un peu de beauté et pour en arriver à accepter que la nature n’a pas besoin d’elle.
Connaissez-vous les livres de cette autrice estonienne?
Bien à vous,
Madame lit
Kalda, K. (2021). La mélancolie du monde sauvage. Gallimard.
ISBN : 978-2-07-292534-4
Cet article contient des liens d’affiliation grâce à un partenariat avec la coopérative des Librairies indépendantes du Québec. Vous pouvez commander La mélancolie du monde sauvage par le biais du site Web des Libraires grâce à un lien sécurisé.
Je découvre cette auteure estonienne grâce à ton billet. Cette lecture doit être intéressante! Et son titre est magnifique, je trouve. En tout cas, il me parle, en ces temps tourmentés…
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Si tu as la chance, il ne faut pas hésiter. Je crois que Katrina Kalda est une autrice avec des thèmes profonds, sérieux. Tu aimerais son univers. Je trouve aussi le titre très beau. Merci!
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Les thèmes artistiques m’ont toujours intéressée, donc ce livre me tenterait assez. La citation de Thoreau me plait beaucoup.
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Je crois aussi que cette lecture pourrait te plaire. Au plaisir alors de lire ton article sur ce livre.
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Peut-être pour mon « printemps des artistes » de l’année prochaine 🙂 Bonne journée à toi Nathalie !
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Merci! 🙂
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Ton article est vraiment intéressant. Quelle bonne idée de l’entendre parler de son univers! Tu ne nous racontes pas ce qui se passe dans le roman mais tu en parles avec tant d’enthousiasme que l’on ne peut qu’avoir le goût de lire ce livre. Pour qui aime l’art, la beauté et qui vit ce qui se passe actuellement, c’est un plaisir de découvrir, grâce à toi, cette écrivaine.
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Je suis bien contente de l’apprendre. Ce livre m’a beaucoup parlée car avec tout ce qui se passe avec le climat, j’ai été touchée par la quête d’une artiste en temps de crise. J’espère que tu auras l’occasion de le lire. Au plaisir!
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Tout lu. Quelques paragraphes survolés. Même pas, par impatience ou curiosité, je n’ai été lire la fin. Ai suivi son chemin sur Google maps. Juste pour le dernier paragraphe de l’épilogue, la lecture et l’attente en valaient la peine, m’a même fait oublier mon petit côté Disney qui aurait aimé revoir Gaïa ou savoir pourquoi Vassili était parti.
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Je suis contente de savoir que cette lecture ait trouvé un chemin chez toi. On partage alors la même perception. Parfois, il faut laisser les personnages vivre leur destin indépendamment de nous. Au plaisir!
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Je le note merci. Hors des préoccupations plus actuelles sur l’état de la planète et de la nature, le sujet de l’art et de la creation de beauté me fait penser à un livre tres ancien de Pearl Buck, Un coeur fier, que j’avais beaucoup aimé. Évidemment le traitement ne peut pas être le meme puisque c’est un livre écrit dans les années 1938/39 mais il y a ce même sujet la femme artiste et courageuse.
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Merci de partager avec nous cette référence que je ne connaissais pas. Le thème de la femme artiste m’apparaît fort fascinant. Au plaisir!
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Une amie m’a offert ce roman il y a quelques temps, mais je ne l’ai toujours pas lu. Ta chronique réveille mon intérêt pour ce livre qui a l’air intéressent, intelligent et pertinent. Merci de parler de ce roman dont je ne savais pas grand-chose et que j’ai peu vu sur les blogs.
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Tant mieux. C’est vrai qu’il n’a pas été beaucoup abordé sur les blogues. Et pourtant! Je trouve que Katrina Kalda et une autrice intelligente et cela fait du bien! Notre monde littéraire a besoin de telles autrices.
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Ta chronique tombe à pic ! Et heureusement qu’elle précédait Les travailleurs de la mer, sinon je l’aurais peut-être manquée !
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Bien contente de l’apprendre! 🙂 Merci!
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