Madame lit Les travailleurs de la mer de Victor Hugo
«Il est très difficile, quand on vit dans la familiarité bourrue de la mer, de ne point regarder le vent comme quelqu’un et les rochers comme des personnages.» (p.355)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Pour ma participation à la saison 3 du défi organisé par Moka et Fanny : Les classiques, c’est fantastique, il fallait que je choisisse un livre respectant le thème de juillet : « Bord de mer ou grand large – Juillet, on prend le large pour des lectures à travers lesquelles la mer ou l’océan ont une place essentielle. » Comme je n’avais jamais lu le roman de Victor Hugo dédié à la mer, je me suis empressée de le sortir de ma bibliothèque. Aussi, notre regretté Goran avait identifié ce livre dans son top cent, et lorsqu’il avait rédigé un billet sur ce dernier, je lui avais promis de le lire. Donc, voici cette chronique!
Les Travailleurs de la mer de Victor Hugo
Dans ce roman, il est question d’un homme : Gilliatt, un habitant sauvage de l’île de Guernesey. Pour certains, il est le fils du diable car il ne va pas à l’église, pour d’autres, il est la bête, le sorcier de la paroisse. Quoi qu’il en soit, il apparaît comme un solitaire et une force de la nature. Puis, un jour, une jeune fille écrit son nom dans la neige. Pour lui, c’est le début de son histoire d’Amour. Désormais, il ne va vivre que pour Déruchette, la nièce de Mess Lethierry, propriétaire du premier bateau à vapeur de l’île, La Durande.
Un jour, La Durande est prisonnière des rochers Douvres à la suite de la mauvaise foi du capitaine, le sieur Clubin. Fou de rage, Mess Lethierry souhaite récupérer le moteur de La Durande. Pour ce faire, il promet à celui qui le lui rapportera de donner la main de sa nièce. D’ailleurs, cette dernière accepte aussi le contrat en promettant d’épouser celui qui réussira l’exploit. Gilliatt accepte intérieurement d’aller récupérer ce moteur, car il pourra ainsi épouser celle qu’il aime depuis longtemps. Il ne le dit à personne et il se lance dans l’aventure.
Durant cette dernière, il doit affronter la faim, la soif, les intempéries, la mer et une pieuvre. C’est qu’il est fort et persévérant Gilliatt. Puis, il regagne Guernesey en ayant avec lui le moteur pour le remettre à son propriétaire. Mais, le coeur de Déruchette, à son grand désespoir, appartient à un autre : le pasteur Ebenezer. Ce dernier est amoureux aussi de Déruchette. Gilliatt aidera les tourtereaux en se sacrifiant.
Madame lit et Les Travailleurs de la mer
Dans ce livre, il est question de la mer et d’un homme de mer, Gilliatt. Toute la tension dramatique de ce livre a comme but d’en arriver à la bataille entre l’homme et la nature. Quel être de l’extrême ce Gilliatt! À l’image de Don Quichotte, il quitte tout par amour pour affronter la mer, car il est possédé par un abîme, la Déruchette. Cependant, dans cette histoire, la mer est un personnage à part entière. Par exemple, elle rugit comme un lion ou encore elle possède la force de la bête :
«Pas de bête comme la mer pour dépecer une proie. L’eau est pleine de griffes. Le vent mord, le flot dévore; la vague est une mâchoire. C’est à la fois de l’arrachement et de l’écrasement. L’océan a le même coup de patte que le lion. » (p. 329)
Je crois qu’en lisant cette histoire, je viens de découvrir les plus belles pages consacrées à la mer, à sa fureur, à sa bonté, à sa frayeur. Gilliatt se nourrit grâce à elle; il demeure son compagnon; il la déchiffre; il la connaît.
« Gilliatt sait à fond la mer. Malgré qu’elle en eût, et quoique souvent maltraité par elle, il était depuis longtemps son compagnon. Cet être mystérieusement qu’on nomme l’Océan ne pouvait rien avoir dans l’idée que Gilliatt ne le devinât. Gilliatt, à force d’observation, de rêverie et de solitude, était devenu un voyant du temps, […].» (p. 418)
La mer nourricière, la mer meurtrière, la mer tendre, la mer avalante, tout est relié à elle. Les travailleurs de la mer sont accueillants, mais ils peuvent aussi détruire le coeur de l’homme qu’ils ont jugé de sauvage.
J’ai été très touchée par Gilliatt et par son combat. Je recommande vivement ce livre malgré ses nombreuses descriptions. Il faut les lire car elles sont au service du récit. Elles sont là pour guider le lecteur sur les vagues, pour l’amener à bord de La Durande, pour le soulever dans les profondeurs d’un abîme, pour lui permettre de scintiller à l’image des étoiles guidant les marins. Gilliatt est un merveilleux personnage qui apprend malgré lui que l’amour n’est pas de ce monde tout comme ce qui est juste. Il doit se sacrifier car il est prisonnier d’une illusion plus grande que l’océan : celle d’aimer un être qui ne vous aime pas et d’avoir tout affronté, tout enduré par amour. C’est beau comme le bruit du roulement de la vague sur le rivage, c’est triste comme le cri d’une mouette affamée, c’est puissant comme une tempête qui se lève au large. Hugo connaissait la mer car il était le petit-fils d’un capitaine de navire.
Ce bouquin a été lu dans le cadre du défi Les Classiques, c’est fantastique créé par Moka et Fanny car en juillet, il fallait prendre le large et Les travailleurs de la mer de Victor Hugo a été en ce sens un bon choix.
C’était ma deuxième lecture d’un roman de Victor Hugo. J’ai aussi lu Notre-Dame de Paris.
Aimez-vous les romans de Victor Hugo? Quel est votre livre préféré de cet illustre écrivain?
Bien à vous,
Madame lit
Hugo, V. (1997). Les travailleurs de la mer. France Loisirs.
ISBN : 2-7441-0044-7
Cet article contient des liens d’affiliation grâce à un partenariat avec la coopérative des Librairies indépendantes du Québec. Vous pouvez commander Les travailleurs de la mer de Victor Hugo par le biais du site Web des Libraires grâce à un lien sécurisé.
Je suis ravie de lire ton avis enthousiaste car ce livre est l’une de mes prochaines lectures hugoliennes (ce sera soit lui, soit L’homme qui rit) et je m’attends à un grand moment de littérature encore une fois. Je ne suis donc pas surprise de ta chronique, très contente qu’Hugo soit représenté ce mois-ci et enchantée pour toi de cette lecture intense !
J’ai beaucoup aimé Notre-Dame de Paris, mais Les Misérables… quel choc, quelle rencontre, quelle révélation, quelle admiration pour ce roman !
J’aimeAimé par 2 personnes
Comme j’ai mentionné, il y a beaucoup de descriptions mais elles sont au service du récit. Hugo a voulu rendre un hommage à Guernesey qu’il aime et qu’il connaît. C’est très beau… J’ai hâte de lire Les Misérables car je ne l’ai pas encore lu. Victor Hugo m’a intimidée pendant de nombreuses années. Bizarre? Mais bon. Merci!
J’aimeAimé par 2 personnes
Les deux autres livres d’Hugo que j’ai lus sont bien chargés en descriptions aussi, donc je suis prévenue et pas effrayée.
Je comprends pour l’aura potentiellement intimidante, mais une fois lancée, quel pur bonheur. Je te souhaite une bien belle future lecture !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci ! Au plaisir!
J’aimeAimé par 1 personne
Les deux et plus sont à lire – amicalement !
J’aimeAimé par 2 personnes
J’ai bien l’intention de lire un maximum de choses de Victor Hugo, mais ces deux titres sont ceux qui sont actuellement en tête de liste !
J’aimeAimé par 1 personne
Une splendeur qui donne de l’émotion, avec la force et le coeur de Victor Hugo – Lire aussi » Le dernier jour d »un condamné «
J’aimeAimé par 1 personne
Parfait! Je l’ai aussi dans ma bibliothèque. Merci de la recommandation!
J’aimeJ’aime
A ce rythme, il me faudra 10 vies pour lire ne serait-ce que ce que d’autres me font découvrir!
Je n’ai jamais lu ce livre de Victor Hugo. D’ailleurs, à part quelques poèmes et Notre-Dame de Paris, je n’ai rien lu de lui. Mon grand-père était capitaine au long cours… j’aime les récits qui parlent de la mer. Merci!
J’aimeAimé par 1 personne
Je sais… Je me dis la même chose par rapport à tous les livres qui sont dans ma bibliothèque et que je souhaite lire depuis longtemps. Je note également beaucoup de livres que je souhaite découvrir grâce aux blogs auxquels je suis abonnée. C’est fou mais c’est beau, enivrant et nous n’avons pas le temps de nous ennuyer! Merci!
J’aimeJ’aime
Un roman que je dois lire (il est sur mes étagères avec d’autres titres de Victor Hugo), en tout ca une belle note de lecture qui donne très envie de s’y plonger 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Je suis bien contente de l’apprendre. Je possède plusieurs livres aussi de Victor Hugo et il me tarde de les découvrir! Merci!
J’aimeJ’aime
Hugo et ses descriptions mythiques ! Tu as opté pour un roman que je n’ai pas eu le courage de choisir. Mais il faisait partie de ma sélection bis idéale (J’avais trop de pavés estivaux à lire pour m’en ajouter un…) J’y viendrai. Sans aucun doute. Merci pour ta participation et pour cette belle chronique que tu nous offres ici.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci à toi car sans le défi, je n’aurais pas eu le courage de le sortir de ma bibliothèque. Mais, je suis bien contente de mon choix.
J’aimeJ’aime
Bonjour Nathalie ! Je n’ai pas lu beaucoup de livres de Victor Hugo, seulement trois (les derniers jours d’un condamné, notre dame de Paris et les contemplations en poésie) je les ai beaucoup aimés ! C’est un auteur que je voudrais mieux connaître ! Ton article est magnifique et donne envie !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Marie-Anne! Victor Hugo est un auteur que je découvre tardivement mais je vais poursuivre car j’ai encore quelques romans de lui dans ma bibliothèque. Je te recommande Les travailleurs de la mer sans hésitations.
J’aimeJ’aime
Un article très intéressant. Je vais poursuivre la lecture de ce roman. Tes propos sur la mer sont tellement bien décrits que j’ai hâte de reprendre ma lecture. Et peut-être m’attaquer à Notre-Dame-de-Paris que je me suis procuré à Paris en 2019 au moment où nous observions les ravages causés à cette magnifique église. Bravo!
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup! Les descriptions de la mer dans ce livre offrent différents points de vue comme celui présenté dans mon article (bête). Mais il y en a d’autres. J’espère que tu vas le terminer car la fin est magnifique. Bonne lecture!
J’aimeJ’aime
J’ai lu ce roman il ya a 40 ans et je me souviens encore l’avoir trouvé formidable. Notre-Dame de Paris aussi, d’ailleurs, que j’avais lu un peu plus tôt. Je sens que si tu nous en présente un troisième, j’aurais très très envie de le lire…
J’aimeAimé par 1 personne
Parfait! Dans le cadre du défi auquel je participe, j’ai la possibilité de lire un autre Hugo. Merci beaucoup!
J’aimeJ’aime
Ton billet est très tentant, même si j’ai l’impression que tu racontes la fin !! J’ai vu qu’il existait une version audio de Sixtrid, maison d’édition de très grande qualité.
J’aimeAimé par 1 personne
Je te souhaite une belle découverte de ce merveilleux univers… Je ne la raconte pas trop. Il y a encore des surprises si ce n’est que d’aller à la rencontre de cet hymne à la mer. Au plaisir et surtout, bonne lecture! 🙂
J’aimeJ’aime
Je ne connaissais pas ce titre de Hugo mais il pourrait me plaire.
J’aimeAimé par 1 personne
Je le pense aussi… Merci!
J’aimeJ’aime
Je suis allé à Besançon au printemps et il y a justement un petit musée consacré à Victor Hugo dans sa maison natale ; cela m’a donné envie d’explorer un peu plus son oeuvre. Pour l’instant, je n’ai lu « que » Les misérables » que j’avais beaucoup aimé. J’ai « Notre Dame de Paris » sur la liste mais je note ce titre bien sûr après avoir lu ton très intéressant billet ! Et puis, si Goran l’avait classé dans son TOP 100, raison de plus de le lire !
J’aimeAimé par 1 personne
Bonne lecture alors! Je crois que tu vas beaucoup aimé aussi cette lecture. Ça respire l’air marin! Au plaisir!
J’aimeJ’aime