Madame lit Sur la route de Jack Kerouac
«-Quelle est ta route mon pote? C’est la route du saint, la route du fou, la route d’arc-en-ciel, la route idiote, n’importe quelle route. C’est une route de n’importe où pour n’importe qui n’importe comment. Où qui comment?» (p. 356)
Chère lectrice, Cher lecteur,
J’ai décidé de lire Sur la route de Jack Kerouac car j’avais envie de plonger dans un récit empreint d’amitié, de vie, de liberté. Je ressentais également l’envie de larguer les amarres l’espace d’un récit avec des personnages étonnants et d’arpenter les routes de l’Amérique en leur compagnie. Pour ce faire, je trouvais que le bouquin de Kerouac cadrait bien avec mon désir d’évasion.
Sur la route de Jack Kerouac
Dean Moriarty est un ange déchu, un fils d’alcoolique, un ange de la route. En 1947, Sal Paradise le rencontre alors qu’il vit paisiblement chez sa tante à New York et entre les deux hommes, une relation d’amitié s’établit. Cette dernière se déroule tout particulièrement dans une voiture, qu’elle soit volée ou pas pour arpenter les villes américaines. Par exemple, les acolytes vont de New York à San Francisco ou encore, ils se rendent à Mexico. Parfois Sal est seul et il fait du pouce et à d’autres moments, il est en compagnie de Dean qui exerce une fascination sur lui. Ils ont une rage de vivre, de découvrir les autres, d’apprendre à se connaître. Ils appartiennent à une génération perdue et pour se retrouver, ils arpentent les routes. Ils souhaitent plonger dans les méandres de l’Amérique pour ne pas mourir dans une existence trop étriquée, ils veulent exister. Car pour eux, le mouvement, c’est ce qui s’avère essentiel. Ils sont à l’image du rêve américain car ils s’aliment à la source de la vie, des gens, de la nature. Au cours de leurs périples sur la route, ils font la rencontre de femmes, d’hommes, de bandits, d’amis. Ils consomment de la drogue et de l’alcool car il faut exister grâce au it. Ils sont pauvres, ils n’ont qu’un seul désir, aller plus loin, toujours plus loin pour poursuivre leur étoile. Et Dean, le prophète de la bande d’amis, dès qu’il plonge dans sa folie, devient celui qu’on suit, peu importe le prix, peu importe la destinée.
Mon opinion
Je dois avouer d’emblée que j’ai adoré cette histoire. Pourquoi? Parce que le narrateur rompt avec le modèle établi de la vie américaine (métro-boulot-dodo, banlieues marquées par l’incommunicabilité et forêts d’antennes) et ce, dès l’incipit.
«J’ai connu Dean peu de temps après qu’on ait rompu ma femme et moi. J’étais à peine remis d’une grave maladie dont je n’ai rien à dire sinon qu’elle n’a pas été étrangère à cette lamentable et déprimante rupture, à mon impression que tout était foutu. Avec l’arrivée de Dean Moriarty commença le chapitre de ma vie qu’on pourrait baptiser «ma vie sur la route». (p. 15)
Je rêve de partir à l’aventure tout comme Sal et Dean. D’ailleurs, il y a deux ans, mon conjoint et moi avons acheté un VR pour découvrir à notre rythme le territoire canadien et américain. Je me suis retrouvée énormément dans cette urgence de vivre parce qu’il importe de partir pour partir parce que la vérité se trouve souvent ailleurs. Comme le mentionne Sal, le narrateur, :
«On était tous aux anges, on savait tous qu’on laissait derrière nous le désordre et l’absurdité et qu’on remplissait notre noble et unique fonction dans l’espace et dans le temps, j’entends le mouvement. » (p. 189)
Pour ces êtres de l’extrême, la vie se résume à rouler, à suivre le mouvement. Ainsi, le lecteur se rend compte que dans ce livre, c’est une manière de vivre qui est proposée. Une vie sur la route, une vie marquée par l’alcool, l’amour, l’amitié, les paysages, le hasard, le jazz. À cet égard, le lecteur peut noter également qu’il retrouve la quête de l’Amérique dans ce récit initiatique. Comme le relève Sal à propos du Mexique :
«Derrière nous, s’étalait toute l’Amérique et tout ce dont Dean et moi avions auparavant appris de la vie, et de la vie sur la route. Nous avions enfin trouvé la terre magique au bout de la route et jamais nous n’avions imaginé le pouvoir de cette magie. » (p. 390)
À travers cette quête, la terre est extrêmement importante car elle semble sous-tendre le mouvement. Par exemple, elle permet aux personnages de Dean et de Sal de se sentir puissants sur la route. Ils existent en fusion avec cette terre qui apparaît parfois rouge, marquée par le sang des autochtones. Puissance, mouvement, énergie, la rêverie de la terre ouvre le champ des possibles.
Mais encore, si vous avez envie d’écouter Jack Kerouac se raconter en français, cliquez sur :
–Entretien de l’animateur Fernand Seguin avec l’écrivain Jack Kerouac.
Dans cet entretien, Kerouac soulève :
«L’histoire de On the road ce n’est pas l’histoire de deux beatniks. C’est l’histoire d’un ex-joueur de football, moi, et le gars qui conduisait la machine, c’était un cowboy; un vrai cowboy. Puis on allait tout partout en Amérique pour trouver des filles, des jobs, des amis. »
— Une citation de Jack Kerouac
En tous les cas, je vous recommande sans hésitation ce classique et de suivre l’espace d’une histoire des personnages qui décident qu’ils vont tout simplement vivre à leur manière.
Avez-vous lu Sur la route de Jack Kerouac? Avez-vous aimé cette histoire?
Bien à vous,
Madame lit
Kerouac, J. (1993). Sur la route. Folio.
ISBN : 2-07-036766-5
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C’est marrant! J’ai justement appris récemment, en faisant ma chronique sur Caleb Carr, que Kerouac était (avec le père de Caleb Carr) fondateur de la Beat Generation. J’avais donc un peu creusé l’histoire de ce mouvement et de ses plus illustres membres, et dans ce que j’avais lu du contexte de Sur la route, cela me paraissait beaucoup plus sombre, voire glauque, que ce que toi tu en écris. Comme quoi, un livre, autant de perceptions qu’il y a de lecteurs! Merci pour ce partage!
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C’est sombre, oui. Mais je crois qu’il faut aller voir au-delà pour tenter de comprendre les motivations de cette «beat-generation». Le mouvement de «sur la route» se poursuit toujours, mais autrement je pense, avec d’autres buts, d’autres horizons, d’autres motivations. Merci à toi! 🙂
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Quel merveilleux travail tu as fait pour cet article. J’ai lu ce roman il y a plusieurs années et je l’ai beaucoup aimé. Je veux terminer la dernière version du roman qui porte le titre Sur la route Le rouleau original. Plus de 370 pages et quasiment un seul long paragraphe. Édition publiée en français en 2010. Je veux aller lire, visionner tous les documents dont tu fais état tellement j’ai aimé ce roman!
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Je te souhaite une merveilleuse fin de lecture avec ta nouvelle édition. Le rouleau évoque la façon dont a été rédigé le roman par Kerouac. C’est vraiment intéressant. Au plaisir!
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Bonjour Nathalie ! J’avais ess
essayé de lire « sur la route » mais je n’avais pas accroché. Peut-être à cause de la traduction qui ne me semblait pas terrible. Il faudra un jour retenter une traduction plus moderne. Bon week-end et merci pour cette belle chronique !
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Merci à toi! Il faudrait peut-être le lire en anglais alors… Bonne fin de semaine!
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J’aimerais bien être capable de le lire en anglais mais malheureusement mon niveau dans cette langue est très mauvais. Je dois me contenter des traductions 😦 bonne soirée à toi Nathalie !
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D’accord…
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