Madame lit Sans refuge de Maryse Andraos
«Est-ce cela, devenir adulte? Perdre la beauté? Que fera-t-on de toi si tu ne sens plus rien, si tu n’es rien?» (p. 105)
Chère lectrice, Cher lecteur,
J’ai décidé de lire Sans refuge de Maryse Andraos car j’ai remarqué que l’autrice était finaliste dans la catégorie roman pour remporter le Prix du Gouverneur général du Canada. Comme je n’avais pas encore parlé de ce prix cette année, je me suis dit qu’il me fallait au moins lire un livre en nomination. Je suis bien contente de vous présenter Sans refuge.
Sans refuge de Maryse Andraos
Dans ce livre choral, nous suivons le parcours de Naïma tantôt adolescente, puis étudiante en grève et finalement, jeune femme. Autour d’elle, il y a son amie d’enfance Delphine, son copain Nathan, un punk, Simon, qui devient papa, et Ariane, une amoureuse. Ces êtres nés pour la plupart dans des banlieues, cherchent par tous les moyens à fuir la société capitaliste, le néant ou encore le non-sens. Pour ce faire, ils boivent de l’alcool, ils fument des joints, ils baisent, ils font des enfants. Ils tentent, tout simplement, d’être. Ils ont de la difficulté à communiquer, à aimer, à vivre. Naïma se rendra jusqu’en Islande avec sa caméra pour essayer de se trouver. Y arrivera-t-elle?
Ce que j’en ai pensé
Tout d’abord, j’ai énormément aimé la plume de Maryse Andraos. J’ai particulièrement apprécié la poésie se retrouvant au fil des pages :
«Tu te couches dans le paysage et tu disparais. Tu deviens la prairie attendant la morsure des chevaux ; si les nuages te regardent, c’est toi leur ciel. Près de toi repose ta besace lourde de cailloux, de tessons de bouteilles recrachées par les marées, de crânes et de plumes d’oiseaux — traces du réel cumulées pour te rappeler que tu en fais partie. »
D’une lucidité désarmante, ce livre propose une quête identitaire, celle de Naïma qui incarne avec son entourage le passage de la jeunesse vers l’âge adulte. Au début, Naïma se cache derrière un paravent pour assumer ses fonctions en tant que fonctionnaire au gouvernement. La vie l’a rattrapée comme elle rattrape tout le monde : les factures à payer, le temps qui passe et qui laisse son empreinte sur le corps, etc. Où sont passés nos rêves? Grâce à l’obtention d’une bourse pour une résidence d’artiste en Islande, elle va pouvoir tenter de s’accomplir en tant que femme. Elle réussira peut-être à travers la lentille de son appareil photo à percevoir un brin de lumière ou pas.
J’ai aussi apprécié les personnages des hommes dans ce livre à savoir, Nathan et Simon. Le premier préfère sa guitare à l’amour, l’autre préfère faire des enfants en banlieue et rentrer dans le moule que de percevoir la détresse de sa conjointe. Comme le soulève le narrateur à Naïma :
«Les traits de ton amie sont tirés, et sous son entrain apparent, tu reconnais les signes certains de la dépression qui t’a happée, plus d’une fois, celle de ta mère, de toutes les femmes dépassées par une histoire plus grande qu’elles. » (p.142)
Les hommes font plutôt ressortir le désarroi chez les figures féminines. La seule porte qui ouvre un espace meilleur, c’est celle du manoir surnommé «Gouineville» où Ariane vit avec sa communauté de lesbiennes. Dans ce lieu, les femmes cherchent à redéfinir un nouvel ordre tourné vers le bonheur, vers la sensibilité, vers la nature, vers un espace à soi.
Je vous encourage à lire ce premier livre de Maryse Andraos. C’est beau, c’est triste, c’est un peu de nous dont il est question. De mon côté, je vais certainement surveiller ses prochaines publications.
Je souhaite la meilleure des chances à Maryse Andraos pour qu’elle remporte le prestigieux Prix du Gouverneur général du Canada, catégorie roman. C’est déjà excellent d’être en nomination avec un premier livre.
Bien à vous,
Madame lit
Andraos, M. (2021). Sans refuge. Le Cheval d’août.
ISBN : 978-2-924491-43-0
Cet article contient des liens d’affiliation grâce à un partenariat avec la coopérative des Librairies indépendantes du Québec. Vous pouvez commander Sans refuge de Maryse Andraos par le biais du site Web des Libraires grâce à un lien sécurisé.
Tu m’as vraiment emballé en parlant de la poésie du roman. La première citation est tellement belle. C’est assuré que je veux lire ce livre avec tous ces personnages qui semblent passablement différents. Bravo pour ce texte…
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Merci beaucoup. Je suis convaincue que tu aimerais ce livre et ses personnages. Poésie, vide existentiel, quête identitaire, ces thèmes sont présents aussi. Au plaisir!
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On sent dans ta chronique comme tu as apprécié ce livre. En même temps… une réflexion sur soi, une façon poétique d’écrire… je comprends qu’il t’ait plu!
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Oui… Je crois qu’il peut toucher beaucoup de personnes. Merci! ❤️
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