Madame lit À l’est d’Éden de John Steinbeck

À l’est d’Éden
de John Steinbeck
«Les humains sont pris dans leurs vies, leurs pensées, leurs appétits et leurs ambitions, leur avarice et leur cruauté, mais aussi dans leur bonté, leur générosité, au filet du bien et du mal. C’est leur histoire, la nôtre, et elle se répète dans tous les domaines des sens ou de l’intelligence.» (p. 547)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Moka et Fanny organisent la saison 3 du défi littéraire : Les classiques, c’est fantastique. Pour janvier 2023, elles ont présenté la consigne suivante :
«Il avait été plébiscité lors du mois consacré aux adaptations cinématographiques… Nous avons donc décidé de le mettre à l’honneur en ce mois de janvier. Et puis, commencer l’année avec le grand John sonne assurément comme la plus belle résolution qu’on ait clairement envie d’honorer non ?»
À cet égard, j’ai choisi de plonger dans À l’est d’Éden. Pourquoi? J’avais lu sur un signet que ce livre figurait parmi les livres préférés de Robert Lalonde. Donc, j’ai eu envie de découvrir les raisons motivant le choix d’un de mes auteurs préférés québécois.
À l’est d’Éden de John Steinbeck
Comment résumer cette histoire de 800 pages? Je vais m’essayer mais il faut me pardonner quelques oublis.
Il est question du destin des familles Hamilton et Trask. Les êtres de ces familles sont marqués par le bien et le mal. Tout débute dans une ferme au Connecticut pour se terminer à Salinas, en Californie. Sur plusieurs générations, les destinées d’Adam Trask, un homme calme et aimant, de son demi-frère Charles Trask, une personne solitaire et violente, de Samuel Hamilton, un être tendre et doux, de son épouse Liza, une femme chassant le péché, et des jumeaux Caleb et Aaron Trask, les enfants d’Adam et de Cathy, une prostituée méchante dont la beauté est comparable à la laideur de son âme, sont racontées.
Mais plus que cela, c’est l’Histoire d’une région (la vallée de la Salinas en Californie du Nord) qui est abordée par le biais de ses gens durs, forts, tendres possédant des démons dans les tréfonds de leur âme qu’il faut qu’ils apprennent à dompter pour accepter de vivre enfin en toute liberté.
Mais aussi, par le biais de ces êtres, c’est l’Histoire d’Abel et Caïn qui s’avère réécrite.
Ce que j’ai pensé de ma lecture
Je dois vous dire que j’ai adoré ma lecture au point que je vais devoir modifier mon Top Cent pour y inclure À l’est d’Éden. J’ai aimé me faire raconter ce récit par un narrateur, proche d’une des familles, car il est le petit-fils de Samuel Hamilton. Mais ce sont surtout ces personnages affligés par la dualité bien/mal qui m’a conquise. Par exemple, Adam, dans la vallée de la Salinas, achète des terres pour s’y établir car il souhaite créer un jardin d’Éden rempli de lumière et de beauté pour son épouse. Il l’adore. Cependant, Cathy n’en veut pas. Elle ne l’aime pas et elle l’abandonne car elle apparaît comme un être inhumain, froid, pervers. Adam ne voit pas le mal qui habite sa femme même si cette dernière lui tire dessus et le laisse seul pour s’occuper et élever leurs jumeaux (Aaron et Caleb) qui n’ont pas un mois.
Plus que cela, Cal (Caleb) en vieillissant croit qu’il est habité par le mal de sa mère. Il va développer un amour passionnel pour son père et il décide que sa mère est l’ennemi de la famille. Elle est la cible à atteindre et il désire plus que tout protéger son paternel. Pour ce faire, il devra faire des choix déchirants, terribles, lourds de conséquences pour les siens. Grâce au merveilleux personnage de Lee, le Chinois s’occupant de la famille d’Adam Trask, il fera l’apprentissage de l’importance du mot Timshel et que chaque homme de chaque génération doit passer par l’épreuve du feu.
Dans une conversation avec Samuel Hamilton, Lee mentionne ceci à propos du mythe de la Genèse :
«Toute phrase qui a influencé la pensée et la vie d’une quantité innombrable de gens est importante. Dans les sectes et les églises, des millions de fidèles obéissent à l’ordre ‘’domine’’, et jettent tout leur poids dans l’obéissance; des millions d’autres croient à la prédestination du tu le domineras, rien de ce qu’ils peuvent faire n’arrêtera la marche du destin. Mais tu peux, voilà qui grandit l’homme, qui le hausse à la taille des dieux, car dans sa faiblesse, sa souillure, et le meurtre de son frère, il a le grand choix. Il peut choisir sa route, lutter pour la parcourir, et vaincre». (p. 405)
Grâce au Chinois, un personnage du récit assurera sa rédemption et il connaîtra la grandeur du verbe pouvoir tributaire du mythe d’Abel et Caïn.
Mais encore, j’ai aimé cette histoire pour toutes sortes de raisons. Par exemple, Steinbeck en abordant l’arrivée de l’automobile dans le quotidien des gens mentionne par le biais des paroles d’un personnage :
-«On va nous gâcher le paysage, nous empester et nous rendre fous, continua le postier. Nous le voyons déjà ici. Des gens qui venaient à la poste une fois par semaine viennent maintenant tous les jours, et même deux fois par jour. Ils ne peuvent plus attendre leur courrier. Ils sont pressés, de plus en plus pressés.» (p. 494)
J’aurais tellement à dire sur la puissance de ce livre, mais je n’ai qu’un conseil à vous donner : lisez-le. À mes yeux, il est un chef d’oeuvre.
Ce bouquin a été lu dans le cadre du défi Les Classiques, c’est fantastique créé par Moka et Fanny car en janvier, il fallait lire un bouquin de John Steinbeck. Je peux enfin dire que j’ai lu un récit de ce récipiendaire du prix Nobel de littérature de 1962.
Avez-vous lu ce classique?
Bien à vous,
Madame lit
Steinbeck, J. (2021). À l’est d’Éden, traduit de l’anglais par J.-C. Bonnardot. Le livre de Poche.
ISBN : 978-2-253-00597-1
Vous avez remarqué une faute dans mon article? Écrivez-moi à lit.madame@gmail.com et il me fera plaisir de la corriger. Je ne suis pas parfaite… et il m’arrive aussi d’en faire. Merci et bonne lecture!!!
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Encore un chef d’oeuvre que je n’ai pas lu… j’ai pourtant tellement aimé « Les raisins de la colère », lu deux fois.
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Il ne faut pas hésiter à lire alors «À l’est d’Éden». Je ne peux qualifier ce livre que de chef d’oeuvre. Au plaisir et merci!
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J’ai lu ce classique, mais à mon avis, en étant encore trop jeune (21 ans, pour occuper des jours, des mois d’hospitalisation) pour en tirer toute la richesse de ‘notre histoire en tant qu’humain’. J’ai beaucoup aimé la chronique qui m’a rappelé quelques richesses oubliées.
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Je suis bien contente de l’apprendre. Si ma chronique a ravivé de belles impressions de lecture, alors, j’ai atteint mon objectif! Au plaisir!
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Je n’ai pas lu celui-ci, mais j’ai beaucoup aimé « Des souris et des hommes », « Tortilla Flat », « La Perle », …
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J’espère que tu auras la chance de plonger dans celui-ci. Merci Marie-Anne!
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Ce roman est grandiose et je ne peux qu’abonder dans ton sens: oui, il s’agit d’un chef d’œuvre.
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Merci! On partage alors la même perception. 🙂
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Je ne l’ai pas encore lu. Je n’ai encore rien lu de Steinbeck, et compte y remédier prochainement, en commençant par La Perle. Je prends note de celui-ci! En tout cas, ta chronique lui rend un bel hommage!
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Merci beaucoup! C’était ma première lecture de son univers et quel livre magnifique! J’ai dû même modifier mon top 100, c’est peu dire comme je l’ai aimé. Bonne découverte de «La Perle»!
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C’est un des rares livres que j’ai lu deux fois, la première au lycée, et la seconde il y a 2/3 ans, avec un plaisir intact. Quelle fresque bouleversante… et j’ai aussi l’intention de relire Les raisins de la colère, dont ma découverte remonte aussi à mes années lycée (c’set dire si ça remonte !!)…
Ingannmic (https://bookin-ingannmic.blogspot.com/)
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Je n’ai pas lu encore «Les raisins de la colère» mais j’ai maintenant très envie de découvrir plus en profondeur les livres de Steinbeck. J’ai tant aimé celui-ci. Les thèmes me parlent énormément. Merci beaucoup!
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Je n’ai lu que Cannery Row, il y a deux-trois ans, mais j’avais trouvé l’écriture merveilleuse, ainsi que l’attention qu’il porte à ses personnages. Voilà des années que je veux lire Des souris et des hommes et Les raisins de la colère, alors que faire, après ton billet si enthousiaste, sinon ajouter A l’est d’Eden à ma liste?
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Oui! 🙂 Je commence ma découverte aussi de son oeuvre. Je vais enchaîner avec «Les raisins de la colère» et «Des souris et des hommes». J’adore la façon dont il construit ses personnages qui véhiculent des concepts du bien et du mal. Juste pour le personnage du Chinois dans «À l’est d’Éden», cette lecture s’avère essentielle. Merci!
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Ouah, 800 pages, tu as fait fort, je le note bien sûr (j’ai vu le film mais pas lu le roman), un jour peut-être… En tout cas, belle note de lecture 🙂
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Merci! Oui, 800 pages mais je n’en ai pas sauté une… C’est vraiment une excellente histoire! 🙂
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Je ne l’ai pas lu, celui-ci… il faudra que j’y vienne! Merci pour ce partage. 🙂
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Tu ne le regretteras pas. Bonne lecture et au plaisir!
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Merci, à bientôt!
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J’aime beaucoup les romans américains mais je connais peu Steinbeck. Tu as beaucoup aimé, le place dans ton Top Cent. Sachant que tu as lu beaucoup de romans, je ne peux qu’avoir le goût de lire ce chef d’oeuvre…
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Oui, c’est un livre qui mérite tous les éloges. Je ne peux que t’encourager à le lire, surtout en sachant que tu aimes la littérature américaine. On y retrouve des thématiques tributaires de l’essence même de l’Amérique. Bonne lecture!
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Un livre que j’ai hâte de lire, il semble être la promesse d’une lecture intense et magnifique. Ta chronique est alléchante !
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Merci! 🙂
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Évidemment qu’il doit figurer dans top ! ❤️
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Il s’y trouve maintenant! 🙂 ❤️
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