Madame lit Le garçon aux pieds à l’envers : Les chroniques de Saint-Sévère

Le garçon aux pieds à l’envers
«Si je m’inventais des amis, ils ne seraient pas comme Thomas. J’inventerais du monde moins bizarre». (p. 139)
Chère lectrice, Cher lecteur,
François Blais s’est enlevé la vie en 2022. Cette mort apparaît toujours mystérieuse à mes yeux car je ne le connaissais pas, seulement de nom. Toujours est-il que j’ai trouvé l’annonce de son suicide bouleversante. Cet écrivain possédait un talent fou et il a reçu de prestigieux prix littéraires dont celui du Gouverneur général et le Prix des libraires en 2019 pour son roman jeunesse Lac Adélard. De mon côté, j’ai lu Un livre sur Mélanie Cabay à la suite de son décès et j’avais beaucoup aimé le style de l’écrivain. C’est pourquoi j’ai demandé à la maison d’édition Fidès, si je pouvais recevoir en service de presse son roman publié posthume, Le garçon aux pieds à l’envers. J’ai obtenu le bouquin il y a quelques mois déjà, mais je l’avais perdu. Heureusement, je l’ai retrouvé et il me fait plaisir de partager avec vous une chronique sur ce dernier. Par le biais de cette dernière, je tiens à remercier les éditions Fidès pour cet envoi en service de presse.
Le garçon aux pieds à l’envers
C’est l’été. À Saint-Sévère, un petit village québécois où il ne se passe jamais rien, sauf de voir des vaches paître, Joey Laforme, une fillette, disparaît. Auparavant, elle se trouvait sur la galerie de son amie, Adrienne Ferron, 14 ans. Avant de disparaître, elle lui a laissé un message étrange dans sa boîte vocale. Adrienne s’inquiète rapidement. Elle retrouve le sac-à-dos de Joey et sa jeune amie ne répond pas à ses textos. Elle sait bien que les parents de la fillette ne se préoccupent pas d’elle car ils sont négligents. Elle décide avec son amie Léonie venue pour l’aider (cette dernière habite en ville) d’enquêter sur la mystérieuse absence de Joey. Contre toute attente, Adrienne reçoit un texto d’un garçon qui faisait partie de son petit monde il y a plusieurs années alors qu’elle n’était qu’une enfant. Il s’agit de Thomas, le garçon aux pieds à l’envers. Il dit qu’il sait où se trouve Adrienne. Pourquoi la fillette est-elle avec lui? Est-elle en danger? Adrienne et Léonie réussiront-elles malgré des signes de paranormal à percer le mystère?
Ce que j’ai pensé de ma lecture
C’est avec beaucoup d’émotions que j’ai lu le dernier roman jeunesse de François Blais. J’admire sa plume car elle est toujours d’une justesse. J’aime aussi que l’auteur fasse des liens avec des criminels qui ont commis des atrocités envers les enfants. La lectrice ou le lecteur peut remarquer dans les écrits de Blais comment ces derniers hantent son imaginaire. Dans Le garçon aux pieds à l’envers, Blais cite l’affaire Cédrika Provencher qui a été très médiatisée au Québec ou encore, comme il le relève par le biais d’un personnage :
«Si un enfant disparaissait, il pensait à Marc Dutroux avant de penser à Slenderman». (p. 193)
Alors, ces éléments tributaires du réel confèrent une certaine puissance au récit car en lisant avec des yeux d’adulte, l’imaginaire est perturbé. Va-t-on avoir affaire à un tueur d’enfants avec la disparition de Joey? S’agit-il d’une blague? Ou d’un simple malentendu? En tous les cas, l’adulte que je suis a été préoccupée en lisant le bouquin.
Mais encore, Blais a recours à différents personnages surnaturels effrayants comme des amis imaginaires cruels voire sadiques, des démons, ou encore :
«Écoute, je viens de trouver ça sur Wikipédia. ‘’ Sack Man, ou Bag Man, ou el hombre del Saco, ou l’homme au sac. Personnage légendaire apparaissant dans plusieurs cultures, il s’apparente au croquemitaine français ou au bonhomme Sept-Heures canadien.» (p. 93)
Je me souviens très bien durant mon enfance de cet être terrifiant. Ma mère m’effrayait avec la Légende du bonhomme Sept-Heures. Je m’inventais des mondes sur ce dernier et j’avais toujours des questions qui ne finissaient jamais à poser à mes parents sur ce terrible bonhomme au sac!
Alors, en lisant, je me disais que parfois, la réalité est beaucoup plus terrifiante (les Dutroux de ce monde existent). Et c’est pourquoi j’ai adoré le personnage belge : le chasseur de démons. Il sait que la cruauté subsiste sur cette planète et il a peur pour Joey.
Mais plus que cela, cette histoire en est une d’amitié. Comme il apparaît sur la quatrième de couverture : «L’amitié est sans pitié». Elle met en lumière le jeu terrible d’amitié adolescente féminine. Qui aime plus que qui? Pourquoi préfère-t-elle telle amie plutôt que moi? Autant de questions qui peuvent faire surgir le mal même dans les coeurs les plus doux. C’est par le biais de ses personnages adolescents féminins que frappe fort François Blais. Il réussit à faire frissonner son lectorat avec Adrienne, Léonie et Corinna. Il y a toujours quelqu’un de trop dans un trio… et l’amitié possède ses revers.
Ce livre a créé une polémique au Québec. Une sous-ministre québécoise du ministère de la Santé a rédigé une lettre demandant aux bibliothécaires, libraires, professeurs, de ne pas attirer l’attention sur ce roman auprès des adolescents-tes en raison de liens avec le suicide et qu’il y aurait un risque d’émulation.
https://www.985fm.ca/nouvelles/531738/le-garcon-aux-pieds-a-l-envers-trop-choquant-a-lire
Les Éditions Fidès ont répliqué en disant ceci :
« Il s’agit d’un acte de censure qui est préjudiciable à l’œuvre de l’auteur, à la réputation de la maison d’édition et, ultimement, aux lecteurs et lectrices. »
Je ne sais pas… je vous laisse le lire et juger par vous-mêmes. De mon côté, j’ai aimé cette histoire, peut-être parce que je ne suis pas fragile. Et dire que je lisais du Stephen King adolescente…et les livres de ce dernier se retrouvaient sur les rayons de ma bibliothèque à la polyvalente (lycée). Mais bon. Autre temps, autres moeurs.
Donc, lisez ou relisez du François Blais. Cet homme possédait un talent indéniable.
Le garçon aux pieds à l’envers en témoigne.
Connaissiez-vous cette polémique autour de ce livre? L’avez-vous lu? Il vous tente?
Bien à vous,
Madame lit
Blais, F. (2022). Le garçon aux pieds à l’envers. Fidès.
ISBN : 978-2-7621-4549-6
Vous avez remarqué une faute dans mon article? Écrivez-moi à lit.madame@gmail.com et il me fera plaisir de la corriger. Je ne suis pas parfaite… et il m’arrive aussi d’en faire. Merci et bonne lecture!!!
Cet article contient des liens d’affiliation grâce à un partenariat avec la coopérative des Librairies indépendantes du Québec. Vous pouvez commander Le garçon aux pieds à l’envers de François Blais par le biais du site Web des Libraires grâce à un lien sécurisé.
Je n’ai jamais lu François Blais.
Et j’ai une question : quand tu dis « elle se trouvait sur la galerie de son amie », de quel genre d’endroit veux-tu parler? Je pense que c’est un terme qu’on n’utilise pas en Belgique.
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Merci en tout cas pour cette découverte!
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Éric me dit que l’équivalent en Belgique est une terrasse. Au Québec, on appelle cela une galerie.
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Merci à Éric 😊! J’aurai appris quelque chose 😊
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Au plaisir! 🙂
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