Madame lit Agnès Grey d’Anne Brontë

Agnès Grey
«J’aimerais être gouvernante». (p. 23)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Pour la première fois en trois ans, je suis en retard pour ma participation mensuelle au défi littéraire : Les classiques c’est fantastique. Pourquoi? Je suis en vacances depuis le début d’avril en Europe (Belgique et alpes provençales) dans la famille de mon conjoint. Alors, le temps accordé à la lecture s’avère plus limité. Mais, je n’ai pas oublié d’apporter dans ma valise le bouquin que je désirais lire pour ma participation mensuelle. D’ailleurs, le thème de ce mois est:
«Avril : Époque victorienne
Terminer cette année classique avec une véritable immersion dans l’époque victorienne. À nous la lecture des romans anglais publiés sous son règne pour ces jours d’avril qui marqueront aussi la fin de cette folle 3e saison!»
Donc, j’ai choisi de plonger dans Agnès Grey d’Anne Brontë. J’ai tellement aimé ma lecture de La Dame du manoir de Wildfell Hall, que je souhaitais renouer avec la plume de la plus effacée, mais la non moins fascinante, des soeurs Brontë. Anne Brontë a fait paraître son roman Agnès Grey en 1847, deux ans avant sa mort, sous le pseudonyme d’Acton Bell, car il n’était pas bien vu à cette époque qu’une femme fasse publier un livre. Dans ce dernier, elle relate son expérience de gouvernante.
Agnès Grey d’Anne Brontë
Agnès Grey est l’autobiographie d’une jeune femme. Agnès est la fille d’un pasteur et elle a grandi dans une famille aimante dans le Nord de l’Angleterre. Elle décide d’aider les siens en exerçant la profession de gouvernante. Pour son premier emploi, elle se retrouve dans la famille Bloomfield où elle est responsable de l’éducation de Mary-An et de Tom. Les enfants sont gâtés, n’écoutent pas leur gouvernante et ils n’en font qu’à leur tête. Ils se moquent éperdument des leçons qu’Anne tente de leur donner et ils exercent une certaine cruauté. Après de vains efforts, Anne est renvoyée. Elle trouve alors un autre emploi de gouvernante auprès des Murray. Elle veille à l’éducation du mieux qu’elle peut des deux jeunes filles de la famille : Rosalie et Mathilde. Ces dernières sont également difficiles à éduquer. L’aînée, Rosalie, est remplie de vanité et elle apparaît capricieuse. Elle est «artificieuse» et elle ne pense qu’à se jouer de ses prétendants. La cadette pense plus à la chasse, aux chevaux et aux chiens qu’à devenir une lady.
Durant son temps libre, Anne s’occupe du mieux qu’elle peut des pauvres personnes du village et elle rencontre le jeune vicaire, Edward Weston.
Ce que j’ai pensé de ma lecture
Encore une fois, je salue le courage d’Anne Brontë d’avoir créé une héroïne qui prend son destin en main en travaillant et en gagnant un salaire à une époque où les femmes avaient peu de possibilités quant à leur avenir professionnel. Agnès, malgré la cruauté des certains membres de la famille chez qui elle travaille, ne courbe pas l’échine. Au contraire, elle cherche plutôt à dénoncer la façon dont les parents éduquent leurs enfants. Après des vacances dans sa famille, Anne revient auprès des Bloomfield.
«Je retournai avec courage à mon oeuvre, tâche plus ardue que vous ne pouvez l’imaginer si jamais vous n’avez été chargé de la direction et de l’instruction de ces petits rebelles turbulents et malfaisants, qu’aucun effort ne peut attacher à leurs devoirs, pendant que vous êtes responsable de leur conduite envers des parents qui vous refusent toute autorité. Je ne connais pas de situation comparable à celle de la pauvre gouvernante qui, désireuse de réussir, voit tous ses efforts réduits à néant par ceux qui sont au-dessous d’elle et injustement censurés par ceux qui sont au-dessus.» (p.57)
Le thème principal de ce récit est l’éducation des enfants. Dans la première partie, l’autrice, par le biais de la plume d’Agnès, n’hésite pas à brosser un portrait des enfants comme étant des tyrans cruels. Dans la seconde famille, Agnès essaie d’inculquer un peu de valeurs aux jeunes filles de qui elle a la responsabilité mais c’est peine perdue. Rosalie et Mathilde ne pensent qu’à leur propre plaisir, ce qui conduira la première à une bien triste destinée.
Mais encore, j’ai beaucoup apprécié l’empathie dont fait preuve Anne envers les animaux. Par exemple, elle essaie de les soustraire à la cruauté des enfants dont elle a la responsabilité. Elle tente d’inculquer de la compassion comme elle le peut aux enfants envers les animaux. Comme elle, je suis sensible aux bêtes. Je ne supporte pas la cruauté animale.
Dans ce récit, il y a une histoire d’amour entre Agnès et M. Weston, le vicaire. Cette relation s’avère basée sur la bonté du coeur. Elle se dévoile dans le silence, dans la lenteur, dans la quête de l’autre. C’est beau… Elle élève l’âme…
«Et c’est à ce moment que M. Weston apparaissait dans mon horizon comme l’étoile du matin, pour me sauver de la crainte des ténèbres qui allaient m’envelopper. Je me réjouissais d’avoir enfin un sujet de contemplation qui fût au-dessus de moi et non au-dessous. » (p. 141)
Vous l’aurez compris, j’ai encore une fois beaucoup apprécié la plume d’Anne Brontë. Il ne faut pas hésiter à la lire… C’est une féministe avant-gardiste!
Ce bouquin a été lu dans le cadre du défi Les Classiques, c’est fantastique créé par Moka et Fanny . En avril, les romans tributaires de l’époque victorienne étaient à l’honneur.
Avez-vous lu Agnès Grey? Qu’avez-vous pensé de ce livre?
Bien à vous,
Madame lit
Brontë, A. (2012). Agnès Grey. Traduit de l’anglais par Ch. Romey et A. Rolet. Archipoche.
ISBN : 978-2-35287-314-3
Vous avez remarqué une faute dans mon article? Écrivez-moi à lit.madame@gmail.com et il me fera plaisir de la corriger. Je ne suis pas parfaite… et il m’arrive aussi d’en faire. Merci et bonne lecture!!!
J’ai fait le chemin inverse ici : je viens de terminer La dame de Wildfell Hall après avoir lu Agnès Grey il y a plusieurs années.
J’ai adoré l’héroïne de La dame de…, si courageuse, si digne et si attachante dans son malheur. Anne Brontë n’hésite effectivement pas à prendre parti malgré sa condition de femme en pleine époque victorienne.
J’avais aimé Agnès Grey aussi, que j’avais trouvé plus « romantique ».
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Je partage ton opinion. J’ai adoré aussi l’héroïne de La Dame…, pour sa force, son esprit, sa façon d’être à une époque très difficile car les femmes n’avaient aucun droit. Dans «Agnès Grey», j’ai apprécié la dénonciation de la condition des gouvernantes par rapport aux parents. Je trouve que la plume d’Anne va à l’essentiel. Merci!
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Je me souviens avoir beaucoup aimé Agnès Grey, cela me donne envie de le relire après toutes ces années. Le côté romantique ne me fait pas peur ;-D et la condition féminine à toutes époques est un sujet passionnant. Pourquoi pas découvrir aussi la dame de Widfell Hall du coup…
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Je te conseille de découvrir «La Dame de Wildfell Hall»…. Un immense coup de coeur pour moi.
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(tu étais en Belgique ? Et de quel côté ? 😁)
Anne Brontë est la seule des sœurs que je n’ai pas encore découverte ! Tu as l’air enchantée par cette lecture.
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Nous étions du côté de Spa et de Theux dans la région liégeoise. Anne est une autrice à découvrir…
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J’ai le livre devant moi et je m’y mets et je devrais aimer suite à la lecture de ton article…
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Bonne lecture alors et tu m’en redonneras des nouvelles! Au plaisir!
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Non, je n’ai pas lu ce célèbre roman mais ta chronique est très convaincante. Merci Lily et bon premier mai !
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Au plaisir!
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Bonjour Nathalie ! J’ai déjà lu Charlotte Bronte et Jane Eyre mais pas la troisième sœur ! Elle a l’air également très intéressante et féministe avant l’heure ! Bonne journée à toi
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Merci Marie-Anne! En effet, je trouve Anne plus féministe que ses deux soeurs. Elle mérite que l’on découvre ses deux romans. Au plaisir!
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J’avais beaucoup aimé La dame de Wildfell Hall mais je n’ai toujours pas lu Agnes Grey malgré mon grand désir de lire tout ce que je n’ai pas lu des soeurs Brontë ! Ta chronique donne envie et me laisse à penser que cette lecture me comblera sans problème !
J’espère que tu passes, ou que tu as passé si elles sont finies, de bonnes vacances !
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Je suis de retour chez moi, merci. J’ai préféré «La Dame de Wildfell Hall» mais «Agnès Grey» est aussi un bon livre. T’sais, quand c’est une Brontë, on aime toujours… Bonne lecture à toi!
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Je n’ai encore rien lu de cette troisième sœur… et des livres que tu as chroniqués d’elle, il me semble que celui-ci aurait ma préférence! Je prends note et te dis merci 😊
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Au plaisir!
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