Madame lit Les ombres du monde de Michel Bussi

« Parce que chacun d’entre nous porte cette part de peur et de haine, tapie dans nos cerveaux, prête à le dévorer. Là où dansent les ombres du monde, sur le plancher pourri de notre humanité. » (p. 555-556)
Chère Lectrice, Cher Lecteur,
J’ai lu Les ombres du monde de Michel Bussi dans le cadre de la rentrée littéraire 2025. Je tiens à remercier la maison d’édition pour cet envoi en service de presse. Comme je n’avais jamais rien lu de cet auteur, j’étais curieuse de découvrir son imaginaire et sa plume. Je peux vous dire que je ne regrette pas du tout ma lecture de ce livre. Pourquoi ?
Les ombres du monde
Ce roman se déroule selon trois temporalités.
D’une part, en 1990, le capitaine Jorik Arteta, un Français, rencontre Espérance, une professeure rwandaise. Espérance souhaite une transition démocratique et elle est consciente des enjeux politiques qui se jouent pour son peuple.
Le 6 avril 1994, l’avion présidentiel explose en plein vol. Qui est responsable de la mort du président rwandais ? Le ciel devient sombre au-dessus du Rwanda, car une guerre déchire le peuple et l’ensanglante.
D’autre part, Noël 2024, Jorik devenu père et grand-père, décide d’amener sa fille et sa petite-fille observer les gorilles au Rwanda. En terre rwandaise, ils devront affronter leurs fantômes… Réussiront-ils à trouver un peu de lumière dans ces ténèbres ? Un journal les guidera, celui d’Espérance.
Mes impressions
Ce livre m’a marquée pour diverses raisons. D’abord, je suis toujours touchée lorsqu’il est question du génocide au Rwanda. Ce dernier éveille de la peur en moi, de la noirceur et de l’incompréhension par rapport à la haine ethnique. Comment peut-on autant détester son prochain au point de le tuer ? Dans ce livre, Michel Bussi lève le voile sur des éléments restés dans l’ombre depuis bien longtemps. Comme il le mentionne dans la postface :
« Tout est vrai. En effet, les événements racontés dans ce roman, aussi incroyables et effroyables qu’ils soient, sont tous tristement réels. Je me suis efforcé d’en restituer les enjeux historiques, géographiques et politiques avec la plus grande rigueur et précision». (p. 568)
Bussi n’a pas peur de creuser, d’exposer. Il décrit des opérations qui se sont déroulées au Rwanda comme « Noroît, Amaryllis, Silver Back et Turquoise ». Aussi, il n’hésite pas à aborder les choix de son pays concernant l’aide militaire ou pas apportée aux Tutsi surtout en ce qui concerne le rôle joué par la France dans l’attentat du Président Habyarimana. Cet attentat permet à l’auteur de créer un mystère qu’il faut élucider par le biais de la fameuse boite noire. Où est-elle ? Qui l’a prise ? Pourquoi cette personne la cache-t-elle ?
Le génocide rwandais est connu du grand public québécois dans ses très grandes lignes surtout en ce qui concerne le rôle du général Dallaire et des casques bleus canadiens. Par exemple, un film québécois a été tourné sur ce terrible génocide racontant l’histoire du général Dallaire J’ai serré la main du diable et un documentaire a également été réalisé avec le général Roméo Dallaire retournant au Rwanda. Gil Courtemanche a pour sa part publié un livre : Un dimanche à la piscine de Kigali. Et il y a le vécu de Corneille qu’il aborde dans sa touchante chanson « Parce qu’on vient de loin ».
Mais encore dans ce livre, j’ai pu remonter aux sources du mal, c’est-à-dire, j’ai assisté à la montée du Hutu Power et des extrémistes de l’Akazu. Tout s’avère organisé, planifié dans le but d’assassiner les Tutsi. Ce mal, rongeant les Hutu, m’apparaît inexplicable et inexcusable. La haine fracasse les parois de la raison et elle devient meurtrière.
« Un génocide n’est pas un feu de broussailles qui s’élève sur deux ou trois racines. Mais sur un noeud de racines qui a moisi sous terre sans personne pour les remarquer. » (p. 356-366)
Mais encore, j’ai appris que la distinction entre un Hutu et un Tutsi repose sur des caractéristiques absurdes comme la grandeur ou encore si quelqu’un possède neuf vaches. Ces éléments arbitraires sont tributaires de la colonisation belge. Alors, j’ai découvert qu’un problème identitaire s’infiltrait au coeur même de la haine et qu’il reposait sur des concepts absurdes.
De plus, dans ce livre, il y a une belle histoire d’amour entre Espérance et Jorik. Cette dernière m’apparaissait condamnée dès le début et j’ai ressenti de la compassion pour les deux amoureux. Comment l’amour peut-il se déployer dans un tel carnage ou dans une telle boucherie ? Espérance ne va penser qu’à la survie de sa fille Aline et à la sienne. Tandis que Jorik doit obéir aux ordres. Sa survie n’est pas menacée, car il est du côté des forts, de Mitterrand. Les deux semblent indissociables de la vie et de la mort. Comme le mentionne Espérance à Jorik à la fin du livre :
« Rassure-toi, Jorik, nous n’avons pas tout raté. Tu as construit une famille, j’ai fait condamner des tueurs. Tu t’es occupé de la vie, je me suis occupée de la mort ». (p. 546)
Devoir de mémoire, ce livre invite le lecteur a revisiter un des drames les plus terribles du XXe siècle. Je vous recommande de le lire car :
- Il présente des personnages réels et fictifs
- Il évoque la vérité historique
- Il possède un rythme fou
Par ailleurs, cette lecture me permet de participer aussi au défi organisé par Mokamilla: Quatre saisons de pavés. Ce sera ma lecture d’automne.
L’avez-vous lu ?
Bien à vous,
Madame lit
Michel Bussi, Paris, Les Presses de la Cité, 2025, 572 p.
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Je n’ai pas lu celui-ci…
Ici Michel Bussi a longtemps été considéré comme un écrivain grand public.. Autant dire mineur dans l esprit étroit français.
Non seulement je ne le pense pas mais en plus je l ai rencontré deux fois lors d’échanges avec des prix littéraires collégiens et il est extrêmement bienveillant et charmant…
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En tous les cas, je peux dire que ce roman mérite d’être lu. Michel Bussi présente des recherches et expose des faits sur ce terrible drame. Je ne peux que louer toute cette recherche… Chanceuse alors de l’avoir rencontré. 🙂 Merci !
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Je suis d’accord avec toi…
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j’ai beaucoup aimé, très intéressant !
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On partage alors le même ressenti. Au plaisir!
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Étonnamment je n’en ai pas du tout entendu parler alors que Michel Bussi est très populaire ici. Il est peut-être encore trop difficile pour les Français d’assumer leur rôle, possible que ça ait limité la publicité autour de ce roman qui semble très prenant.
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Étrange en effet… oui, c’est un livre prenant et très bien documenté. Il y a beaucoup de travail derrière ce livre. Je lève mon chapeau à l’auteur!
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Bonjour Nathalie, ce livre a l’air très bien mais le nombre de pages me ferait un peu reculer. En tout cas, j’espère lire un jour quelque chose sur le Rwanda car c’est un sujet important de l’histoire contemporaine. Merci 🙏 Bonne journée à toi 📚🤩🌞🍂🍁
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Bonjour Marie-Anne, ce livre m’apparaît essentiel si on veut comprendre ce génocide. Alors si tu cherches un jour un livre sur ce sujet, tu pourras le choisir. Il se lit très bien malgré son nombre de pages. Merci et bonne fin de journée!!! 📖💐🌻
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J’ai beaucoup apprécié ton texte et les trois temporalités. Que va-t-il se passer entre 1994 et 2024? J’ai le livre maintenant et je devrais bien aimer.
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Je crois aussi car il y a beaucoup de rebondissements. On ne s’ennuie pas. Bonne lecture et merci!
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