Madame lit L’Île des oubliés de Victoria Hislop
Chère lectrice, Cher lecteur,
En mai, mon club de lecture s’est penché sur L’Île des oubliés de Victoria Hislop. C’est la dame qui tient la boutique la Librairie d’occasion qui m’avait dit que le livre était très bon. J’avais alors hâte de le découvrir en même temps que les participantes et les participants au club de lecture.
Tout d’abord, qui est Victoria Hislop ?
Selon son site Internet :
« Victoria Hislop studied English Literature at Oxford University and afterwards worked in book publishing, PR and journalism. During her time as a journalist, she wrote on education and travel for national newspapers and magazines and was sent on assignments around the world.
Inspired by a visit to Spinalonga, the abandoned Greek leprosy colony, Victoria wrote The Island in 2005. She was named Newcomer of the Year at the British Book Awards and the novel became an international bestseller, translated into 40 languages, with over 6 million copies sold worldwide. It was turned into a 26-part Greek TV series which achieved record ratings for Greece. »
L’Île des oubliés
Alexis, une jeune archéologue de 25 ans, participe à un voyage en Grèce en compagnie de son amoureux Ed. Elle se pose des questions sur sa relation. Elle voudrait aborder cet aspect de sa vie avec sa mère, mais cette dernière apparaît plutôt fermée aux discussions. Elle va donc aller rencontrer seule une amie d’enfance de sa mère à Plaka, en Crète. Cette amie va lui narrer son histoire familiale en remontant jusqu’à la destinée de son arrière-grand-mère, une lépreuse qui a connu l’exil sur l’Île de Spinalonga et qui a dû abandonner son mari et ses deux filles. À travers le portrait des femmes de sa famille, qui est indissociable de l’île des lépreux, Alexis amorce une découverte de ses racines et par le fait même de son identité.
Mes impressions
Tout d’abord, je sors mitigée de cette lecture. D’une part, j’ai aimé découvrir Spinalonga et la vie s’y déroulant. Je ne savais pas que cette dernière existait et que des lépreuses et des lépreux avaient dû s’y rendre, car elles ou ils n’avaient pas le choix de 1904 à 1957. J’ai été vraiment touchée par leur exil, leur exclusion et par les conséquences engendrées sur leur famille, sur leurs relations d’amitié, sur leur communauté. Mais plus que cela, l’île de Spinalonga apparaît comme un être vivant. Elle n’est pas un mouroir comme se l’imaginent les Grecques ou les Grecs. D’ailleurs, Eleni, l’arrière-grand-mère d’Alexis, va continuer à exercer le métier d’enseignante sur l’île. Cette dernière s’avère passionnée par son travail et elle excelle à aider ses élèves. Elle va même rester une mère en vivant avec un jeune lépreux, Dimitri, en assurant ce rôle auprès de lui. Mais encore, c’est l’histoire de la lèpre qui m’apparaît fascinante. Encore une fois, je ne connaissais rien sur ce sujet. Dès le départ, la Bible est citée et l’instance lectrice comprend à quel point la religion catholique a orienté la perception des gens par rapport aux lépreuses et aux lépreux. Comme le soulève le narrateur à propos d’Eleni :
« Elle savait, bien avant d’aller voir le médecin, qu’elle avait contracté une des maladies les plus redoutées. Les mots du Lévitique, que le prêtre du coin récitait plus souvent que de raison, résonnèrent dans son crâne :
« S’il y a une tumeur d’un blanc rougeâtre, c’est un homme lépreux, il est impur : le sacrificateur le déclarera impur. Le lépreux, atteint de la plaie, portera ses vêtements déchirés, et aura la tête nue ; il se couvrira la barbe et criera : ‘’Impur ! Impur !’’ » (p. 77)
Ainsi, cette croyance par rapport aux lépreuses et aux lépreux est ancrée dans la société depuis très, mais très longtemps. La lèpre devient donc synonyme d’impureté par rapport au divin et elle est gage de honte.
D’autre part, j’ai apprécié qu’Alexis écoute le récit des femmes de sa famille. À travers les histoires de ses aïeules, elle va apprendre à se connaître et à choisir sa destinée. Elle semble vivre une quête identitaire. Comme le mentionne Fotini, l’amie de la famille :
« L’histoire de ta mère est aussi celle de ta grand-mère et de ton arrière-grand-mère. Ainsi que de ta grande-tante. Leur lien était entrecroisé…Elles illustrent à la perfection ce que nous appelons la fatalité, en Grèce. Celle-ci est bien souvent le fait de nos ancêtres, et non des étoiles. Lorsque nous évoquons l’Antiquité, nous nous référons toujours au destin, mais nous ne parlons pas d’une force incontrôlable. Bien sûr, certains événements capitaux semblent se produire sans raison et bouleverser le cours d’une vie, mais, en vérité, notre destinée est déterminée par les actions de ceux qui nous entourent et de ceux qui nous ont précédés. » (p. 57)
En connaissant l’histoire des femmes de sa famille, elle lève le voile sur le silence qui l’entourait. Elle sait désormais que du sang de lépreux, ainsi que d’un meurtrier coule dans ses veines.
Ce que j’ai moins aimé, ce sont les liens entre les personnages. Les deux filles d’Eleni m’apparaissent comme des caricatures (tout est trop blanc ou trop noir). En plus, leurs histoires d’amour ne semblent pas crédibles. On voit venir ce qui va leur arriver.
Dans ce livre, les autres thèmes abordés sont : la famille, les classes sociales, le caractère fort des Grecs, la tradition ou encore la quête identitaire.
Pourquoi lire ce bouquin :
- pour vous divertir en été
- pour en apprendre un peu sur la lèpre
Pourquoi ne pas lire ce bouquin :
- C’est une lecture légère, estivale
- Les personnages sont caricaturaux
Connaissiez-vous l’existence de l’île de Spinagola ? Avez-vous lu ce bouquin?
Bien à vous,
Madame lit
Victoria Hislop, Paris, Le livre de Poche, 2013, 519 p.
ISBN : 978-2-253-16167-7
Vous avez remarqué une faute dans mon article? Écrivez-moi à lit.madame@gmail.com et il me fera plaisir de la corriger. Je ne suis pas parfaite… et il m’arrive aussi d’en faire. Merci et bonne lecture!!!
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Le thème historique t’a heureusement intéressée car le reste semble décevant. J’espère que ta prochaine lecture sera plus plaisante !
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Elle l’est! Merci! 🙂
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Bonjour Nathalie, les conditions de vie des lépreux dans les siècles passés étaient sûrement affreuses, terribles. Tout comme toi, je n’aime pas les romans aux personnages trop caricaturaux. Merci de cet article nuancé et qui explique bien le pour et le contre. Bonne fin de journée 🙂
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Merci Marie-Anne pour ce commentaire. C’est comme mentionné, une lecture estivale intéressante pour Spinalonga et ses secrets. Je te souhaite bonne nuit!!! 🙂
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Bonjour Nathalie, de mon côté, je ne suis plus sûre d’avoir lu ce roman : ce que tu écris me parle, mais si je l’ai bien lu, c’est il y a un certain temps et je n’en ai pas gardé un souvenir impérissable! Mais je me rappelle d »Une dernière danse », de la même auteure… et avec le même ressenti : j’ai appris des choses au cours de ma lecture, mais le côté romanesque-sentimental sans profondeur m’a refroidie…
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Alors, on se comprend par rapport à cette autrice. Je crois que c’est ce qui va se produire avec cette lecture.
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Je rejoins tout à fait ton avis, cette lecture m’a marquée et les aspects historiques sont intéressants mais il y a un côté feel good et tout ce qui va avec qui m’a dérangée.
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On se comprend alors! Merci! 🙂
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