«Ainsi, chose étrange, pendant que Lucien entrait dans les rouages de l’immense machine du Journalisme, au risque d’y laisser son honneur et son intelligence en lambeaux, David Séchard, du fond de son imprimerie, embrassait le mouvement de la Presse périodique dans ses conséquences matérielles. » (p. 605)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Pour ma participation à la saison 3 du défi organisé par Moka et Fanny : Les classiques, c’est fantastique, en juin, le thème est : « C’est dans l’Art !Tout classique évoquant l’Art (sous toutes ses formes: musique, peinture, sculpture)». J’ai alors décidé de lire Illusions perdues de Balzac, un volume de 864 pages! Pourquoi ce dernier? D’une part, il est question de poésie et d’écriture par le biais de Lucien de Rubempré, un des personnages principal de ce bouquin, et d’autre part parce que Marie-Anne de La Bouche à Oreilles avait rédigé un article très élogieux sur ce roman.
Je dois tout de suite mentionner que je n’avais pas lu de roman de Balzac depuis mes études littéraires il y a plus de 25 ans. Donc, je ne me souvenais pas du style d’écriture de l’écrivain, de ses personnages, de ses thèmes, etc. Alors, j’ai trouvé très difficile de plonger dans ce roman et de m’habituer aux phrases, mais j’ai réussi à le faire et je dois relever le génie de Balzac. Donc, voici mes impressions sur ce roman où il est question d’Art par le biais de Lucien Chardon, qui se dote «de Rubempré», nom de famille de sa mère afin de se rapprocher un peu plus de l’aristocratie.
Madame lit et Illusions perdues
Dans Illusions perdues, nous retrouvons les personnages de Lucien de Rubempré, un jeune homme de province et de son ami David Séchard, un imprimeur à Angoulême, vers 1820. Ces amis sont liés par une passion : la littérature. David embauche son ami pour travailler à son imprimerie, mais bien vite, Lucien commence à faire parler de lui dans la ville et il est invité chez madame de Bargeton, la femme d’un notable de la société d’Angoulême, en tant que poète. Alors que David se consacre à son imprimerie (qu’il a rachetée à son avare de père) et à développer un nouveau type de papier qui devrait révolutionner le domaine de la papeterie, Lucien quitte son patelin en compagnie de madame de Bargeton pour se rendre à Paris «la ville des gens supérieurs» afin de faire publier son recueil de poésie, Les marguerites, et un roman historique L’archer de Charles IX sur lequel il travaille. Il sera vite abandonné à lui-même par madame de Bargeton et pour survivre, il délaissera le monde de la création littéraire pour celui du journalisme. Il vivra dans la pauvreté en raison de sa vanité et il sera amené à perdre ses illusions par rapport à la création, car il découvre que tout est commerce et argent. Les libraires achètent des manuscrits pour les vendre.
Dans son imprimerie, David peine à faire vivre sa famille (il a épousé la soeur de Lucien, Ève et il a un fils avec elle). Des corbeaux tournent autour de lui, car ils savent qu’il est en train de créer une invention. Son procédé pourrait engendrer d’énormes profits pour les imprimeurs. En plus, il devient une victime de son ami Lucien qui à Paris, dépense et développe une dépendance au jeu. Il sera floué car il devra rembourser les dettes de son beau-frère sous peine d’être emprisonné. Les deux amis pourront-ils survivre dans ce monde où la société de consommation pointe son nez et anime le coeur des uns et des autres? La désillusion semble être reliée à l’absence de différence au nom du conformisme. L’art peut-il les sauver? À suivre dans cette comédie humaine où tout semble possible. Dans cet univers de chiffres, même l’âme est à vendre. Mais à quel prix? L’Art et le mercantilisme, c’est ce dont il s’avère question aussi dans Illusions perdues. Chaque personnage perd ses illusions sur l’être humain en raison de son rapport à l’argent.
Je suis contente d’avoir terminé ce livre même si j’ai trouvé difficile de lire les longues descriptions des lieux, des personnages et du contexte historique. Je suis aussi heureuse d’avoir acheté une édition commentée, car je n’aurais pas apprécié ma lecture autant même si les notes en bas de page sont très, mais très nombreuses.
Mais, ce que j’ai aimé par dessus tout, c’est le rapport à l’Art, un rapport parfois faux, fuyant, commercial, mais toujours là. Lucien a du talent. Mais, il veut connaître la gloire, la fortune pour flatter sa vanité, pour la caresser et pour lui permettre d’être enfin celui qu’il rêve d’être : un dandy.
Dans ce ballet de moeurs, de trahisons, de faussetés, d’amours, de deuils, de railleries, de jeux, d’ambitions, je relève ceci pour évoquer l’Art. Dans cet extrait, Blondet donne une leçon sur la littérature à Lucien :
«Non, ma parole d’honneur, en regardant ton front, je te douais d’une omnipotence semblable à celle des grands esprits, tous assez puissamment constitués pour pouvoir considérer toute chose dans sa double forme. Mon petit, en littérature, chaque idée a son envers et son endroit; personne ne peut prendre sur lui quel est l’envers. Tout est dans sa double forme. Tout est bilatéral dans le domaine de la pensée. Les idées sont binaires.» (p. 466)
Je ne peux aussi passer sous silence les descriptions :
- Des rues de Paris, des quartiers ;
- Des aristocrates ;
- Des imprimeurs et des libraires;
- Du monde du théâtre ;
- Du domaine du journalisme ;
- Etc.
Tout est décrit avec minutie. C’est fou, c’est génial. Encore faut-il aimer et ne pas se lasser…
Devez-vous vous lire ce classique abordant entre autres l’Art? Si vous voulez découvrir ou poursuivre votre découverte de La Comédie humaine de Balzac, alors n’hésitez pas. Ma prochaine lecture de Balzac sera Splendeurs et misères des courtisanes, la suite d’Illusions perdues pour retrouver Lucien! Mais pas tout de suite…
Ce bouquin a été lu dans le cadre du défi Les Classiques, c’est fantastique créé par Moka et Fanny car en juin, il fallait lire un bouquin abordant l’Art et Illusions perdues, malgré son nombre de pages, a été un bon choix.
Avez-vous déjà lu Illusions perdues de Balzac? L’avez-vous aimé?
Bien à vous,
Madame lit
BALZAC de, Honoré (2022). Illusions perdues. Paris : Le livre de poche, coll. classique, 863p.
ISBN : 978-2-253-08570-6
Cet article contient des liens d’affiliation grâce à un partenariat avec la coopérative des Librairies indépendantes du Québec. Vous pouvez commander Illusions perdues de Balzac par le biais du site Web des Libraires grâce à un lien sécurisé.
Quel magnifique travail tu as fait pour écrire un article très lumineux sur ce roman que j’ai lu.
Pas facile de se retrouver dans un roman de 864 et tu as réussi à le faire!
Magnifique article une fois de plus! Bravo!
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Merci beaucoup! C’est vraiment gentil. Merci à toi d’avoir osé lire ce bouquin en même temps que moi. Au plaisir!
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Bonjour Nathalie ! Il est vrai que Balzac a un style du 19ème siècle avec beaucoup de descriptions et des phrases complexes. Cela demande sûrement des efforts quand on est habitué plutôt aux romans contemporains. Personnellement j’adore cette littérature ! Bravo pour cette belle chronique ! Bonne journée 🙂
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Merci Marie-Anne! J’adore aussi cette littérature qui me force à me dépasser en tant que lectrice. Bonne soirée et bonne lecture!!!
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Merci pour ce bel article consacré à un auteur classique que je connais malheureusement trop peu. « Histoire des treize » est soigneusement rangé dans ma bibliothèque depuis un moment maintenant, tu me donnes envie de le ressortir. Et ce sera mon premier Balzac ! Alors rien que pour ça, merci. 😀
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Si j’ai pu te donner le goût de sortir un Balzac de ta bibliothèque, alors, je suis bien heureuse. Je te souhaite de passer d’excellentes heures de lecture en compagnie de ce cher Balzac! Merci!
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Je n’ai pas lu ce livre de Balzac dont tu relates la trame d’une façon qui donne envie de le découvrir. De mon côté, j’ai découvert Balzac via « La cousine Bette » que j’avais beaucoup apprécié.
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Pas lu «La cousine Bette»… De mon côté, j’avais découvert Balzac avec «Eugénie Grandet». Merci pour ton commentaire! 🙂
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Bon choix 🙂 J’aime beaucoup Balzac mais j’ai commencé le Cousin Pons pour une lecture commune et je n’ai lu qu’une centaine de pages… Mais je sais que je relirai du Balzac 😉
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Merci! Balzac, il y a tant de livres à découvrir de lui… On ne lâche pas nos découvertes. Bonnes lectures!
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Joli choix ! J’aimerais beaucoup renouer avec Balzac que je n’ai pas lu depuis dix ans au moins. Je pense commencer par relire Le père Goriot, mais peut-être celui-là sera le second, grâce à toi !
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Je souhaite lire du Balzac plus souvent… Ses personnages sont intrigants. Merci!!!
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Je comprends cette envie !
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Balzac a fait des ravages pour ce mois-ci !
Je ne suis pas encore une adepte de l’auteur et je pourrai me contenter de l’adaptation cinématographique.
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Je peux comprendre. Je crois que l’important, c’est de s’écouter! Merci!
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J’aime énormément Balzac mais je n’ai pas encore lu Illusions perdues. Cela viendra forcément et ton billet me convainc encore davantage.
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Je te souhaite une belle lecture alors de ce livre! Merci beaucoup!
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Et bien, quel enthousiasme ! Une chronique convaincante, même si je ne suis pas certaine de retourner à Balzac par ce titre.
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D’accord. Merci beaucoup et au plaisir!
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