Madame lit Les Souffrances du jeune Werther de Goethe
«Je possède tant de choses! et penser à elle dévore tout. Je possède tant de choses! et sans elle tout se réduit à rien. » (p. 140)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Moka et Fanny organisent la saison 3 du défi littéraire : Les classiques, c’est fantastique. Pour novembre, elles ont présenté la consigne suivante : « Ce mois-ci, il faudra un titre classique qui comporte un prénom dans son titre… ». Comme je souhaitais participer aussi aux Feuilles allemandes, événement organisé par Eva et Patrice du blogue Et si on bouquinait un peu et par Fabienne du blogue Livr’escapades, j’ai choisi ce grand classique allemand. Le principe des Feuilles allemandes est simple, il suffit de lire un ouvrage rédigé en allemand. Une chance pour moi, il est possible de lire sa traduction. Alors, j’ai combiné les deux événements en lisant Les Souffrances du jeune Werther de Goethe. L’illustre auteur allemand a rédigé ce roman épistolaire lorsqu’il avait 25 ans et ce dernier lui a apporté tout de suite une notoriété dans le milieu littéraire de son époque. Je suis bien heureuse d’avoir pu enfin lire un classique de Goethe! Comme quoi, lorsqu’on participe à des événements littéraires, cela permet de découvrir de magnifiques ouvrages.
Les Souffrances du jeune Werther de Goethe
Dans le premier livre :
Werther est un jeune homme qui décide de vivre à W pour tenter de s’établir et d’y faire carrière. Il marche dans la nature, observe le voisinage et il noue des relations avec des personnes dont un bailli. La femme de ce dernier est morte et il élève seul ses 9 enfants en compagnie de sa fille aînée, Charlotte. Werther rencontre Charlotte est il ressent immédiatement une puissante attirance pour elle. Cependant, cette dernière est fiancée à Albert. Werther est amené à le voir et il lui trouve de belles qualités. Amoureux fou de Charlotte, il décide de quitter W et d’aller vivre en ville.
Dans le second livre :
Werther délaisse sa lecture d’Homère pour celle d’Ossian. Il tente de nouer une relation avec une jeune femme. Lors d’un événement social auquel il participe et auquel prend part aussi la jeune femme, il est amené à comprendre qu’il ne fait pas partie de la société aristocratique et il vit très mal cette humiliation. Il quitte la ville et retourne à W plus amoureux que jamais de Charlotte qui est alors mariée à Albert. En lui faisant un soir la lecture, il réalise à quel point son amour pour Charlotte s’avère impossible. Il met fin à ses jours.
Mes impressions
J’ai dévoré ce classique allemand… Je dois avouer que j’adore la littérature épistolaire qui permet à mon humble avis de connaître plus en profondeur les personnages. Je comprends aussi l’engouement pour ce livre. Werther est un jeune homme tourmentée, éveillé, possédant une lucidité désarmante.
«La vie humaine est un songe : d’autres l’ont dit avant moi, mais cette idée me suit partout. Quand je considère les bornes étroites dans lesquelles sont circonscrites les facultés de l’homme, son activité et son intelligence ; quand je vois que nous épuisons toutes nos forces à satisfaire des besoins, et que ces besoins ne tendent qu’à prolonger notre misérable existence ; que notre tranquillité sur bien des questions n’est qu’une résignation fondée sur des revers, semblable à celle de prisonniers qui auraient couvert de peintures variées et de riantes perspectives les murs de leur cachot ; tout cela, mon ami, me rend muet. Je rentre en moi-même, et j’y trouve un monde, mais plutôt en pressentiments et en sombres désirs qu’en réalité et en action ; et alors tout vacille devant moi, et je souris, et je m’enfonce plus avant dans l’univers en rêvant toujours. Que chez les enfants tout soit irréflexion, c’est ce que tous les pédagogues ne cessent de répéter ; mais que les hommes faits soient de grands enfants qui se traînent en chancelant sur ce globe, sans savoir non plus d’où ils viennent et où ils vont ; qu’ils n’aient point de but plus certain dans leurs actions, et qu’on les gouverne de même avec du biscuit, des gâteaux et des verges, c’est ce que personne ne voudra croire ; et, à mon avis, il n’est point de vérité plus palpable.» (p. 49-50)
Je trouve cette citation tellement juste, tellement moderne, que je me retrouve dans cette dernière (satisfaction des besoins, prison de l’être humain, rêve versus action). Werther jette un regard sur la société qui l’entoure et sur la vie. Grâce à ses confidences, Werther partage sa vision et il s’avère facile de s’identifier à lui.
Mais encore, comme le mentionne le titre, Werther souffre. Ses souffrances sont liées aux sentiments qu’il ressent pour Charlotte et à l’impossibilité de concrétiser l’amour qui le consume. Le feu de la passion brûle sa chair, imbibe ses pensées, anime son âme. Sa perception de la vie est filtrée par ses sentiments et ses souffrances. Comme il le mentionne à Charlotte car c’est elle qui remet les armes de son mari (qui serviront à son suicide) à son domestique :
«Et toi, esprit du ciel, tu favorises ma résolution, et toi, Charlotte, tu me présentes cette arme, toi des mains de qui je désirais recevoir la mort. Ah! et je la reçois en effet de toi! […]M’aurais-tu fermé ton coeur, à cause de ce moment même qui m’a uni à toi pour l’éternité? Charlotte, des siècles de siècles n’effaceront pas cette impression, et, je le sens, tu ne saurais haïr celui qui brûle ainsi pour toi». (p. 184)
Je ressens à quel point les pulsions de vie versus les pulsions de mort sont étroitement liées (le feu = l’amour, l’arme = la mort).
Werther ne peut concrétiser son amour dans la vie. La seule option qu’il a et sur laquelle il peut jeter son dévolu : l’éternité. Comme il le soulève à Charlotte :
« Charlotte, dis-je en lui tendant la main et en sentant mes larmes couler. Nous nous reverrons! En cette vie ou en l’autre nous nous reverrons!» (p. 106)
Les Souffrances du jeune Werther est un grand livre mettant en scène un homme tourmenté et habité d’une sensibilité artistique hors du commun. Son amour pour Charlotte est immense, tragique, unique. Si vous n’avez jamais lu ce classique, je vous le recommande fortement. Vous allez naviguer dans les méandres d’une âme tourmentée et exaltée. J’espère que vous aimerez autant que moi cette histoire qui a traversé le temps car c’est surtout une magnifique confession amoureuse.
Ce bouquin a été lu dans le cadre du défi Les Classiques, c’est fantastique créé par Moka et Fanny car en novembre, il fallait choisir un bouquin possédant un prénom dans le titre. J’ai donc lu Les Souffrances du jeune Werther de Goethe. En choisissant ce livre, je participe également aux Feuilles allemandes.
Avez-vous lu Les Souffrances du jeune Werther? Qu’avez-vous pensé de ce classique?
Bien à vous,
Madame lit
Goethe. (1999). Les Souffrances du jeune Werther, traduit de l’allemand par P. Leroux.
Le livre de Poche-classique.
ISBN 2-253-09640-7
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Bonjour Nathalie ! Je suis contente de voir que tu as aimé ce roman car je l’avais bien aimé aussi. Souvent les gens trouvent ce livre trop romantique et trop sentimental mais moi ça me plaît 🙂 la citation que tu as choisie est superbe. Merci et bonne soirée !
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J’adore aussi ces romans romantiques et sentimentaux. Ils font du bien à l’âme. Et la plume de Goethe est si belle et juste… Ça me convient tout à fait! 🙂 Bonne soirée et merci Marie-Anne!
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Ta première citation est vraiment extraordinaire. Il faut que je trouve ce classique et que je le lise…
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Oui. Je pense que tu l’aimerais beaucoup connaissant tes goûts littéraires. Bonne fin de journée et merci!
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Je dois te remercier de rendre ce classique « accessible ». Je ne m’étais jamais trop renseigné sur ce titre, mais je vois que c’est une erreur. L’écriture est belle, le thème est universel, et ton billet est une vraie incitation à le découvrir ! Une très belle participation aux Feuilles allemandes, merci Nathalie !
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Bonjour et bravo pour cette recension qui donne envie de lire cette œuvre classique !
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Merci car je suis touchée par votre commentaire. Au plaisir!
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Ah ! Le Romantisme ! Mais qu’est ce que c’est bien ! Qu’est ce qu’on est emporté là dedans ! J’en ai un souvenir très lointain, mais je me rappelle l’avoir dévoré en très peu de temps quand j’étais ado, totalement embarquée !
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Oui! Notre fibre romantique vibre avec les mots de Goethe. Il savait créé un lien avec son lecteur. On a envie de se faire parler d’amour par ce Werther. Un bien beau personnage! Je l’ai dévoré aussi!
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Ah tant mieux !
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Un roman qui semble magnifique en effet. Le nom de Goethe m’effraie un peu, mais ton plaisir est contagieux. J’espère être aussi transportée que toi si je le lis un jour !
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Il ne faut pas avoir peur, vraiment. Ce livre est d’un romantisme… En tous les cas, si jamais tu oses lire cet illustre écrivain, j’aimerais bien connaître tes impressions. Merci! 🙂
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Je l’avais à une époque, mais je ne sais plus si c’est toujours le cas. On verra lors de la réouverture des cartons, ce sera la surprise ! Si je l’ai toujours, je le lirai peut-être plus vite que prévu !
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Au plaisir alors de lire tes impressions sur ce classique!
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Quelle chronique enthousiaste de ce classique qu’on connait plus souvent de nom que pour l’avoir lu! Peut-être vais-je moi aussi me laisser tenter. Mais il y a une chose qui n’est pas claire pour moi: à qui Werther écrit-il dans ce roman épistolaire? A Charlotte?
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Il écrit à son ami Wilhem et à la toute fin, ce sont les extraits de lettres adressées à Charlotte qui ont été rassemblés par son éditeur. J’ai bien aimé enfin lire du Goethe! Si tu le lis, je te souhaite une agréable lecture! Merci!
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Bonjour Nathalie 😉 Je l’ai lu il y a plus de 20 ans, j’en ai un souvenir très lointain alors, mais ton billet me donne envie de le relire. Je le trouverai sûrement à la bibliothèque.
Si tu aimes bien les classiques et les romans épistolaires, je te conseille Les pauvres gens de Dostoïevski 🙂
Merci beaucoup d’avoir participé à notre mois thématique ! Bonne journée
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Merci Eva pour ta recommandations concernant Dostoïevski, surtout que je n’ai encore rien lu de ce grand écrivain. Bonne relecture alors de ce grand classique et merci pour l’organisation des Feuilles allemandes!
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