
Chère lectrice, Cher lecteur,
Par le biais de ce billet, je voulais rendre hommage à un grand Québécois qui nous a quittés le 15 novembre : Karl Tremblay (1976-2023). Si ce nom ne vous dit rien, c’est peut-être que vous n’habitez pas au Québec. Karl Tremblay était le chanteur du groupe mythique québécois : Les Cowboys fringants.
Alors, je voulais partager avec vous mon immense tristesse car Karl Tremblay était un homme de ma génération. Il parlait de nous, de vous, de l’Amérique, du Québec, des joies et des malheurs du quotidien. Il était un interprète extraordinaire et il savait toucher le coeur de son public comme nul autre. D’ailleurs, pour son spectacle sur les Plaines d’Abraham, plus de 90 000 personnes étaient présentes pour lui chanter, cette fois-ci leur amour.
«Ici-bas, quand on écope
Ç’a l’air qu’on apprend d’la souffrance
C’est sûrement rien qu’d’la psycho-pop
Au fond rien n’a de sens
Mais ce soir, je l’ai vu
Le mouchoir de larmes dans ta poche
J’aime pas ça savoir que tu
Tiens avec d’la broche
Mets ta tête sur mon épaule
Pour que mon amour te frôle
Toi qui en as tant besoin» («Sur mon épaule», Les Cowboys fringants)
Karl est décédé d’un cancer de la prostate. Il avait 47 ans, il était un amoureux, un papa de deux petites filles, un ami, un patriote, un Québécois.
Lorsqu’il chantait, tout résonnait en moi. Tout d’abord, mes souvenirs d’enfance.
«Et ces hivers enneigés
À construire des igloos
Et rentrer les pieds g’lés
Juste à temps pour Passe-Partout
Mais au bout du ch’min, dis-moi c’qui va rester
De la p’tite école et d’la cour de récré
Quand les avions en papier ne partent plus au vent
On se dit que l’bon temps passe finalement
Comme une étoile filante
Si je m’arrête un instant
Pour te parler de la vie
Je constate que, bien souvent
On choisit pas, mais on subit
Et que les rêves des ti-culs
S’évanouissent ou se refoulent
Dans cette réalité crue
Qui nous embarque dans le moule» (Extrait, «Les Étoiles filantes», Les Cowboys fringants)
Comme lui dans cette chanson, je me rappelle de ma cour de récré, de m’être dépêchée pour arriver à la maison pour regarder Passe-Partout, d’avoir fait des igloos comme dans La Guerre des tuques). Ma génération, c’est beaucoup ça.
Ensuite, il me parlait de mon côté indépendantiste. J’ai toujours été en faveur de l’indépendance du Québec. J’ai toujours voulu que mon pays soit le Québec, comme Karl. Voici un extrait de «La Lettre à Lévesque». (René Lévesque, ancien premier ministre québécois )
«Moi j’verrais un pays
Qui ferait un compromis
Entre les mots écologie
Justice et économie
Parce que bien avant ma patrie
Et toutes les politicailleries
J’prône les causes humanitaires
Et j’suis amoureux de la terre
Alors j’sais pas ce que t’en penses
Mais pour moi ça a ben du sens
De faire quelque chose de rassembleur
Qui ferait d’nous des innovateurs
Une société plus équitable
Où l’développement serait durable
Et là c’est sûr que j’cocherais « oui »
Pour un pays
Facque d’ici-là j’prends ce qu’il m’reste
De ma fierté de Québécois
Et j’te dis René, à la prochaine fois
Et j’nous dis à la prochaine fois» (Extrait de «La lettre à Lévesque», Les Cowboys fringants)
Je crois comme lui à un Québec inclusif, à la langue française, aux causes humanitaires, à l’équité, à l’écologie, à un projet de société. Le Québec en tant que pays, il ne l’aura malheureusement pas vu, comme René Lévesque. Mais, il nous a laissé un souffle, celui d’y croire encore un petit peu. Sa voix si mélodique savait nous y faire croire. Il faut continuer ce projet de société, il faut continuer de parler aux jeunes et il faut continuer à faire aimer notre Québec à ses gens.
Et puis, mon Amérique a pleuré, mon Amérique pleure, mon Amérique pleurera. Comme Karl dans la chanson «L’Amérique pleure», véritable chef d’oeuvre de la chanson québécoise, française, j’ai pleuré bien souvent sous le règne de Donald Trump. Comment t’as fait pour réussir avec ton groupe à nous parler de notre vie si simplement, en te mettant dans la peau d’un camionneur qui constate que l’Amérique pleure?
«J’vois toute l’Amérique qui pleure
Dans mon rétroviseur…
Un aut’ truck stop d’autoroute
Pogné pour manger d’la ch’noute
C’est vrai que dans la soupe du jour
Y’a pu’ tellement d’amour (yeah!)
On a tué la chaleur humaine
Avec le service à la chaîne
À la télé un aut’ malade
Vient d’déclencher une fusillade
La question qu’j’me pose tout l’temps:
Mais comment font ces pauvres gens
Pour traverser tout le cours
D’une vie sans amour?
C’est si triste que des fois quand je rentre à la maison
Pis que j’parke mon vieux camion
J’vois toute l’Amérique qui pleure
Dans mon rétroviseur…
Ouais, n’empêche que moi aussi
Quand j’roule tout seul dans la nuit
J’me d’mande des fois c’que j’fous ici
Pris dans l’arrière-pays (yeah!)
J’pense à tout ce que j’ai manqué
Avec Mimi pis les deux filles
Et j’ai ce sentiment fucké
D’être étranger dans ma famille
La question qu’j’me pose tout le temps
Pourquoi travailler autant
Éloigner de ceux que j’aime
Tout ça pour jouer la game
C’est si triste que des fois
Quand j’suis loin de la maison
Assis dans mon vieux camion
J’ai tout’ l’Amérique qui pleure
Que’que part au fond du cœur» (Extrait, «L’Amérique pleure», Les Cowboys fringants)
Ben moi j’tle dis Karl, aujourd’hui, je pleure. Je vais continuer à écouter ton p’tit côté cynique, mais rempli d’espoir, mais ça ne sera plus pareil car désormais, tu brilles loin, loin, d’ici-bas.
Merci toi l’ami, le rêveur que je ne connaissais pas. Tu mérites le sommeil du guerrier.
Madame lit

C’est en effet une grande perte pour la musique québécoise… en Belgique, ils nous ont appris son décès ce matin sur la Première (radio francophone publique), et ont passé la chanson « Les Étoiles filantes »… une magnifique chanson…
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Oui… C’est pourquoi j’ai inséré des vidéos de YouTube pour permettre aux Européens d’écouter ses chansons. Une immense perte pour le Québec. Je suis heureuse d’apprendre que son décès avait été annoncé sur une chaîne de radio belge. Merci!
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Oui, assez tôt ce matin (vers 6h45, je pense)…
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Oh non! J’adore les cow-boys fringants ! On les écoute en famille depuis des années, en boucle sur nos longs trajets en voiture en particulier. C’est un peu le seul groupe qui nous met tous d’accord… Et ils ont accompagné mon histoire avec mon mari, à tel point que les paroles de leurs chansons ont été le fil rouge de notre fête de mariage … Tu as tout dit sur le talent de Karl Tremblay à émouvoir et faire rire, parfois les deux à la fois. Tristesse infinie…
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Quel beau témoignage Sacha… Je suis émue en te lisant… On partage alors une immense tristesse… Il faut continuer à l’écouter pour qu’il brille toujours comme une étoile filante. Merci…
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Je ne connais pas Karl Tremblay mais ta billet et un bel hommage et donne envie de découvrir ses mots… merci.
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J’espère que vous avez pu écouter les chansons placés dans cet hommage pour découvrir la richesse et l’universalité des textes. Merci!
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Oui je suis aller écouter ;-P
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D’accord. Merci! 🙂
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😊 Non merci à toi 😉
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Quel merveilleux article! Comment ne pas aimer un tel homme, lui qui rassemble comme on l’entend depuis l’annonce de sa mort. Le clips de YouTube sont incroyables. Le bonheur d’entendre cet homme chanter nous permet d’oublier les guerres dont on parle…
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Je suis toujours très émue par rapport à la mort de ce grand artiste. J’aime la musique des Cowboys fringants depuis des années. J’ai vieilli avec elle… je me devais de rendre hommage à Karl Tremblay pour exulter un petit peu ma tristesse. Merci.
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quelle tristesse…
Merci pour ce bel hommage!
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Son départ marque une nation… C’est une immense perte pour tout le Québec, pour sa famille et ses amis. Il va nous manquer.
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