Madame lit Son odeur après la pluie
Pour Miss Emma
«Ce chien me réapprend à lire le vivant autour, à écouter les musiques de la nature, ses amplitudes, ses respirations, à mesurer ses états, à déchiffrer ses codes. L’ai-je su un jour?» (p. 188)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Depuis que j’ai entendu parler de ce livre à la télévision dans différentes émissions, je me suis dit que je devais absolument plonger dans Son odeur après la pluie de Cédric Sapin-Defour. Pourquoi? Parce que j’adore les animaux. J’ai deux chiennes en ce moment et trois chats. Auparavant, j’avais trois chiennes. J’ai perdu Miss Emma, mon beagle. Elle était âgée de 14 ans. J’ai dû la faire euthanasier à la suite d’une crise cérébrale où sa petite tête était restée partiellement paralysée. Je ne voulais pas qu’elle souffre. Elle ne mangeait presque plus sauf des biscuits pour chien. Je l’ai tenue dans mes bras jusqu’à son dernier souffle et son dernier battement de coeur. Cela a été une expérience difficile, mais je me devais, pour elle, d’aller jusqu’au bout de sa vie et par respect pour la relation que nous avions. Alors, voilà. J’ai lu ce livre pour Miss Emma et moi, pour la faire revivre sous la plume de Cédric Sapin-Defour et sous les traits d’un bouvier bernois prénommé Ubac.
Son odeur après la pluie
Un homme voit dans un journal qu’il y a des bébés bouviers bernois à adopter. Il décide d’appeler au numéro indiqué dans l’annonce et d’aller le samedi suivant les voir. Il choisit d’adopter un mâle qu’il prénomme Ubac. Entre les deux, une relation se tisse. Une relation d’amour sous le signe de l’apprentissage : celle de la vie. Ainsi, le chien «au nom de versant» amène le protagoniste principal à aller marcher dans la nature, à développer son sens de l’observation et il lui permet d’épurer sa philosophie de vie et à adopter la sienne. À cet égard, Ubac guide son humain afin que ce dernier retrouve l’essentiel et ce même dans ses relations. L’homme fera la rencontre de Mathilde et ils vivront en fusion avec Ubac. Puis, Cordée rejoindra la meute, suivi de la fille d’Ubac, Frison.
Mes impressions
J’ai adoré cette histoire même si j’ai beaucoup pleuré en la lisant. Il y a des pages remplies de tendresse et de joie de vivre. Je me suis retrouvée et j’ai ressenti l’émotion habitant le personnage principal par rapport à ce qu’il vivait avec Ubac. Par exemple, l’amour. Lorsqu’on vit avec un animal de compagnie comme un chien, il semble évident qu’un fort sentiment d’amour se développe entre l’humain et l’animal. D’ailleurs, quel animal de compagnie ne recherche par l’amour de son humain? Comme le fait remarquer le narrateur à propos d’Ubac qu’il interpelle directement après sa mort :
«Tu étais né pour l’amour, un amour subtil, ni aveugle ni captif, et tu m’as greffé sous la peau un je-ne-sais-quoi électrique qui stimule le coeur dans cet axe et le surveille. Je t’ai regardé vivre et ta perception du monde a diffusé jusqu’à moi. […] Il faut oser l’amour me montrais-tu, l’amour atmosphérique, l’amour panache, toujours, ne pas tergiverser, ne pas attendre en retour ni céder à l’idée qu’il procure moins qu’il ne coûte. Cette vérité, je l’ajuste à ma vie d’homme mais chaque jour je m’y astreins, pas dans un mimétisme idolâtre mais dans une façon d’être devenant, malgré les rechutes, de l’ordre du naturel. «Et si on enseignait l’amour». (p. 283)
C’est surtout cela que j’ai apprécié dans cette histoire. Une belle histoire d’amour entre un homme et son chien. Entre un homme et la vie.
L’autre sentiment abordé dans le récit est l’appréciation de la nature (de l’espace et du temps). À cet égard, Ubac amène son humain à vivre le moment présent et à apprécier la nature, le silence, le chant des oiseaux, la beauté du mélèze, le bruissement du vent, les jeux dans la neige, etc. Pour moi, c’est cela aussi vivre avec un chien.
«C’est aussi cela marcher avec un chien, c’est s’éloigner, se rendre aux scènes immuables, les cascades, les forêts et les mares et ne pas vraiment savoir si l’on se situe en 1950, au Moyen Âge ou, croyons en la survivance des éléments, en 3018. Nous n’allons pas vraiment quelque part, nous ne fuyons rien. La compagnie d’un chien ne rend rien excessif, ni le temps ni l’espace. Ce n’est même pas histoire de le passer le temps, c’est d’en être. » (p. 103-104)
Dans notre société où nous nous retrouvons devant nos écrans, alors que les parents ne savent plus quoi faire pour que leurs enfants débranchent le fil les reliant à leur cellulaire, à leurs jeux vidéo, etc. il faudrait leur apprendre tout simplement à vivre. Quel meilleur moyen que de passer du temps avec un animal? Apprendre à accepter ses mauvaises odeurs, à aller marcher avec lui et à regarder un pic-bois, un dindon sauvage, un chevreuil, car c’est surtout et beaucoup cela la vie. En plus, le lien développé avec un animal de compagnie impose un sentiment de responsabilité dont bien souvent l’être humain s’avère dépourvu. Mais bon… Le meilleur ami de l’homme n’a-t-il pas été le chien depuis la nuit des temps?
Comme le fait remarquer le narrateur :
«Il n’empêche, au milieu de ces arbres, Ubac saisit ce qui m’est insaisissable. À le voir affalé sous la télévision, je pourrais perdre de vue qu’il est un animal et qu’à ce titre, sans apprendre ni oublier, il est relié à la nature, il en fait partie, il est elle. Comme les ours ou les hermines, jamais il ne mangera d’amanites. Nous, les hyperconnectés, dans la plus grande histoire des séparations, avons perdu la plus flatteuse des connexions, chaque balade me le confirme, bientôt les seuls chants d’oiseaux qui soulèveront notre oreille seront les arrivées de message sur nos écrans. » (p. 188)
Aller à la rencontre d’Ubac… Il est un plus qu’un animal… Il est un voyage au bout de soi. Et, il nous souhaite certainement, plus que jamais, d’être disponible au monde qui nous entoure.
Après avoir terminé ma lecture, j’ai réalisé cette petite vidéo en hommage à Miss Emma, mon beagle. Il y a de beaux moments entre elle et moi.
Avez-vous lu Son odeur après la pluie? Ce livre vous parle-t-il?
Bien à vous,
Madame lit
Cédric Sapin-Defour, Paris, Stock, 2023, 285 p.
ISBN : 978-2-234-09396-6
Vous avez remarqué une faute dans mon article? Écrivez-moi à lit.madame@gmail.com et il me fera plaisir de la corriger. Je ne suis pas parfaite… et il m’arrive aussi d’en faire. Merci et bonne lecture!!!
Cet article contient des liens d’affiliation grâce à un partenariat avec la coopérative des Librairies indépendantes du Québec. Vous pouvez commander Son odeur après la pluie de Cédric Sapin-Defour par le biais du site Web des Libraires grâce à un lien sécurisé.



C’est ta vidéo qui m’a émue…
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Comme c’est gentil… Merci beaucoup…
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Quel merveilleux texte avec tout ce qu’il nous apprend. Les différentes façons dont tu tiens Miss Emma font bien voir l’amour que tu lui portais. Je vais certainement avoir le goût de lire ce livre qui me fera penser au chat que j’ai perdu car il avait été attaqué par un raton… Bravo pour ce texte et félicitations pour la qualité de ta vidéo…
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Merci beaucoup pour ce commentaire. Je l’apprécie énormément. Miss Emma a été une fidèle compagne et j’y pense souvent, presqu’à tous les jours. En plus, elle dormait entre mes jambes. Nous avions une belle relation. Perdre un animal, c’est un gros deuil,,,
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Quel beau commentaire…Moi qui suis amoureuse des chiens, de tous les animaux en fait, je m’y suis retrouvée complètement. Je lirai sûrement ce magnifique roman dont j’ai aussi entendu parler beaucoup. Merci pour ceci!
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Merci à vous pour votre commentaire. Si vous êtes une amoureuse des chiens, ce livre est pour vous. Chaque page est imbibée de l’amour de l’auteur pour son bouvier bernois. Bonne lecture!
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J’ai commencé ce livre mais ne l’ai pas fini. J’y suis retournée plusieurs fois mais ne parvenais pas à avancer. C’est une belle histoire certes mais je trouve que l’auteur en fait beaucoup. J’aime les animaux, d’ailleurs je ne les mange pas, mais j’ai trouvé la relation de cet homme avec son chien trop extrême. Il semble qu’il n’y ait de place pour rien d’autre. J’y retournerai peut-être, sans certitude.
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Merci pour ce commentaire. Le but de ce livre, à mon humble avis, était de parler seulement d’Ubac et de le faire revivre. Je ne mange pas d’animal également. Parfois, il ne faut pas trop chercher. Un livre n’est tout simplement pas pour nous. Au plaisir1
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Je n’ai pas lu ce roman mais n’en ai entendu que du positif. Et quel bel hommage à Miss Emma… oui, on peut avoir de belles relations d’amour avec un animal. De mon côté, je préfère les chats, et mon Noé, que j’appelais Nouille ou Grenouille, me manque toujours à ce jour alors que ça fait plus de 20 ans…
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Je te comprends par rapport à la perte de ton chat… J’ai perdu mon gros Raoul avant Miss Emma et j’y pense souvent… Et j’ai aussi 3 chats à la maison. En fait, je ne me vois pas vivre sans un animal. Qu’on aime un chat ou un chien, c’est la relation d’amour qui compte! Merci!
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Celui-ci je l’ai reçu à Noël. 🤩
Je sais déjà que je vais aimer.
Merci à toi pour ce beau retour ! 🐶
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Bonne lecture alors! 🙂
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Bonjour Nathalie j’ai eu des chiens également dans ma jeunesse et c’étaient des compagnons de vie merveilleux. J’ai beaucoup pleuré à leur mort. Aussi ton article me touche et me rappelle des souvenirs ! Bonne journée à toi !
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Merci et bonne soirée! Ce livre est très touchant…
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Miss Emma, quel nom magnifique 😍, et je te comprends, le lien avec un chien ou un chat est magnifique, jusqu’au bout malgré la douleur. Ta vidéo m’a beaucoup émue … J’ai offert ce livre à mon mari récemment, mais ni lui ni moi n’arrivons à le commencer, je crois que nous avons trop peur d’être bouleversés. Un jour sûrement nous nous sentirons prêts !
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Oui, je crois qu’il faut être prêt… J’ai traversé beaucoup d’émotions en le lisant même si j’ai encore 2 chiens et 3 chats. Miss Emma sera toujours en moi car j’ai vécu avec elle seule durant 9 ans… Cela tisse des liens. Merci!!!
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Je l’ai acheté mais ne l’ai pas encore lu … C’est qu’avec ma chouquette qui vieillit … j’ai la frousse… Bon week-end.
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Merci! Je comprends… Je crois que chaque livre possède son moment approprié pour être lu. Bonne soirée!
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superbe video, tres bel hommage !
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Merci! 🙂
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De la part de M. José LaMAre
« J’ai entendu parler de ce livre lors du passage de l’auteur à l’émission « Tout terrain » de Ici Première (Radio-Canada).
https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/tout-terrain/segments/entrevue/456596/livre-son-odeur-apres-la-pluie-cedric-sapin-defour
Moi qui ne suis pas familier avec les animaux domestiques, encore moins avec la gent canine, j’étais intrigué par cette histoire d’amour entre un homme et son chien.
Au début, je me suis heurté au style abrupt de l’auteur (après tout n’est-il pas un montagnard) et à son côté un peu misanthrope. Mais j’ai tenu bon. Puis est arrivé le chapitre XI, qui a tout changé. L’ambiance s’est allégée. Le narrateur venait de s’installer dans un petit hameau, il aimait ces trois habitants et Ubac se faisait une petite amie. Il y avait aussi ses descriptions du milieu bien original des cliniques vétérinaires. Enfin, c’était du roman. J’y suis resté. Puis est arrivée Mathilde, la fée du bord. Ensuite, la famille s’est agrandie avec l’arrivée de Cordée et Frison. Ce qui a donné lieu à de belles descriptions des chiens jouant ensemble. Il y a eu aussi ce chapitre XVI. Ubac pressentant qu’il y aura un tremblement de terre dans quelques heures, quitte son poste de cerbère et passe la nuit à la belle étoile. Le narrateur découvre alors que son ami est en symbiose avec la nature et qu’il perçoit toutes sortes de choses qui émanent de celle-ci, capacité que nous avons perdue nous les humains.
La troisième et dernière partie est la plus émouvante, car c’est celle de la « vieillesse » d’Ubac, de son agonie et de sa mort. Humains et bêtes sont sur le même pied : mortels. C’est le début d’un deuil familial, la fin des rites qui font de la vie un poème sans fin (p. 264…). Il y a aussi le lumineux chapitre XXIII où l’on croirait qu’Ubac est toujours bien vivant. En conclusion, ce livre est un long recueil de réflexions sur la vie, la société, l’amour, la fidélité, la mort… L’onde porteuse étant la relation entre le narrateur et son chien. En refermant ce livre, je me suis demandé qui était le premier de cordée : l’homme ou la bête?
En terminant, permettez-moi de vous parler brièvement d’un livre que j’ai beaucoup aimé et qui a une certaine parenté avec celui de Sapin-Defour. Il s’agit de : « La source et le roseau » de Jean-François Beauchemin. Dans ce livre, empreint de souvenirs familiaux, l’auteur nous parle de sa vie, de la place qu’ont occupée ses parents et celle, toute singulière, qu’a occupée son chien Camus. Tous disparus. Ce dernier est le personnage principal du récit. Le style poétique de Beauchemin est intimiste, il nous parle sur le ton de la confidence. Mais je laisse parler ma fiche du livre que je glisse en annexe. Elle est enrichie d’extraits de l’ouvrage.
Cordialement,
M. José LaMarre
Québec »
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Bonjour, je vous remercie pour votre commentaire. Je l’apprécie beaucoup. En plus, vous me recommandez un livre très intéressant que j’ai hâte de découvrir. Comme vous, au début, je me suis heurtée au style de l’auteur. Mais, très vite, je me suis laissée emporter par cette touchante histoire. J’aime tellement les animaux… Au plaisir de vous relire sur mon blogue !
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