Madame lit L’Été de la sorcière de Nashiki Kaho

L’été de la sorcière
«Il n’a jamais été aussi difficile qu’aujourd’hui de vivre simplement, de vivre une vie simple et sincère». Nashiki Kaho, Postface, p. 221
Chère lectrice, Cher lecteur,
J’ai eu le privilège de recevoir en service de presse L’Été de la sorcière de Nashiki Kaho publié pour la première fois en 1994. J’ai reçu l’édition de Picquier Poche de 2024 et je tiens à remercier la maison d’édition pour cet envoi. Mais encore, je trouve la couverture tellement invitante et belle… Elle semble représenter le personnage de Mai habillée d’un chandail noir, sombre comme sa vie. Cette dernière n’a pas de tête, mais elle est habitée par des fleurs. Des fleurs colorées et des plantes qui l’amèneront à se délivrer peu à peu de son angoisse existentielle. Un retour à la nature semble se profiler devant nous en tenant ce livre. Des fleurs plein la tête!!!
Qui est Nashiki Kaho?
Selon le site Web des Éditions Picquier :
«Nashiki Kaho, née en 1959 à Kagoshima sur l’île de Kyûshû, écrit pour les adultes, mais également pour la jeunesse. En 1994, alors qu’elle travaille pour le célèbre psychologue japonais Hayao Kawai, elle lui donne à lire un texte qu’elle s’essaie à écrire depuis deux ans. Il est tellement enthousiaste qu’il l’envoie à un éditeur. Ce premier livre, L’Eté de la sorcière, aura un magnifique succès et sera couronné de trois prix, avant d’être adapté au cinéma en 2008.»
Source : Les Libraires
L’Été de la sorcière
Mai décide qu’elle ne veut plus aller à l’école, car elle souffre d’angoisse par rapport aux autres élèves. Pour lui donner un peu de répit, sa mère l’amène à la montagne se reposer chez sa grand-mère maternelle. Sa mère trouve que sa fille de treize ans s’avère difficile à vivre. Sa grand-mère, d’origine anglaise, vit seule depuis que son mari est décédé. Elle cultive son jardin de légumes et de fleurs et s’adonne à ses tâches ménagères. Mai adore sa grand-mère et cette dernière l’aime beaucoup. Mai découvre que sa grand-mère possède des talents de sorcière, car elle connaît les bénéfices tributaires de l’emploi de certaines plantes ou de fleurs dans le processus, par exemple, de la guérison ou de la détente. Sa grand-mère lui mentionne qu’elle peut être une apprentie sorcière car du sang de sorcière coule dans ses veines. Son arrière-grand-mère possédait le don de voyance. Mai accepte d’écouter sa grand-mère et de suivre ses conseils afin d’être elle aussi une sorcière. Elle apprend à ses côtés à mieux gérer ses émotions et à suivre la petite voix sommeillant en elle.
Mes impressions
J’ai énormément aimé ce livre… Tout d’abord pour sa richesse émotionnelle. Mai a bien de la chance d’avoir cette grand-mère qui m’apparaît tellement sage. Je retiens en premier lieu la notion de la volonté. Il faut bien de la volonté pour relever les défis que la vie nous envoie. Il faut surtout se souvenir de la volonté lorsque nous sommes malades ou encore lorsque nous nous laissons envahir par la mélancolie.
«Afin que sa petite fille difficile à vivre ait les moyens de survivre dans un futur où elle ne pourrait pas être à ses côtés pour l’encourager». (p. 204)
Avoir les moyens pour survivre sans la personne aimée dans ce monde… Quels beaux cadeaux que de posséder ces moyens car bien souvent, nous sommes perdus dans cette société de consommation où la rapidité et la vitesse règnent au détriment de la lenteur, de l’observation, de la joie de vivre simplement.
Par ailleurs, Mai, en apprenant à connaître l’importance des gestes du quotidien reliés aux saisons comme cueillir des fraises, prendre soins du potager, boire un thé avec des feuilles fraîches du jardin, vénérer l’existence des fleurs sauvages en les arrosant, aller chercher des oeufs dans le poulailler, avoir son petit sanctuaire pour se ressourcer dans la beauté et la paix de la nature, développe sa confiance par rapport à la vie. Ainsi, en répétant quotidiennement certains gestes, Mai en vient à exulter son angoisse existentielle. En lisant le livre, j’ai ressenti l’expérience sensorielle que vit Mai. Elle est amenée à sentir les parfums de la menthe ou de la sauge, à manger des oeufs frais, à respirer l’air frais de la montagne, à observer les couleurs vivantes des éléments de la nature comme les dragons d’argent. Ce retour aux sources semble permettre à Mai de découvrir l’essentiel et la simplicité et à apprendre à cheminer dans les difficultés de la vie en ayant conscience de l’importance de la simplicité du quotidien.
J’ai bien aussi apprécié la manière dont la grand-mère communique sa perception de la mort à Mai, car sa petite-fille est angoissée par rapport à cet élément. Souvent, enfant, j’étais terrorisée par la mise en terre des cercueils. Et même encore aujourd’hui, je ressens une certaine peur reliée à la mort, car durant mon enfance, on m’a dit que lorsque tu es mort, il n’y a plus rien. Mai reçoit un message plus positif de sa grand-mère et j’aurais aimé y avoir accès enfant.
«Mourir signifie que l’âme attachée au corps s’en détache et devient libre, c’est ce que je pense, en tout cas. J’imagine que c’est un soulagement et une joie pour elle.» ( p. 104)
Et elle mentionne un peu plus loin :
« L’âme ne peut faire l’expérience de la vie qu’à travers un corps, et c’est seulement grâce à ces expériences qu’elle peut grandir. C’est pourquoi vivre en ce monde est une chose inespérée pour elle. Car l’opportunité de grandir lui est donnée.» (p. 106)
J’ai réfléchi à cette façon de percevoir la mort et je crois qu’elle me convient mieux. À cet égard, je commence à apprécier beaucoup plus la littérature japonaise. Je ne ressens peut-être pas d’émotion en lisant des haïkus, mais je ressens des émotions en lisant des romans de ce coin du monde.
En plus, dans ce bouquin, il est question du rôle de la sorcière à notre époque et ce dernier s’avère particulièrement fascinant. Nous sommes loin de l’image hideuse de la sorcière avec son chapeau et son chaudron. Dans ce récit, la grand-mère réussit à amener sa petite-fille à adopter la philosophie de la vie de la sorcière par le biais du recours à la simplicité, à la connaissance des plantes, à la force mentale, à la volonté, à la répétition des tâches anciennes, à l’intuition. En plus, j’ai appris qu’être sorcière, c’est : «S’entraîner à mourir pour vivre pleinement». (p. 105) Magnifique!
Donc, je ne peux que vous recommander cette histoire. Il faut se laisser bercer le temps d’un été par les paroles d’une sage sorcière anglaise vivant au Japon pour apprendre à revenir à l’essentiel et à la beauté de toutes choses. J’ai été très émue par cette relation entre une grand-mère et sa petite-fille. Il importe aussi de citer les autres thèmes du bouquin comme la vieillesse, la transmission du savoir et des valeurs, la quête du bonheur, le désir de revenir à une vie simple dans la nature, etc. Il y a aussi énormément d’amour se déployant au fil des pages et cela fait du bien à l’âme.
Je vais certainement lire le seconde bouquin publié aux Éditions Picquier de Poche de Nashiki Kaho: Les mensonges de la mer.
N’hésitez pas à offrir ce livre en cadeau à votre adolescente. C’est une belle leçon sur la vie, la vie.
Aimez-vous ce type de roman d’apprentissage?
Bien à vous,
Madame lit
Nashiki Kaho. Roman traduit du japonais par Déborah Pierret-Watanabe. Picquier Poche. 2024. 221 p.
ISBN : 978-2-8097-1651-1
Vous avez remarqué une faute dans mon article? Écrivez-moi à lit.madame@gmail.com et il me fera plaisir de la corriger. Je ne suis pas parfaite… et il m’arrive aussi d’en faire. Merci et bonne lecture!!!
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J’ai beaucoup vu ce roman sur les blogs et je crois que les avis sont toujours positifs. Comme toi, je ne suis pas très sensible à la poésie des haïkus mais j’aime beaucoup la littérature japonaise.
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Alors, on partage cette sensibilité ou cette insensibilité. 🙂 Merci!
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je crois qu’il me parlerait beaucoup aussi!
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Oui, c’est bien écrit, les réflexions sont profondes, et les personnages attachants. Merci!
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Le thème des sorcières, vu du Japon en plus, me plaira sûrement beaucoup. Cette couverture est superbe, tu as raison. J’ai hâte de découvrir ce roman d’apprentissage !
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Bonne lecture! C’est un roman d’une très belle sensibilité. Bonne lecture!
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Bonjour Nathalie, j’ai eu la chance de lire ce roman japonais et je l’avais bien aimé ! La relation de la petite fille avec sa grand mère est très joliment dépeinte. Et la nature joue un rôle important. Merci beaucoup de cette belle chronique ! Bonne journée
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Merci Marie-Anne! La relation entre la grand-mère et sa petite-fille est vraiment touchante voire inspirante. J’ai beaucoup appris sur l’importance de la communication. Bonne fin de journée!
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J’apprécie également la sensibilité qui se dégage de la littérature japonaise, tout comme ce ressenti de « pleine conscience ». Les livres que j’ai lus m’ont à chaque fois invitée à ressentir, et je trouve que c’est une expérience forte. Je comprends que tu aies aimé cette approche de la sorcellerie. Je crois que ce roman me plairait beaucoup également.
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Il ne faut pas hésiter alors de plonger dans ce merveilleux univers. C’est une belle expérience sensorielle.
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