Madame lit Un bruit de balançoire de Christian Bobin

Un bruit de balançoire de Christian Bobin
« Je cherche l’adresse d’un nuage. J’ai une lettre pour lui. » (p. 65)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Pour ma seconde participation à l’événement relié aux romans épistolaires organisé par Et si on bouquinait un peu? et moi, je souhaitais lire ce petit bouquin de Christian Bobin aux thèmes sérieux et aux réflexions profondes. Il y a des autrices, des auteurs, seulement avec la puissance de leurs plumes et de leurs réflexions qui peuvent nous entraîner loin, très loin en nous. C’est ce que je ressens en lisant du Bobin. Pour moi, ses livres sont classés dans une catégorie à part. Ils parlent à mon âme, à mes passions, à mes pensées. Il est un oiseau rare dans le ciel de la littérature.
Dans les lettres qu’il adresse à un ami, à un nuage, à un bol, à la poétesse Marina Tsvetaeva, etc., le narrateur cherche à retenir ce qui est en train de s’en aller comme on appelle quelqu’un pour le sauver d’un danger, ou pour tenter d’échapper à l’éphémère. Pour ce faire, le narrateur reçoit un moine errant et poète du XIXe siècle, Ryôkan, afin d’aborder la beauté simple du quotidien et de voir la poésie se cachant dans l’invisible. Tout au long des missives, il aborde l’importance de la lecture, de l’écriture, de la vie, des souvenirs d’enfance, des arbres, des fleurs, de la lumière intérieure, des notes de Bach, pour ne mentionner que ces éléments.
Mes impressions
Lire du Bobin, pour moi, c’est toujours une grande expérience à la fois philosophique et spirituelle. Je note de nombreux passages dans mon cahier de lecture, je ferme les yeux, je m’adonne à la puissance et à la beauté des images soulevées par l’auteur. Je médite. Dans Un bruit de balançoire, Bobin semble dès le départ convier l’instance lectrice à prendre conscience d’une lutte, d’une colère :
« C’est que je crois qu’il est vital aujourd’hui de prendre le contrepied des tambours modernes : désenchantement, raillerie, nihilisme. Ce qui nous sauvera – si quelque chose doit nous sauver – c’est la simplicité inouïe d’une parole. »
Revenir à cette parole, c’est tout d’abord lire et écrire pour éviter de tomber dans le piège des « diables modernes » qui cherchent à nous entraîner dans une spirale infernale de production afin de ne plus être en mesure de « sortir du monde » par le biais de la poésie. Revenir surtout à l’enfant-moi, lui donner un crayon, et lui demander d’écrire des lettres, car il parle le langage du coeur, et c’est ce qu’il y a de plus profond.
Et ces lettres sont des pépites d’or et de lumière pour quiconque cherche un peu de beauté dans le simple fait d’exister.
« La vraie réponse c’est sans doute vivre, simplement vivre sans oublier de jouer. Les anges protègent les châteaux de sable, pas ceux de pierre. » (p. 68)
J’ai aussi apprécié lorsque Bobin parle des livres et de son rapport à la littérature. Par exemple, il mentionne ceci :
« Les livres sont des âmes, les librairies des points d’eau dans le désert du monde. »
Ou encore :
« J’ai aimé les livres pour ce qu’ils étaient, des blocs de paix, des respirations si lentes qu’on les entend à peine. J’ai aimé le silence, la musique et la mort pour ce qu’ils ouvraient en moi, cette clairière dans mon cerveau, ce trou dans les étoiles, un peu de vide. J’ai rejoint l’atelier des berceaux. » (p. 50)
Je ne peux que vous inviter à lire ces merveilleuses lettres. Elles sont un phare dans le désert de ce monde qui ne cesse de courir, d’être pressé, de se terrer dans une automobile ou derrière un cellulaire. Et parfois, il y a un livre de Bobin que nous ouvrons, comme cela, pour essayer de trouver une paix plus grande que soi. Comme il le relève sur l’écriture :
« L’écriture s’enfonce dans le coeur du lecteur comme une aiguille de couturière. » (p. 51)
Laissons l’aiguille de Bobin tisser une toile lumineuse autour de nous pour que notre âme retrouve la paix d’exister grâce « au tremblement d’un pétale quand une goutte de pluie le heurte ». Et si c’était cela vivre ?
Je vous recommande de lire ce roman épistolaire :
- Si vous aimez la plume de Christian Bobin ;
- Si vous avez envie de beauté dans ce monde ;
- Si vous avez le goût de toucher à une âme, ce sera peut-être la vôtre.
J’ai lu Un bruit de balançoire de Christian Bobin dans le cadre de la Lecture de romans épistolaires du 7 au 10 juin 2024 que j’organise avec Et si on bouquinait un peu?
Avez-vous lu ces lettres ? Aimez-vous la plume de Christian Bobin ?
Bien à vous,
Madame lit
Christian Bobin, Paris, Folio, 2023, 90 p.
ISBN : 978-2-07-283242-0
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Bonjour Madame. Merci pour cette belle suggestion de lecture. Je crois que je n’ai jamais lu Christian Bobin mais ce billet me donne envie de tenter l’expérience.
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Il ne faut pas hésiter… sa plume est magnifique. Bonne lecture!
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J’adore la poésie de Christian Bobin ! 😀
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Moi aussi!
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J’aime beaucoup sa plume et ce livre est dans ma PAL. Bonne semaine de lecture à toi.
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Merci et à toi aussi!
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J’ai un beau souvenir mais lointain souvenir de son recueil « Une petite robe de fête » Tu me donnes envie de lire celui-ci.
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Je suis bien contente de l’apprendre! 🙂
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Un très bel hommage à Christian Bobin que j’ai toujours aimé écouter quand il était invité à une émission littéraire. J’aime beaucoup cette phrase que tu cites et où il décrit les librairies comme « des points d’eau dans le désert du monde ».
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Je ne pouvais m’empêcher de la citer… J’aime aussi beaucoup Christian Bobin. C’est un grand poète de l’âme…
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Une fois de plus tu as le don de nous inciter à lire le livre dot tu parles. Je retiens ces mots qui m’interpèlent, le langage du coeur…
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Merci! C’est un petit livre avec beaucoup de sensibilité.
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Bonjour Nathalie, J’ai lu plusieurs livres de Christian Bobin, en particulier « L’Homme Joie » qui m’a tellement plu que je l’ai offert à ma mère. « La Présence Pure » est un autre très beau livre. C’est un écrivain très enrichissant et magnifique. Merci de ce conseil qui donne envie ! Bonne soirée 🙂
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Merci Marie-Anne pour ces autres titres de Bobin. J’ai beaucoup aimé aussi «La Dame blanche» sur la vie d’Emily Dickinson. Un auteur qui a été très prolifique. Je vais certainement continuer à découvrir son œuvre. Bonne soirée!
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Ah oui, « La Dame blanche » était très beau ! Je m’en souviens… Merci, excellente soirée !
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