Madame lit La Chasse-galerie d’Honoré Beaugrand

«– Acabris ! Acabras ! Acabram !….Fais-nous voyager par-dessus les montagnes ! »
Chère Lectrice, Cher Lecteur,
En octobre, les organisatrices du défi Les Classiques, c’est fantastique ont proposé la consigne suivante aux participantes et aux participants :
« Octobre : Chair de poule !
Bouh ! Octobre et l’automne, les soirées plus fraîches et l’amour fou pour les plaids sur canapé… Quitte à frissonner, faisons-le doublement en tournant les pages de textes qui sont là pour nous faire trembler. Romans noirs, récits mystérieux ou lugubres : soyez prévenu·es, la chair de poule s’invitera dans ce mois ! »
Comme les Québécoises et les Québécois aiment frissonner en lisant des histoires, en regardant des films, il n’est pas étonnant de retrouver des personnages comme le diable, le loup-garou, les fous du village et les sorcières dans leurs contes ou leurs légendes. Le surnaturel s’avère un phénomène particulièrement important. D’ailleurs, la légende de « La Chasse-galerie » a su traverser le temps.
Alors, permettez-moi de présenter une légende qui s’est démarquée depuis de nombreuses années : « La Chasse-galerie » (1891) d’Honoré de Beaugrand. Pour mes lectrices et mes lecteurs européens, voici une brève biographie d’Honoré de Beaugrand présentée sur sa page Wikipédia :
« Honoré Beaugrand, né le 24 mars 1848 dans le village de Saint-Joseph-de-Lanoraie (aujourd’hui Lanoraie, Québec), mort le 7 octobre 1906 à Montréal. Journaliste, propriétaire de journaux, homme politique et écrivain, il est l’une des figures marquantes du libéralisme radical dans la province de Québec de la fin du 19e siècle, républicain et anticlérical. Maire de Montréal de 1885 à 1887, il passe à l’histoire à titre d’écrivain (La Chasse galerie) et de fondateur du journal La Patrie. »
Nous pouvons remarquer qu’il a marqué l’Histoire québécoise grâce à ses nombreuses actions tant politiques que littéraires.
La Chasse-galerie
En 1858, dans les chantiers Ross, des bûcherons de Gatineau décident d’embarquer dans un canot d’écorce volant pour aller retrouver leurs belles, pour danser, pour célébrer la veille du nouvel an. Leurs amoureuses sont à cent lieues plus loin. Pour ce faire, ils donnent leurs âmes au diable en établissant un pacte avec lui pour faire la fameuse chasse-galerie. Ils doivent éviter de toucher aux toits des églises et ils ne doivent pas dire de blasphèmes. Il importe qu’ils soient de retour à 6 h le lendemain matin. Ainsi, ils voyagent rapidement durant la nuit et se rendent à la veillée. Ils dansent avec les filles, ils boivent. Au retour, Baptiste Durand, le chef de l’expédition, a beaucoup trop bu. Il est bâillonné et attaché dans le fond du canot. Cependant, alors qu’ils étaient presque arrivés, Baptiste se détache et fait basculer le canot. Les huit se retrouvent dans la neige et s’endorment. Au matin, des bûcherons les ont ramassés et ils sont de retour dans le camp et ils ont toujours leurs âmes.
Mes impressions
Bien entendu, j’ai travaillé à quelques reprises cette légende lors de mes études littéraires. Je voulais en parler, car elle met en opposition le bien et le mal, l’interdiction puis la transgression. Ce que j’aime de cette dernière, c’est le droit à l’erreur. Souvent, avec le clergé dominant l’époque, le péché était punissable. Les personnages sont la plupart punis pour avoir péché. Ici, nos bûcherons vont retrouver des filles alors qu’ils ne sont pas mariés (ils minimisent le sacrement du mariage), ils boivent beaucoup trop et surtout, ils pactisent avec le diable. Le salut de leur âme éternelle est compromis. Ainsi, cette légende, en faisant en sorte que nos bûcherons ne connaissent pas une fin si terrible, car ils n’ont pas transgressé les conditions imposées par le diable, est originale. S’ils chutent dans la neige en revenant, c’est parce que Baptiste Durand est saoul. D’ailleurs, le début du dernier paragraphe illustre bien la philosophie de la légende.
« Tout ce que je puis vous dire, mes amis, c’est que ce n’est pas si drôle qu’on le pense que d’aller voir sa blonde en canot d’écorce, en plein coeur d’hiver, en courant la chasse-galerie : surtout si vous avez un maudit ivrogne qui se mêle de gouverner. Si vous m’en croyez, vous attendrez à l’été prochain pour aller embrasser vos p’tits coeurs, sans courir le risque de voyager aux dépens du diable ».
Le diable n’est pas présent, mais il hante les bûcherons. À cette époque, les Québécoises et les Québécois avaient une peur bleue du diable. Les prêtres n’hésitaient pas à jouer avec cette peur. D’ailleurs, la Bible possède son lot de Belzébuth, d’ange déchu, de diable, d’enfer, etc.
J’ai lu la légende de « La chasse-galerie » dans le cadre du défi Les Classiques, c’est fantastique créé par Moka et Fanny. Si vous voulez entendre cette légende mise en chanson, voici la magnifique version du grand Claude Dubois.
Connaissiez-vous cette légende ?
Bien à vous,
Madame lit



Bonjour Nathalie, je ne connaissais pas du tout cette légende québécoise ni son auteur, merci de cette découverte ! Moi aussi je suis actuellement dans une lecture assez horrifique et un classique également : Frankenstein de Mary Shelley. Il y a des références au démon, tout pareil. Des lectures qui vont bien avec Halloween 🎃 😀 Bonne soirée à toi 🎇
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai lu il y à plusieurs années le célèbre livre de Marie Shelley. Quelle autrice! Je suis bien heureuse de partager avec vous un peu de ma culture québécoise! Bonne soirée!!!
J’aimeAimé par 1 personne
Merci pour cette découverte ! Comme toi, j’aime l’idée d’une fin heureuse dans cette jolie légende.
J’aimeAimé par 1 personne
On se comprend! Dans ce cas, c’était une façon de piquer le clergé. 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup pour cette découverte. Tant de pépites québécoises à découvrir.
J’aimeAimé par 1 personne
C’est vrai que nous possédons de merveilleuses pépites et il faut les faire connaître et ou les découvrir. Merci!
J’aimeJ’aime