Madame lit Lune froide sur Babylon de Michael McDowell
« Les morts ne font pas bon ménage avec les vivants ». (p. 156)
Chère Lectrice, Cher Lecteur,
J’ai reçu en cadeau, je crois pour Noël, Lune froide sur Babylon de Michael McDowell de la part des Éditions Alto. J’étais bien heureuse, car j’avais lu Katie de cet auteur et j’avais trouvé l’action très bien développée. En plus, les couvertures sont un vrai régal pour les yeux. Encore une fois, je suis sortie de ma zone de confort avec cette lecture. Je trouve que l’auteur a bien raison lorsqu’il mentionne :
« L’horreur est l’un des meilleurs moyens d’exprimer, de dire qu’il y a des choses, là-dehors, des forces, des vibrations, qui sont purement et simplement malveillantes. Elles frappent sans prévenir, elles frappent sans raison, elles frappent sans qu’on soit capable de faire quoi que ce soit contre elles.» (p. 459)
Lune froide sur Babylon
Que se passe-t-il sur les bords du Styx dans la petite ville de Babylon, en Floride, aux États-Unis, alors que des personnes sont retrouvées sans vie ? D’abord, le couple Larkin est mort tué par des morsures de serpents en allant pêcher. Bien des années plus tard, en 1980, c’est sa fille, Margareth, qui est tuée et jetée dans le Styx attachée à son vélo. Son corps est lacéré. Le shérif mène son enquête auprès du frère de l’adolescente, Jerry, qui a fait la macabre découverte avec un pêcheur, et de la grand-mère, Evelyn, de Margareth. Cette dernière croit que sa petite-fille a été assassinée par le directeur de la banque, Nathan. Puis, les morts s’enchaînent… Qui est empreint de pulsions aussi assassines ? À Babylon, la lune veille, la lune guide, la lune ensorcelle…
Mes impressions
Je dois dire que dans cette histoire, j’ai retrouvé tous les éléments tributaires de l’étrange étrangeté. D’abord, les crotales, ces bêtes terribles arpentant le sol, qui sifflent pour aviser leurs victimes. Puis la lune qui ne cesse d’hypnotiser par sa puissance et d’éveiller les pulsions du tueur. Ensuite, il y a les morts qui hantent les vivants et les lieux hantés. L’élément m’apparaissant le plus fascinant s’avère les eaux noires du Styx. Ces eaux sont décrites en mettant l’accent sur l’inconnu, sur l’étrange, sur la possibilité qu’elles soient habitées par une chose.
« […], les eaux noires, un peu en aval du pont, se mirent à osciller de telle manière que cela ne pouvait être dû ni aux écrevisses ni aux brèmes.
L’onde alla d’abord dans un sens, puis dans l’autre, mais sans s’agiter, changeant son flux calmement et méthodiquement. Puis l’altercation cessa. De manière lente et délibérée, l’eau se mit à tourbillonner, formant graduellement une dépression singulière, un petit entonnoir à la surface de la rivière. Ce trou noir dans l’ombre noire du pont ne réfléchissait rien. » (p. 139-140)
La description des eaux du Styx continue encore… Elle s’avère très longue. Le vide ou le néant associé aux eaux entraîne l’instance lectrice dans un monde dirigé par des forces surnaturelles, voire diaboliques. Le Styx (l’un des fleuves des Enfers dans la mythologie grecque) est l’endroit où les corps des morts sont pour la plupart retrouvés. Les eaux charrient le Mal. Le recours à cette thématique permet à l’auteur de créer un doute chez l’instance lectrice. Les eaux noires transportent des têtes de mort, des cadavres et elles sont habitées par des éléments menaçants, terrifiants comme les serpents. Les eaux sont une magnifique façon de jouer avec nos peurs les plus profondes, car elles cachent l’inconnu et ce dernier peut être malsain.
Comme dans Katie, un personnage est habité par des pulsions meurtrières très fortes et il va même jusqu’à profaner les tombes des personnes qu’il a tuées pour des motifs associés à l’argent. Même s’il est riche, il en veut toujours plus. Il est aveuglé par la lune et par l’argent.
Le chapitre 37 est particulièrement réjouissant avec ses descriptions macabres. Et il y a une lune menaçante dans ce dernier qui prend toute la place.
« La lune, énorme, monotone et d’une incandescente stupéfiante, flottait au-dessus du cimetière. Avec quelque chose d’aussi brillant et d’aussi proche, Nathan avait l’impression qu’il aurait dû brûler, mais il ne ressentait qu’un froid pénétrant lui parcourir les épaules et un picotement moite lui hérisser la nuque.
Il essaya de s’habituer à cet éclat. Ce n’était pas exactement une lumière ou même une lumière intense, c’était plutôt comme si le paysage avait l’apparence d’une photographie surexposée. Devant lui, les cénotaphes et les tombes étaient d’une blancheur éblouissante et indifférenciée, tandis que les arbres, l’herbe, les buissons et la terre, qui auraient dû être noirs dans la nuit, étaient d’un gris palpitant moucheté d’ombre. Dans son dos, la lune, glaciale et immense, conférait une phosphorescence dense et primaire à tout. Seul son propre corps restait encore dans le noir. » (p. 350)
Lorsque j’étais adolescente, je lisais beaucoup de romans de Stephen King et j’aimais particulièrement être transportée dans des univers terrifiants avec des personnages représentant le Mal, parfois, dans ce qu’il a de plus terrible comme dans Ça, Salem, Misery, Cimetière, Carrie, etc. Je raffolais des histoires morbides et j’adorais être déstabilisée dans mes croyances et dans mes peurs. Je dois avouer qu’avec Lune froide sur Babylon, j’ai retrouvé ce sentiment d’inquiétante étrangeté jubilatoire.
Aussi, l’auteur excelle à mettre en opposition des familles (riches/pauvres) créant ainsi une tension chez l’instance lectrice. Dans Lune froide sur Babylon, les propriétaires d’une bleuetière, les Larkin, et les banquiers locaux, les Redfield, sont placés dans une dynamique conflictuelle. L’une n’a rien, l’autre a tout. Cette dualité permet de mettre en opposition les classes sociales américaines. La première est presque au bord de la faillite, tandis que l’autre manipule l’argent.
Par ailleurs, ce roman est un véritable page-turner. J’ai eu de la difficulté à lâcher l’histoire. Il faut dire que les émotions primaires de la lectrice ou du lecteur sont sollicitées. Je peux citer la peur, la colère, le dégoût, la surprise.
Je vous recommande cette histoire :
- Si vous aimez les romans d’horreur ou fantastiques
- SI vous souhaitez découvrir ou poursuivre vos lectures de l’œuvre de McDowell
- Si vous voulez lire une histoire où l’ambiance morbide s’avère très réussie
Aimez-vous les histoires terrifiantes ?
Bien à vous,
Madame lit
Michael McDowell, traduit de l’anglais par Gérard Coisne et Hélène Chartrier, Québec, Alto, 2024, 457 p.
ISBN : 978-2-89694-671-6
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Bonjour Nathalie, c’est drôle que tu présentes un roman d’horreur aujourd’hui car j’ai lu justement un livre de Stephen King ces derniers jours « Écriture mémoires d’un métier » qui explique ses procédés et techniques littéraires. Malgré cela je ne suis pas très fan de ce genre horrifique qui me donne des cauchemars 😱👻🥺 Merci de cette présentation et bonne semaine à toi 🙏 😄❄️✨️🌟
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Bonjour Marie-Anne, j’ai ce livre de Stephen King dans ma bibliothèque, mais je ne l’ai pas encore lu. Je l’ai trouvé dans une librairie de livres usagés. Merci pour ton commentaire! Bonne semaine! 🙏🏻🪅🙂❄️
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Alors j’espère qu’il te plaira ! Il est sûrement moins horrifique que les autres livres de S.King. Bonne journée !
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Merci!!! 🙂😉
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La littérature horrifique n’est pas du tout ma tasse de thé mais je suis ravie de voir que tu as trouvé avec Michael McDowell un auteur qui ne te déçoit pas !
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Ce n’est pas habituellement ma tasse de thé, mais cet auteur a un petit quelque chose. Dommage qu’il soit décédé..Bonne fin de journée!!! 🙂🙏🏻
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Je suis très intrigué par cet auteur dont tu parles. Je pense aussi à Stephen King car je n’ai lu qu’un livre de cet auteur, celui consacré au meurtre de Kennedy…
Peut-être que tu pourrais me donner des titres de Stephen King…
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Le premier qui me vient en tête est Ça. Et après, Misery. Merci pour ton commentaire! Bonne lecture!
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J’ai attendu d’avoir terminé « Lune froide sur Babylon » et d’en avoir écrit mon retour (qui est encore dans mes brouillons, il faut que je le relise) pour lire ton avis. Et je te rejoins grandement quant à ton ressenti ! C’était véritablement un page-turner. On commence relativement tranquillement avant de ne plus pouvoir décrocher de cette lecture !
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Je suis contente de l’apprendre ! Merci d’être revenue partager ton ressenti avec moi. Je l’apprécie beaucoup !
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