
« J’ai 37 ans. J’ai 37 ans et je pense que j’aurai pas d’enfant. J’ai pas dit que j’en veux pas. J’ai dit que j’en aurai pas. »
Chère Lectrice, Cher Lecteur,
J’ai décidé d’emprunter deux livres à la bibliothèque municipale de Catherine Gauthier après avoir lu une chronique chez Moka sur le roman graphique Je pense que j’en aurai pas. Dans ce dernier, il est question de la nulliparité (le fait de ne pas accoucher durant sa vie). Ce thème me parle beaucoup, car je n’ai pas réussi à avoir d’enfant. D’ailleurs, ce dernier est une auto-fiction, puisque l’autrice relate sa propre expérience. Anne-Frédérique Hébert-Dolbec, dans un article pour Le Devoir, mentionne ceci après avoir interviewé Catherine Gauthier:
« Catherine Gauthier aura 40 ans dans quelques mois. Elle n’a pas d’enfant. Elle n’en aura pas. Ce n’est pas complètement son choix. Ce sont les circonstances de la vie qui lui imposent cette décision ; une décision avec laquelle elle est désormais en paix. »
Il me semble que cette autrice et moi avons énormément de points en commun, comme ces fameuses circonstances de la vie.
Tout d’abord, qui est Catherine Gauthier ? Selon les Éditions XYZ :
« Originaire de la Montérégie, Catherine Gauthier vit à Montréal, entourée de ses chats et de beaucoup trop de plantes. Graphiste et illustratrice, sa véritable passion reste le dessin. Toujours en exploration, elle aspire à pousser toujours plus loin la qualité de son coup de crayon. Son besoin de créer est nourri par son désir de coucher sur papier le fruit de ses introspections. Elle construit sa mythologie personnelle à coup de symboles, de phrases choisies et de silences. »
Alors, dans cet article je vais aborder Je pense que je n’en aurai pas et Petit carnet de solitude.
Je pense que j’en aurai pas
Plusieurs portraits de femmes sont présentés, dont celui de l’autrice, pour parler du thème de la maternité et de la non-maternité subie. Catherine vient de fêter son anniversaire ; elle a 37 ans, l’âge limite qu’elle s’est imposée pour avoir un enfant. Elle n’a pas rencontré son prince charmant. Elle s’interroge alors sur : « Peut-on être femme sans avoir d’enfant ?». À travers son histoire et celles d’autres femmes relatées sous la forme de témoignages, l’autrice relève, entre autres, ce qu’est une femme sans être une mère dans notre société qui ne cesse d’interpeller le sexe féminin sur : « C’est pour quand ? » . Bien sûr, il y a les femmes qui deviennent mères très tôt, il y en a d’autres qui ont trop attendu et pour qui il est trop tard, il y a celles qui n’ont tout simplement pas rencontré la bonne personne pour fonder une famille.
Ainsi, chaque chapitre est séparé par un témoignage d’une femme n’ayant pas eu d’enfant. J’ai été très touchée par ces derniers, car j’ai moi aussi dû vivre le deuil de la maternité. Est-ce qu’on réussit vraiment à le faire ? Comme le remarque Monique, dans son témoignage :
« Ça ne l’empêche pas de rêver encore aux enfants qu’elle n’a pas eus. Un garçon et une fille. Ils ont chacun un prénom, les cheveux noir de jais de sa jeunesse et le nom de famille de son mari actuel. Elle leur prête l’allure et parfois le visage des passants qu’elle rencontre. « Le chagrin s’atténue, conclut-elle, le regard embué, mais ce désir-là ne s’éteindra jamais. ». (p. 77)
Encore aujourd’hui, à mon âge, je me dis que ce n’est pas possible, qu’un jour, j’aurai un enfant. Puis la réalité. C’est douloureux, c’est un long silence sans fin, c’est un désespoir qui sommeille, là. Il se terre en soi. On ne guérit pas, on apprend à vivre sans c’est tout.
Est-ce qu’il y a une bonne décision par rapport à la maternité ? L’autrice nous fait réaliser que non. Il n’y a que des situations et que parfois, elles sont douloureuses. La non-maternité apparaît beaucoup plus compliquée et elle semble habillée de différents visages. Il y a énormément de préjugés autour de cette dernière. Je peux en témoigner.
Et que dire du coup de crayon de l’autrice ? Il s’avère empreint de délicatesse, de mélancolie, de vérité. Comme elle le mentionne :
« Comme je dessine au crayon de plomb, ça a nécessité des heures et des heures de travail. » Les images aux teintes gris-noir, d’une précision émotionnelle et technique saisissante, reflètent toutes les subtilités et la délicatesse du sujet. »

Ce roman graphique a d’ailleurs remporté le prix de la critique de la BD québécoise 2024.
Merci à l’autrice d’avoir présenté cet ouvrage. J’en avais besoin…
Petit carnet de solitude

Une jeune femme vit une peine d’amour. Pour ce faire, elle remonte dans son enfance, explique qu’elle était une fille « ben ordinaire », seule. Il y a son adolescence, où il est question, entre autres, d’ouverture à l’autre. Cependant, la solitude est toujours présente. Puis, il y a lui, le premier à lui briser le cœur, celui qu’il faut taire malgré la douleur.
« Souhaiter être brisée comme au cinéma.
Ne plus manger. Ne plus me lever. Me teindre en blonde. Perdre 10 lb. Écouter la même chanson en boucle.
Mais non. Être une bonne fille. Faire acte de présence. »
Doit-elle vivre pleinement sa peine ou doit-elle la refouler ? La vie continue et il faut sourire.
Et il y a les autres, une hirondelle de passage, des aventures d’un soir, sans oublier les fantômes vivant en soi. Mais il y a le désir de toujours recommencer, de poursuivre son chemin. Ainsi va la vie qui va…
Qui n’a pas vécu de peine d’amour ? Thème universel, oui, mais personnel aussi. Chaque personne vit comme elle peut sa première peine d’amour. La mienne a été terrible, un peu comme celle de la narratrice. J’ai voulu mettre de côté les signes, car j’ai voulu y croire, comme la narratrice, pour vivre un instant, heureuse.
Je vous recommande ces deux romans graphiques si :
- Vous souhaitez découvrir le merveilleux coup de crayon de Catherine Gauthier
- Les thèmes de la non-maternité, de la peine d’amour vous parlent
- Vous voulez relaxer avec un ou deux bons romans graphiques
Aimez-vous les romans graphiques ? Que pensez-vous de ceux suggérés ?
Bien à vous,
Madame lit
Catherine Gauthier, Montréal, Quai n.5, 2023, 130 p.
ISBN : 978-2-89772-449-8
Catherine Gauthier, Montréal, Station T, 2021.
ISBN : 978-2-925001-08-9
Vous avez remarqué une faute dans mon article ? Écrivez-moi à lit.madame@gmail.com et il me fera plaisir de la corriger. Je ne suis pas parfaite… et il m’arrive aussi d’en faire. Merci et bonne lecture !!!
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Ces dessins sont d’une précision incroyable ! Les sujets abordés sont sensibles et visiblement bien traités, je note ces deux albums que je n’ai pas lus.
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Les dessins sont effectivement d’une beauté et d’une justesse remarquables. Je suis convaincue que les thèmes soulevés peuvent rejoindre plusieurs personnes. Merci!!!🙏🏻
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Bonsoir Nathalie, ce roman graphique sur la non-maternité me parait très touchant. Tout comme l’écrivaine, je n’ai pas d’enfant… C’est ainsi. Le regard de la société ne m’intéresse pas beaucoup, chacun fait ce qu’il veut ou peut. La vie est plus compliquée qu’on ne le dit. Bonne soirée à toi !
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Oui, la vie est plus compliquée et les circonstances sont propres à chacune. C’est une lecture très touchante et elle porte à réfléchir. Merci et bonne soirée !
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Moka m’avait également donné très envie de lire ce livre qui semble aussi beau que touchant. Tes mots le sont également.
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Merci… c’est très gentil. Je suis touchée. Bonne soirée.
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Un joli billet pour un sujet qui me semble encore tabou, à la fois concernant les femmes qui ne veulent pas d’enfants et celles qui ne peuvent pas. J’ai envie de découvrir l’autrice.
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Oui. Les relations mettent tellement de pression sur les femmes par rapport à la maternité que cela devient difficile pour celles qui ne peuvent pas ou qui ne veulent pas avoir d’enfants. J’avais besoin de ce livre… Bonne découverte et merci!
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