Madame lit Eugénie Grandet de Balzac

« Financièrement parlant, monsieur Grandet tenait du tigre et du boa : il savait se coucher, se blottir, envisager longtemps sa proie, sauter dessus ; puis il ouvrait la gueule de sa bourse, y engloutissait une charge d’écus, et se couchait tranquillement, comme le serpent qui digère, impassible, froid, méthodique. »
Chère Lectrice, Cher Lecteur,
Pour terminer la saison 5 du défi organisé par Moka Les classiques c’est fantastique, la consigne est la suivante :
« Mai : 5 ans ? On fait le bilan !
Pour le bilan de cette 5e saison classique, nous sortirons des cadres nous offrant un treizième mois. Pour le mois de mai, à vous de fouiller un peu dans les bilans des saisons 1 à 5 (liens ci-dessous) pour choisir une lecture en lien avec un ou des thèmes déjà tombé·s ces dernières années. Une belle manière de se souvenir, ensemble, des rendez-vous et temps forts qui ont marqué ces fantastiques années classiques. »
Comme je n’avais pas participé à la saison 1, je suis allée jeter un coup d’œil aux éléments littéraires proposés pour faire mon choix. Alors, j’ai jeté mon dévolu en octobre de la saison 1 où il était question d’une bataille entre Flaubert et Balzac. Comme j’avais Eugénie Grandet de Balzac dans ma bibliothèque depuis un certain temps, je me suis dit que j’allais enfin découvrir ce récit du XIX siècle.
Eugénie Grandet de Balzac
La famille de Félix Grandet vit à Saumur, un petit village français, en 1819. Le père Grandet, un avare, refuse que sa fille Eugénie épouse celui qu’elle aime, son neveu, Charles, car il est sans sous. Ce dernier est venu de Paris, car son père est ruiné. Le père de Charles se suicide peu après l’arrivée du fils à Saumur. Confronté au refus de son oncle de lui donner la main d’Eugénie, Charles part aux Indes pour tenter de faire fortune. Eugénie, avant son départ, lui donne l’or qu’elle a reçu en cadeau de son père. Son père s’en rend compte et il la punit. Eugénie va rester fidèle à son amour perdu même si Charles épouse une autre femme qu’il rencontre sur le bateau lors de son retour en France. Une nouvelle destinée se trace alors pour Eugénie sous le signe de l’argent.
Mes impressions
J’avoue que j’ai beaucoup apprécié ce roman qui met en opposition deux personnages très dissemblables. À cet égard, mon plaisir en tant que lectrice a été relié au père Grandet et à Eugénie dont les personnalités sont très différentes. En ce qui concerne Eugénie, l’instance lectrice remarque le côté très romantique de cette dernière relié au courant de l’époque (le romantisme). Elle incarne la vertu religieuse et la fidélité tandis que son père se définit par son avarice. Il adore son or et son argent. Même ses traits physiques sont associés à l’or :
« Les avaricieux en avaient une sorte de certitude en voyant les yeux du bonhomme, auxquels le métal jaune semblait avoir communiqué ses teintes. » (p. 17)
Grandet, il ne faut pas se le cacher, représente l’ascension de la bourgeoisie provinciale au détriment de la monarchie. Il est calculateur, rationnel, possédé par son amour de l’argent. Ce dernier conditionne sa vie; il apparaît comme sa religion.
En créant cet univers provincial dominé par l’argent de Grandet, Balzac peint une critique sociale du bourgeois.
Eugénie, femme vertueuse et romantique, aime son cousin d’un amour pur. Elle vit pour ses deux amours qui finissent par se fusionner : dieu et Charles.
« […] ; elle ne pouvait exister que par l’amour, par la religion, par sa foi dans l’avenir. L’amour lui expliquait l’éternité. Son cœur et l’Évangile lui signalaient deux mondes à attendre. Elle se plongeait nuit et jour au sein de deux pensées infinies, qui pour elle peut-être n’en faisait qu’une seule. » (p. 195)
Ainsi, à la campagne, Eugénie, offre l’image d’une sainte et elle apparaît comme indissociable de la Vierge Marie.
« Avant la venue de son cousin, Eugénie pouvait être comparée à la Vierge avant la conception; quand il fut parti elle ressemblait à la Vierge mère : elle avait conçu l’amour. Ces deux Maries, si différentes et si bien représentées par quelques peintres espagnols, constituent l’une des plus brillantes figures qui abondent dans le christianisme. » (p. 157)
De plus, Eugénie représente le monde des émotions (elle attend 7 ans un amoureux qui ne reviendra même pas vers elle). Elle a des défis à relever par rapport à l’amour. Elle apparaît persévérante et elle se sacrifie. C’est le personnage qui m’a le plus captivé en raison de cet amour qu’elle ressent pour son cousin et qui est indéfectible. Elle croit en l’inaltéré de la parole de Charles. Sa richesse relève non pas de la fortune de son père, mais des petits cadeaux offerts par Charles. Pauvre petit cœur qui est malmené dans cette histoire. Elle semble si éloignée de son père dont le monde s’avère conditionné par la rudesse et la rationalité. Il est calculateur, insensible, terrifiant et égoïste. Son dieu ou son diable est l’argent.
Cependant, les personnages tentent à leur manière d’être heureux. Leur quête s’avère intemporelle.
Alors, j’ai bien apprécié ma lecture ! Balzac a le don de jouer avec ses personnages en les mettant en opposition. Son roman Eugénie Grandet semble une œuvre riche remplie d’intrigues s’emmêlant pour démontrer la vie provinciale de l’époque.
Je vous recommande cette lecture pour toute sorte de raisons :
- Parce que c’est un classique et que c’est du Balzac
- Pour découvrir des personnages hauts en couleur dont le père au cœur de granit
- Pour l’avarice et ses travers
J’ai lu Eugénie Grandet dans le cadre du défi Les Classiques, c’est fantastique organisé par Moka.
Aimez-vous les romans de Balzac ? Avez-vous lu Eugénie Grandet ?
Bien à vous,
Madame lit
Eugénie Grandet
Honoré de Balzac, Paris, Classiques Français, Bookking International, 1993, 220 p.
ISBN : 2-87714-129-2
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Merci pour cette chronique. Je suis ravie que tu sois allée explorer les thèmes de cette première saison, point de départ d’une fabuleuse routine littéraire ! Prête pour une saison 6 ?
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Je suis prête pour la saison 6! J’ai hâte au dévoilement des thèmes! 🙂 Merci pour l’organisation de ce défi qui est très enrichissant pour moi!!!
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Ils sont enfin en ligne ! Go ! Go ! Go ! (Merciiii!)
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J’ai de grosses lacunes avec Balzac : il n’a pas été au programme de mes lectures scolaires, et ayant tenté de le lire de moi-même, cela avait été un échec… j’ai lu Le père Goriot il y 2/3 ans, et j’ai beaucoup aimé, mais il faudrait que je réitère, pourquoi pas avec ce grand classique qu’est Eugénie Grandet ?
Ingannmic (https://bookin-ingannmic.blogspot.com/)
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Je n’ai pas beaucoup lu Balzac… mais je recommande certainement Eugénie Grandet. Grâce aux personnages, il est bien réussi!
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Bonjour Nathalie, j’ai lu Eugénie Grandet quand j’avais une vingtaine d’années et l’avais beaucoup aimé. Je me souviens de l’opposition entre le père avare et froid et la fille généreuse et sentimentale. Un beau roman ! Merci de m’avoir rappelé ce bon souvenir de lecture ! Bonne journée
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Au plaisir Marie-Anne! Merci et je te souhaite une belle semaine! 🌷🌞🌷
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Encore un classique que je n’ai pas lu mais me voilà tentée !
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Je suis bien contente de l’apprendre! 🙂
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J’ai abandonné Balzac depuis un moment car j’avais vraiment du mal avec lui. Il faudrait tout de même que je retente un jour car j’ai pu évoluer depuis.
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Chaque livre possède ses particularités et il faut attendre le bon moment pour le lire. Balzac fait partie de ces écrivains qu’il faut lire non pas par obligation mais pour le plaisir! 🙂 Merci!
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Bonjour! J’ai dû le lire durant mes études, celui-ci… ce qui ne nous rajeunit pas. 🙂
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C’est bien vrai! On ne rajeunit pas et les
livres nous le rappellent! 😉Merci!!!
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Tu me donnes envie de relire Balzac, avec ce titre ou un autre (car la religion d’Eugénie me fait un peu peur…).
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De toute façon, tu as le choix avec Balzac. Merci pour ton commentaire! 📖🙂
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Très bonne idée de chroniquer Balzac et ce livre dont j’ai fait la lecture il y a déjà bien longtemps. J’avais relu quelques livres de Balzac il y a deux ans à l’occasion d’une Quinzaine Balzacienne, et cela avait été avec grand plaisir.
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Merci Patrice! C’est toujours un plaisir de retrouver Balzac. Ses personnages ont un petit quelque chose d’inoubliable…
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